Centrafrique
Au secours, les rebelles avancent !
La rébellion de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), qui s’est emparée de la ville de Birao dans l’extrême Nord de la Centrafrique, menace d’autres villes, selon un plan bien défini, en direction de la capitale Bangui. Face à la menace grandissante le gouvernement centrafricain a lancé un appel international pour une assistance militaire. L’opposition politique craint une internationalisation du conflit.
Les positions prises et défendues par les rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) dans le Nord-Est du pays inquiètent les autorités de Bangui. Elles ont peur d’une avancée programmée de ces rebelles installés à Birao et qui mènent des opérations militaires dans la région sans rencontrer une grande résistance de l’armée régulière. Sous-équipement et manque de moyens de l’armée régulière avaient poussé de nombreux soldats de cette région militaire à la désertion. Malgré les appels au patriotisme du président François Bozizé, la mobilisation et la détermination des Forces armées centrafricaines (Faca) sont restées très faibles, d’où l’appel au secours lancé à la communauté internationale.
Une première réponse est venue de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) qui a créé une commission ad hoc sur la Centrafrique, avec à sa tête le président Omar Bongo, du Gabon. La Cémac a aussi «accédé à la demande des autorités centrafricaines de renforcer le dispositif de la Force multinationale en Centrafrique (Fomuc) et de lui demander d’intervenir dans la sécurisation des zones en conflit», a précisé le président Omar Bongo. La Fomuc compte 380 soldats gabonais, congolais et tchadiens répartis entre la capitale Bangui, Bozoum au nord-ouest et Bria dans le nord-est et qui serait sous la menace des rebelles. Du matériel aurait été acheminé en Centrafrique pour «une intervention imminente», a par ailleurs confié à l’AFP, un diplomate gabonais dont le pays a pris l’initiative d’une intervention régionale. La même source signale que le Conseil de sécurité des Nations unies serait bientôt saisi.
Risque de conflit régional
Le Tchad, déjà présent par la Fomuc, a décidé de renforcer sa présence militaire en Centrafrique en précisant que ses unités seraient placées sous un commandement tchadien. La France apporte aussi son soutien aux autorités de Bangui en «logistique et en renseignement» aux Faca. Ces différentes sollicitudes font suite à l’appel à l’aide militaire internationale demandée par l’Assemblée nationale centrafricaine. Cette attitude est déplorée par le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé qui craint «une internationalisation de la crise». Les présidents Idriss Déby du Tchad et François Bozizé de Centrafrique accusent déjà le Soudan de soutenir des mouvements rebelles à leurs différentes frontières dans le but de déstabiliser leur régime. L’Assemblée nationale centrafricaine a d’ailleurs demandé «un déploiement rapide des forces des Nations unies et de l’Union africaine aux frontières Tchad-Soudan-Centrafrique».
Sur le plan interne, le président François Bozizé a réorganisé le commandement militaire de son pays pour mieux faire face à la menace des rebelles, très actifs dans le Nord-Est du pays. Le chef des opérations militaires, le colonel Bertrand Mammour, dont certains choix tactiques et stratégiques ont été critiqués, a été démis de ses fonctions et mis à la disposition du ministère de la Fonction publique comme chargé de mission. Il est remplacé par le colonel Ludovic Ngaïféï.
par Didier Samson
Article publié le 20/11/2006 Dernière mise à jour le 20/11/2006 à 18:20 TU