Territoires palestiniens
Les Palestiniens refusent les excuses d’Israël
(Photo : AFP)
La dix-neuvième victime de l’attaque de l’artillerie israélienne contre la petite ville du nord de la bande de Gaza est décédée vendredi, dans un hôpital près de Tel-Aviv. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a affirmé que cette attaque, qui avait aussi provoqué une soixantaine de blessés, résulte d’une «erreur technique» et il a exprimé ses regrets aux Palestiniens. Un porte-parole de l’armée avait affirmé que cette erreur était due à une défaillance du système de visée des canons et que les «distances de sécurité» des tirs d’artillerie seraient réexaminées.
Des milliers de personnes qui participaient jeudi aux funérailles des victimes, à Beit Hanoun, ont crié vengeance. Les groupes radicaux palestiniens avaient déjà appelé à la reprise des attentats-suicide contre Israël. Les Palestiniens affirment que la bavure des militaires israéliens n’est pas excusable. L’observateur palestinien aux Nations unies, Ryad Mansour, a rejeté les excuses israéliennes : «C’est du terrorisme, du terrorisme d’Etat». De son côté, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Daniel Carmon, s’est déclaré «profondément peiné», soulignant toutefois que «bien que les civils palestiniens aient été tués par des tirs israéliens, ils ont été, en fait, les victimes du Hamas. Si les roquettes tirées de la bande de Gaza ne tombaient pas sur Israël, ce qui s’est passé à Beit Hanoun ne se serait jamais produit».
Washington conteste la résolution arabe
Ces déclarations ont été prononcées jeudi en marge de la réunion du Conseil de sécurité, réalisée à la demande de la Ligue arabe et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Le Conseil n’a pas pu adopter vendredi une résolution, présentée par le Qatar, condamnant Israël, car la version initiale du texte pourrait se heurter à un veto des Etats-Unis qui l’ont jugée «unilatérale». Washington a regretté les pertes humaines à Beit Hanoun, mais souligné qu’Israël avait le droit de se défendre. Le projet de résolution demande une condamnation forte d’Israël et appelle aussi la communauté internationale, dont le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Nations unies et Union européenne), à prendre des mesures en vue de la réactivation du processus de paix dans cette zone du monde. Le Conseil de sécurité devra se réunir à nouveau la semaine prochaine, pour adopter une nouvelle version de la résolution.
Il faut noter que l’organisation humanitaire américaine Human Rights Watch (HRW) a demandé au gouvernement d’Israël d’effectuer une «enquête indépendante» sur le bombardement de Beit Hanoun, soulignant que l’enquête interne menée par l’armée israélienne est «insuffisante». HRW considère que cette enquête «laisse entendre que le drame de Beit Hanoun se résume à une salve errante d’obus, sans aborder la question clé qui est celle de savoir si l’attaque constituait une violation de la loi internationale et qui doit être responsable pour les tirs mortels». Sarah Whitson, responsable de la division Proche-Orient de cette organisation, a souligné que «les forces israéliennes ont mené le bombardement à l’artillerie sur Beit Hanoun alors que leurs commandants savaient, ou auraient dû savoir, que le risque de causer des morts parmi les civils était plus important qu’un quelconque bénéfice militaire escompté».
Les dernières actions militaires israéliennes à Gaza ont débuté fin juin, suite à l’enlèvement du caporal israélien Gilad Shalit par des combattants palestiniens qui avaient fait des opérations commando traversant la frontière entre Gaza et Israël. Les Israéliens ont aussi justifié les attaques contre Beit Hanoun et l’occupation de cette ville pendant près d’une semaine, dans le cadre de l’opération «Nuages d’Automne », par les tirs répétés de roquettes palestiniennes contre le sud d’Israël. Outre les 19 victimes des bombardements de l’artillerie, cette opération avait provoqué près de 60 morts palestiniens, dont une vingtaine de combattants.
Olmert va visiter Bush
Le Premier ministre israélien se rend dimanche prochain à Washington pour être reçu, lundi, par George Bush. C’est la deuxième fois, depuis sa nomination en mars, qu’Ehud Olmert s’entretient avec le président américain. Les conversations devraient être dominées en grande partie par le programme nucléaire iranien et par la guerre en Irak. Le président américain, qui cherche a redorer son blason après les récentes défaites des républicains lors des élections de mi-mandat, pourrait inviter son interlocuteur à éviter des incidents comme ceux de Beit Hanoun, tout en lui manifestant son habituel soutien diplomatique.
Bush et Olmert auront aussi l’occasion d’échanger des informations au sujet de la formation du futur gouvernement palestinien d’union nationale, étant donné que l’actuel Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui appartient au mouvement islamiste Hamas, devrait être bientôt remplacé par une personnalité plus modérée. Cette solution permettrait de lever le blocus des pays occidentaux contre le gouvernement palestinien, facilitant ainsi les actions d’assistance de la communauté internationale aux Palestiniens, notamment l’aide financière. Les bombardements israéliens ont provoqué la suspension des négociations entre le Hamas et le Fatah (du président palestinien Mahmoud Abbas) en vue de la formation de ce nouveau gouvernement.
par Antonio Garcia
Article publié le 10/11/2006 Dernière mise à jour le 10/11/2006 à 18:32 TU