Territoires palestiniens
Israël se retire de Beit Hanoun
(Photo : AFP)
Les chars israéliens ont quitté Beit Hanoun avant le lever du soleil, se déplaçant vers la partie nord du territoire, en direction à la frontière avec Israël. Au moins 56 palestiniens ont été abattus, dont une trentaine de combattants armés, selon des sources médicales palestiniennes. Un militaire israélien a été tué lors de cette offensive qui a aussi provoqué plus de 200 blessés palestiniens et des dégâts matériels considérables dans la partie ancienne de cette ville de 30 000 habitants.
Situation humanitaire grave
Le maire de Beit Hanoun, membre du Hamas, a déclaré que 40 maisons avaient été détruites lors des combats qui ont aussi endommagé près de 400 autres habitations, détruisant une partie du réseau électrique, ainsi que les égouts et les canalisations d’eau. Le passage des blindés israéliens a aussi abîmé les principales artères de cette localité. Un habitant a déclaré : «L’armée israélienne a semé la destruction dans toutes les rues et dans presque toutes les maisons. C’est le tsunami». Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est déclaré très inquiet de la grave situation humanitaire à Beit Hanoun. Suite au départ des soldats israéliens, des milliers de personnes ont participé aux funérailles des 23 activistes palestiniens tués lors de cette offensive, la plus importante réalisée dans la bande de Gaza depuis un an.
Un porte parole militaire israélien a déclaré : «Nous avons retiré nos forces de Beit Hanoun, après avoir rempli notre mission. Au cours de cette opération, des dizaines de Palestiniens ont été tués lors des échanges de tirs ou lors de raids aériens. Neuf commandos qui s’apprêtaient à tirer des roquettes vers le territoire israélien ont été attaqués. Des dizaines de suspects ont aussi été arrêtés pour être interrogés». L’armée israélienne affirme aussi avoir saisi des roquettes, des explosifs et des armes antichars. Lors du retrait des troupes, au moins huit palestiniens ont été tués. Une femme kamikaze, appartenant au mouvement Jihad islamique, a fait exploser la bombe qu’elle transportait, blessant un soldat israélien.
Opération contre les roquettes
L’opération «Nuages d’Automne» avait commencé le 1er novembre. Le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, avait affirmé que ses troupes n’allaient pas rester dans la Bande Gaza, dont elles s’étaient retirées l’été dernier, après une occupation militaire qui a duré 38 ans. Les autorités israéliennes ont déclaré que l’intervention contre Beit Hanoun était destinée à faire cesser les tirs de roquettes contre la partie sud d’Israël. Ces tirs de roquettes sur Israël ont continué depuis le début de cette opération dont l’autre objectif officiel était d’obtenir la libération de l’un de leurs soldats, enlevé fin juin par des éléments armés liés à la branche militaire du mouvement Hamas, lequel est à la tête du gouvernement palestinien.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé mardi qu’Israël «cherche des prétextes pour poursuivre son agression, non seulement à Beit Hanoun mais dans toute la bande de Gaza. Si Israël veut la paix, la voie du sang palestinien n’est pas celle s’elle doit suivre». Les medias israéliens affirment aussi que cette offensive peut aussi être considérée comme une tentative visant à redorer le blason des forces armées, suite à l’échec de la guerre contre les groupes extrémistes libanais du mouvement Hezbollah, en juillet dernier.
Protestations internationales
L’opération «Nuages d’Automne» a suscité beaucoup de réactions de protestation partout dans le monde, vu le nombre de victimes et les importantes destructions. La Russie a demandé l’arrêt de cette offensive et le premier ministre britannique, Tony Blair, a qualifié de «terrible» la situation à Gaza, tandis que l’Arabie Saoudite a appelé à la tenue d’une conférence internationale pour que finissent les «agressions d’Israël» et pour que le processus de paix puisse être relancé. A Paris, les ministres des Affaires étrangères italien et français, Massimo d’Alema et Philippe Douste-Blazy, ont évoqué la situation humanitaire «dramatique» à Gaza.
Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, va être reçu le 13 novembre prochain Bush à la Maison Blanche par le président américain George Bush, ce qui peut aussi expliquer la fin des opérations militaires à Beit Hanoun. Il s’agira de la deuxième rencontre depuis la prise de fonction d’Olmert, en mai dernier. Israël et les Etats-Unis exigent que le gouvernement palestinien, dominé par les fondamentalistes du Hamas, accepte les accords de paix israélo-palestiniens conclus dans le passé.par Antonio Garcia
Article publié le 07/11/2006 Dernière mise à jour le 07/11/2006 à 18:15 TU