Territoires palestiniens
Bombardements israéliens sanglants à Beit Hanoun
(Photo : AFP)
Les obus israéliens se sont abattus sur cette petite ville du nord de la bande de Gaza, à peine une journée après le retrait des blindés de Tsahal qui avaient participé à l’opération «Nuages d’Automne». Les projectiles ont atteint cinq maisons, tuant huit enfants, cinq femmes et cinq hommes. Le ministère palestinien de la Santé a indiqué que les tirs ont également blessé 58 personnes.
Les témoignages des habitants de Beit Hanoun sont extrêmement dramatiques : c’est presque toute la famille Assamna, notamment des enfants en bas âge, qui a été tuée par les obus qui sont tombés sur la rue Hamad. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière déclenchée par les Israéliens sur la bande de Gaza depuis 2002. Ces bombardements sont intervenus à la suite du départ des chars et des soldats israéliens qui avaient participé pendant une semaine à des opérations dans cette petite ville de 30 000 habitants, où ils avaient déjà fait près de 60 morts, dont une vingtaine de combattants palestiniens.
Cinq autres Palestiniens, dont quatre activistes, ont été tués par les forces spéciales israéliennes dans la région de Jénine, en Cisjordanie. Deux autres personnes, dont un membre du parti Hamas, ont été abattus dans les environs de Beit Hanoun, ce qui porte à 25 le nombre de Palestiniens tués par les troupes israéliennes ce mercredi.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a accusé Israël d’avoir commis un «terrible massacre». «Israël ne veut ni paix, ni sécurité, ni stabilité, ni d’un partenaire palestinien», a aussi déclaré Mahmoud Abbas lors d’une conférence de presse à Gaza, affirmant que Beit Hanoun est devenue une «zone sinistrée».
Risques d’escalade
Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, qui appartient au parti Hamas, a aussi condamné le «massacre» commis par les troupes israéliennes. Le mouvement islamiste Hamas a appelé ses combattants à reprendre les attentats-suicide contre l’Etat hébreu. Un porte-parole du gouvernement palestinien à même déclaré qu’Israël devait être «effacé de la carte». Le Fatah, mouvement crée par Yasser Arafat, actuellement dans l’opposition, a aussi appelé ses branches armées à reprendre les «opérations de martyr» en Israël.
En Israël, la police a été placée en état d’alerte, après les menaces du Hamas. Le Premier ministre Ehud Olmert a exprimé «ses regrets» pour la mort des civils palestiniens à Beit Hanoun et a proposé une «aide humanitaire d’urgence à l’Autorité palestinienne et une assistance médicale d’urgence pour les blessés». Toutefois il a prévenu que les opérations de l’armée israélienne allaient se poursuivre contre les tirs de roquettes des Palestiniens. Le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a annoncé l’ouverture d’une enquête et la suspension des bombardements de Tsahal dans la bande de Gaza.
L’armée israélienne a déclenché depuis juin dernier une série d’interventions militaires dans ce territoire, après la capture du caporal Gilad Shalit par des combattants palestiniens qui avaient effectué, pour cela, une opération transfrontalière. Mais Tsahal voulait aussi mettre un terme aux tirs de roquettes, à partir des territoires palestiniens, qui se sont poursuivis, malgré l’opération « Nuages d’Automne ». Plusieurs de ces engins ont atteint mercredi la ville israélienne de Sderot, provoquant un blessé léger.
La communauté internationale inquiète et choquée
Les alliés de l’Autorité palestinienne ont vivement dénoncé les actions des militaires israéliens. Ainsi, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé le Conseil de Sécurité des Nations unies à prendre des mesures urgentes «pour faire cesser l’agression israélienne et garantir la protection du peuple palestinien». La Syrie affirme que «l’agression sauvage israélienne est un défi à la communauté internationale». Le roi Abadllah II de Jordanie a promis de déployer «tous les efforts possibles pour faire cesser les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza». La Ligue arabe a convoqué une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères.
L’émissaire des Nations unies au Proche-Orient, Alvaro de Soto, s’est déclaré «profondément choqué et consterné par l’opération de l’armée israélienne». L’Union européenne a déclaré que les bombardements de Tsahal constituent un «événement particulièrement choquant. Israël a le droit de se défendre, mais pas au prix de vies innocentes».
La France a condamné les «tirs d’artillerie dans des zones habitées qui interviennent en violation du droit international humanitaire et notamment les Conventions de Genève». Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a aussi condamné «la poursuite des tirs de roquette en direction du territoire israélien ainsi que les appels à la reprise des attentats-suicide. La violence risque d’entraîner la région dans une escalade dangereuse».
La secrétaire d’Etat américaine Condolezza Rice a exprimé sa «profonde tristesse» au président palestinien Mahmoud Abbas. La Maison Blanche a aussi réagi en affirmant : «nous avons vu les excuses du gouvernement israélien et nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue afin d’éviter de nuire aux civils innocents». Le président George Bush va recevoir le Premier ministre israélien Ehud Olmert, lundi 13 novembre. La presse israélienne, notamment le quotidien Maariv, doute que le gouvernement puisse profiter politiquement de la présente situation, étant donné que les tirs de roquettes Qassam continuent.
par Antonio Garcia
Article publié le 08/11/2006 Dernière mise à jour le 08/11/2006 à 19:22 TU