Irak
Le géant américain du BTP Bechtel plie bagages
(Photo: AFP)
Aux Etats-Unis, la nouvelle a été largement évoquée dans la presse. Une des plus grandes compagnies américaines impliquée dans la reconstruction de l’Irak, qui a bénéficié d’un contrat d’Etat sans appel d’offres comme Halliburton, a décidé de quitter le sol irakien.
Bechtel, une entreprise de BTP liée à la multinationale Chevron-Texaco et qui compte dans son conseil d’administration George Shultz, ancien ministre des Affaires étrangères de Reagan, est connue pour ses liens avec les républicains et son impressionnant réseau d’amitiés au sein de l’administration Bush.
Le géant du BTP outre-Atlantique est surtout connu en Europe pour avoir participé à l’aménagement ferroviaire du tunnel sous la Manche.
En 2003, l’administration américaine, par le biais de son Agence pour le développement international (USAID) a attribué un large contrat de reconstruction au groupe de San Francisco. La compagnie a obtenu 2,3 milliards de dollars pour une centaine de projets concernant la réhabilitation et la reconstruction d’infrastructures irakiennes. Le groupe a ainsi raflé en Irak tous les contrats pour la reconstruction des aéroports, des ponts et des routes, des bâtiments, du port d’Um Qasr, des centrales électriques et du réseau ferroviaire, et des systèmes d’alimentation en eau.
L’insécurité ralentit la reconstruction
Au plus fort de son activité, Bechtel a employé près de 40 000 Irakiens. Mais aujourd’hui, son dernier chantier bouclé, arguant des risques sécuritaires, l’entreprise se retire alors qu’elle pourrait obtenir des contrats du gouvernement irakien, après ceux de Washington. La détérioration de la situation en matière de sécurité en Irak continue de gêner la reconstruction, entraînant des retards pour certains projets, empêchant le travail sur de nombreux sites, augmentant les coûts de sécurité et mettant en danger la vie des employés.
Si l’on en croit des propos de Cliff Mumm, le responsable de la reconstruction en Irak pour Bechtel, cités dans la presse américaine : «L’ampleur de l’insécurité s’est largement détériorée. La compagnie a bien tenté de se protéger en faisant appel à des agences de sécurité hors de prix. Mais en vain. » Des attaques de plus en plus fréquentes ont eu lieu contre les personnels civils travaillant à la reconstruction, irakiens ou étrangers. Après trois ans de présence dans le pays, le bilan est lourd : 52 employés de la compagnie ont été tués et 49 autres blessés depuis 2003 suite à des enlèvements, des attentats ou des sabotages.
Reste que cette décision intervient aussi au moment où les Etats-Unis entendent diminuer leurs efforts de reconstruction en Irak, en réduisant ainsi les opportunités pour les entreprises privées.
par Myriam Berber
Article publié le 03/11/2006 Dernière mise à jour le 03/11/2006 à 17:21 TU