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Irak

Le géant américain du BTP Bechtel plie bagages

Le numéro un américain du bâtiment engagé dans la reconstruction de l’Irak annonce son départ après trois ans de présence sur le territoire irakien. La détérioration des conditions de sécurité est l’élément fondamental dans la décision du groupe. Cinquante-deux de ses employés ont été tués et 49 autres blessés depuis son arrivée dans le pays en 2003.

Le géant du BTP Bechtel avait en charge le chantier du retraitement des eaux usées de Bagdad (photo). 

		(Photo: AFP)
Bechtel avait notamment pris en charge le chantier du retraitement des eaux usées de Bagdad.
(Photo: AFP)

Aux Etats-Unis, la nouvelle a été largement évoquée dans la presse. Une des plus grandes compagnies américaines impliquée dans la reconstruction de l’Irak, qui a bénéficié d’un contrat d’Etat sans appel d’offres comme Halliburton, a décidé de quitter le sol irakien.

Bechtel, une entreprise de BTP liée à la multinationale Chevron-Texaco et qui compte dans son conseil d’administration George Shultz, ancien ministre des Affaires étrangères de Reagan, est connue pour ses liens avec les républicains et son impressionnant réseau d’amitiés au sein de l’administration Bush.
Le géant du BTP outre-Atlantique est surtout connu en Europe pour avoir participé à l’aménagement ferroviaire du tunnel sous la Manche.

En 2003, l’administration américaine, par le biais de son Agence pour le développement international (USAID) a attribué un large contrat de reconstruction au groupe de San Francisco. La compagnie a obtenu 2,3 milliards de dollars pour une centaine de projets concernant la réhabilitation et la reconstruction d’infrastructures irakiennes. Le groupe a ainsi raflé en Irak tous les contrats pour la reconstruction des aéroports, des ponts et  des routes, des bâtiments, du port d’Um Qasr, des centrales électriques et du réseau ferroviaire, et des systèmes d’alimentation en eau.

L’insécurité ralentit la reconstruction

Au plus fort de son activité, Bechtel a employé près de 40 000 Irakiens. Mais aujourd’hui, son dernier chantier bouclé, arguant des risques sécuritaires, l’entreprise se retire  alors qu’elle pourrait obtenir des contrats du gouvernement irakien, après ceux de Washington. La détérioration de la situation en matière de sécurité en Irak continue de gêner la reconstruction, entraînant des retards pour certains projets, empêchant le travail sur de nombreux sites, augmentant les coûts de sécurité et mettant en danger la vie des employés.

Si l’on en croit des propos de Cliff Mumm, le responsable de la reconstruction en Irak pour Bechtel, cités dans la presse américaine : «L’ampleur de l’insécurité s’est largement détériorée. La compagnie a bien tenté de se protéger en faisant appel à des agences de sécurité hors de prix. Mais en vain. » Des attaques de plus en plus fréquentes ont eu lieu contre les personnels civils travaillant à la reconstruction, irakiens ou étrangers. Après trois ans de présence dans le pays, le bilan est lourd : 52 employés de la compagnie ont été tués et 49 autres blessés depuis 2003 suite à des enlèvements, des attentats ou des sabotages.

Reste que cette décision intervient aussi au moment où les Etats-Unis entendent diminuer leurs efforts de reconstruction en Irak, en réduisant ainsi les opportunités pour les entreprises privées.  



par Myriam  Berber

Article publié le 03/11/2006 Dernière mise à jour le 03/11/2006 à 17:21 TU