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Chronique armée-défense

« Bouclier or not Bouclier ? »

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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« Iskander » : c’est la parade trouvée finalement par les autorités russes, exaspérées par l’insistance de l’exécutif américain à vouloir installer des rampes et radars à proximité des frontières russes - et par la complaisance des gouvernements polonais et tchèque, qui ont accepté de les héberger.

Ces missiles Iskander sont des engins de moyenne portée - quelques centaines de km - capables selon le président Medvedev de « neutraliser » le bouclier anti-missile américain « en cas de nécessité », précise le numéro un russe : des engins rapides, à guidage satellite, à tête de pénétration conventionnelle ou nucléaire - beaucoup plus efficaces que les fameux « Scud » tirés par les Irakiens durant la guerre du Golfe, dont ils sont un peu les successeurs.

L’autre volet spectaculaire de cette réplique russe - formulée au cours du premier « discours à la nation » de Dimitri Medvedev, quelques heures après l’élection d’un nouveau président aux Etats-Unis - c’est le lieu de déploiement de ces batteries : l’enclave russe de Kaliningrad, l’ancienne grande base soviétique sur la Baltique, frontalière de la Pologne et de la Lituanie. Ce qui est aussi un message aux pays Baltes, si prompts à avoir rejoint l’Alliance atlantique. Tout comme l’intervention militaire en août en Géorgie, au profit des enclaves d’Ossétie et d'Abkhazie, aura été un message aux nations du Caucase, tentées de rallier le parapluie de l’Otan.

Tout cela s’ajoutant à une série de gesticulations militaires ces derniers mois : l’annonce de l’installation de bases militaires dans le Caucase, d’un accord de défense aérienne avec la Biélorussie, des mouvements d’escadres navales en mer Noire, en Méditerranée, en mer du Nord et dans l’Atlantique et bientôt en mer des Caraïbes et dans l’océan Indien. Mais aussi de la reprise de patrouilles de bombardiers stratégiques. Bref, des forces russes qui sont « de retour », en voie de réorganisation et de modernisation, après une succession d’années difficiles.

Pour faire bonne mesure, le président russe a menacé de « brouiller », également depuis Kaliningrad, les équipements du « bouclier » américain et a décidé de  maintenir en activité des batteries de missiles dont le démontage était programmé à Kozelsk, à 200 km de Moscou.

« Malheureusement, on ne veut pas nous écouter ! », s’est justifié le numéro un russe, qui ne se contente pas des offres successives de Washington de laisser par exemple inspecter leurs futures installations du « bouclier ». Il ne supporte pas plus cette extension constante de l’Otan en direction de l’Est, jusqu’aux marches de l’ancien « empire » soviétique et il accuse par exemple Washington d’avoir utilisé le conflit  dans le Caucase pour introduire dans la mer Noire des bateaux de guerre de l’Otan, qui n’avaient rien à y faire.

Difficile encore de discerner la part du « politique » dans ces annonces ou gesticulations russes. Mais voilà en tout cas une première pierre dans le jardin diplomatique du nouveau - mais encore virtuel - président Obama qui devait s’attendre à être ainsi « testé » dès ses premiers pas à la tête de « l’Empire ».


par Philippe  Leymarie

[09/11/2008]

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