Chronique armée-défense
Dans deux jours a lieu l’élection présidentielle américaine. Gros plan sur les options des candidats en matière de sécurité, de défense. Des programmes qui ne paraissent pas si éloignés que cela.
La plupart des observateurs en conviennent : le changement n’est pas fondamental entre les deux hommes sur le plan de la sécurité. Il ne joue qu’à la marge. Et dans des postures parfois à contre-pied. Ainsi, John McCain, drapé dans son « patriotisme » de vétéran de la guerre du Vietnam, toujours prêt à se battre à nouveau pour son pays, fait bien sûr figure de « faucon » de service.
Mais Barack Obama, s’il a toujours préconisé un retrait échelonné d’Irak, jugeant cette guerre « illégale », a été beaucoup moins explicite ces dernières semaines, sans doute pour ne pas s’aliéner les électeurs modérés. Et il a toujours été très volontariste sur l’engagement en Afghanistan, qu’il faut selon lui renforcer, et élargir - au risque de se retrouver en porte-à-faux avec certains de ses alliés européens.
Beaucoup considèrent qu’il s’agit donc avant tout de différences de tempérament, les deux candidats se retrouvant par exemple dans leur volonté de maintenir un outil de défense capable de dissuader de grandes puissances montantes comme la Russie ou la Chine.
En revanche, quel qu’il soit au final, le nouveau président abordera une ère de budgets militaires réduits : d’abord parce qu’on a atteint sous l’administration Bush des sommets inconnus depuis la fin de la Guerre froide ; ensuite parce qu’en dépit de ce budget écrasant - plus de 650 milliards de dollars pour tout l’exercice 2008-2009 - le Pentagone a eu du mal à boucler le financement de sa double guerre en Irak et en Afghanistan, tout en engageant les grands programmes d’armement du futur ; enfin, parce que la crise financière est passée par là : les budgets défense vont s’en ressentir, aux Etats Unis comme ailleurs.
En tout cas, au Pentagone, on se prépare à devoir faire des choix
Et comme il paraît difficile actuellement de rogner sur les effectifs des Gi’s ou des Marines, très sollicités sur plusieurs fronts, il faudra continuer de tailler plutôt dans les budgets de l’US Navy et de l’US Air force, qui ont déjà réduit leurs personnels, mais devront faire des économies également dans leur équipement. Certains programmes de nouveaux systèmes d’armement, particulièrement voraces, seront étalés, différés, voire franchement suspendus.
Dans l’immédiat, après l’annulation du marché sur le renouvellement de ses avions-ravitailleurs, le Pentagone a pris prétexte d’une modification mineure de l’appel d’offres pour reporter également son choix d’un fournisseur pour le remplacement de sa flotte d’hélicoptères de reconnaissance : décisions renvoyées au nouvel exécutif, qui aura à se prononcer également à partir de janvier sur la nouvelle stratégie à adopter en Afghanistan, la situation en Irak et l’accord sur le maintien de bases américaines, sur les autres « dossiers chauds » : Iran, bouclier antimissile, Géorgie-Ukraine, Syrie-Liban, Israël-Palestine, Pakistan.
Dans l’intervalle, le même Pentagone se prépare à gérer une transition de deux mois et demi, considérée comme une période de « vulnérabilité » politique et finalement sécuritaire, dont les ennemis des Etats-Unis pourraient vouloir profiter : d’où un « état d’alerte élevé », reconnaît-on à Washington.
par Philippe Leymarie
[02/11/2008]
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