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République démocratique du Congo

Présidentielle : contestation avant proclamation

Les partisans du candidat Jean-Pierre Bemba contestent les chiffres avant même la proclamation définitive des résultats par la Commission électorale indépendante. 

		(Photo : AFP)
Les partisans du candidat Jean-Pierre Bemba contestent les chiffres avant même la proclamation définitive des résultats par la Commission électorale indépendante.
(Photo : AFP)

Mardi, les chiffres communiqués par la Commission électorale indépendante (CEI), sur plus de 90% des bulletins dépouillés, donnaient environ 60% des suffrages à Joseph Kabila, selon une compilation de l'Agence France Presse. L'annonce des résultats définitifs est imminente. Mais la tension a monté d'un cran à Kinshasa, les partisans du vice-président Jean-Pierre Bemba revendiquant de leur côte la victoire de leur candidat. Ils dénonce d'ores et déjà des fraudes et accusent la CEI de manipuler les résultats, avançant des chiffres tout à fait différents. L'Abbé Malu Malu, président de la CEI invite les électeurs à ne se fier qu'aux  seuls résultats officiels qu'il s'apprête à publier.


A Kinshasa, les rumeurs vont bon train. Elles sont surtout alimentées par les communiqués des coalitions politiques adverses qui revendiquent chacune la victoire pour leur candidat respectif. L’Union pour la nation (UN), la plate-forme  politique qui soutient la candidature de Jean-Pierre Bemba a contesté la méthode de diffusion des résultats qui, selon elle, préparerait la population «à l’annonce, à tort, de la victoire de Joseph Kabila». L’UN «doute de l’impartialité de la CEI» et conteste ses chiffres en publiant parallèlement les siens qui donnent la victoire à Jean-Pierre Bemba.

Alors qu’un accord avait été conclu entre les deux parties pour le respect scrupuleux des résultats officiels, l’UN se réserve aujourd’hui «le droit de dénoncer tous accords conclus avec l’AMP (Alliance de la majorité présidentielle)», précise-t-elle dans une « déclaration politique ». Elle reproche à la CEI de faire sciemment et de manière systématique des erreurs qui favoriseraient le candidat Joseph Kabila. «Nous sommes sereins par rapport aux travaux que nous sommes en train de conduire. Nous condamnons avec la dernière énergie toutes les rumeurs, les intoxications, parfois même les auto-proclamations», a réagi Apollinaire Malu Malu, le président de la CEI. «Il faut se référer au travail effectué par la Commission électorale indépendante, les observateurs nationaux et internationaux ainsi que les mandataires des deux parties» a déclaré Olivier Kamitatu, le porte-parole de l’AMP qui qualifie par ailleurs, de «triste parodie» et de «comédie» les réactions du camp adverse.

Utiliser les voies légales

Pour sa part, Joseph Kabila est intervenu dans la polémique, en sa qualité de président de la transition finissante, pour appeler les populations à garder leur calme. «Il y a la justice, bien sûr, et les forces de l’ordre qui sont là pour protéger les citoyens et leurs biens. En cas de dérapage, les institutions prendront leurs responsabilités», a-t-il déclaré. L’appel au calme est aussi lancé par le Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT) qui rappelle aux Congolais et surtout aux responsables politiques que des recours sont prévus par des voies et procédures légales «pour contester les résultats électoraux (…). Ceux qui appellent à la violence ou la provoquent devront rendre compte de leurs actes», prévient le CIAT.

Une autre source d’inquiétude reste la présence à Kinshasa du millier de soldats affectés à la garde du vice-président Jean-Pierre Bemba. Tirant les leçons des accrochages qui ont fait 23 morts en août puis ceux du samedi 11 novembre dernier (4 morts), toutes les parties impliquées dans le processus de paix au Congo sont convenues du transfert des troupes de Jean-Pierre Bemba hors de Kinshasa. Selon les accords, conclus le 13 novembre, une partie de cette garde devrait être cantonnée à l’intérieur de sa résidence. Mais selon de nombreux observateurs, le transfert n’aurait pas eu lieu et ces soldats patrouilleraient encore aux alentours de la résidence du vice-président, alors que cette mission était dévolue aux Casques bleus de la Mission de l’Onu en RDC (Monuc).      

Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, s’inquiète aussi de la tournure que prennent les événements à Kinshasa et exhorte les protagonistes à accepter et respecter les résultats. «S’ils le font, nous pourrons pacifier ce grand pays, qui a la taille de l’Europe», a-t-il ajouté en rappelant aux dirigeants africains qu’ils doivent désormais œuvrer à la résolution des conflits afin de consacrer «les ressources limitées au développement économique et social».

par Didier  Samson

Article publié le 15/11/2006 Dernière mise à jour le 15/11/2006 à 17:56 TU