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Mexique

Lopez Obrador poursuit sa résistance civile

Ce lundi  20 novembre,  jour anniversaire de la Révolution mexicaine, devant une place de la Constitution pleine à craquer, Andres Manuel Lopez Obrador a été proclamé « Président légitime » du Mexique par ses partisans  qui considèrent que la victoire leur a été volée par le président légalement élu, Felipe Calderon.

 

Un zocalo plein à craquer était venu soutenir Lopez Obrador. 

		(Photo : Patrice Gouy/ RFI)
Un zocalo plein à craquer était venu soutenir Lopez Obrador.
(Photo : Patrice Gouy/ RFI)

De notre correspondant à Mexico

Une foule toujours fidèle est venue soutenir le président légitime. 

		(Photo : Patrice Gouy/ RFI)
Une foule toujours fidèle est venue soutenir le président légitime.
(Photo : Patrice Gouy/ RFI)

Sous un ciel gris et chargé de pluie, acclamé par 200 000 sympathisants, Andres Manuel Lopez Obrador a été nommé «Président légitime du Mexique». Comme un président élu, il a reçu, l’écharpe tricolore des mains de la sénatrice Rosario Ibarra, entourée d’une brillante universitaire et d’une indigène totonaque. Lopez Obrador a ensuite prêté serment : «Je m’engage à respecter et à faire respecter la Constitution de la République, à exercer loyalement et patriotiquement la charge de président légitime du Mexique. Je m’engage à protéger les droits des Mexicains, à défendre le patrimoine de la nation et à travailler pour le bien de tous, et si je ne le faisais pas, que la nation me révoque». Cet acte symbolique avait été décidé le 16 septembre dernier, jour anniversaire de l’Indépendance du Mexique, dans un contexte de résistance civile pacifique, par plus d’un million de délégués lors de la Convention Nationale Démocratique. Symboliquement, le «président légitime» a pris ses fonctions le jour anniversaire de la Révolution mexicaine, en hommage aux héros Pancho Villa et Emiliano Zapata.

Le peuple organisé

Dans un discours très précis, devant un parterre de caméras, alors que depuis 3 mois les médias le boudaient, Lopez Obrador a lancé un appel aux citoyens expliquant que le soutien de son gouvernement légitime devra être le peuple organisé. Il a proposé de lancer un processus de rénovation des institutions publiques et d’élaborer un nouveau cadre constitutionnel. Son cabinet parallèle composé de 12 membres, (6 hommes et 6 femmes) sera chargé d’évaluer les principaux problèmes du Mexique, de proposer des solutions et fera des recommandations. Il enverra aux députés du Front Progressiste Elargi, la gauche mexicaine, des projets de loi à défendre au Parlement. Ce gouvernement  parallèle sera itinérant. Du lundi au  mercredi, il siégera à Mexico et se déplacera le reste du temps dans les 2500 villes du pays. Les 20 actions que Lopez Obrador propose reprennent la plupart de ses priorités de campagne : la lutte contre la pauvreté, contre la corruption et les inégalités sociales, mais il déclare aussi que «commence une bataille pour empêcher que les mafias de cols blancs qui ont mis au pouvoir Felipe Calderon ne fassent et défassent le pays».

Résistance citoyenne

Cette cérémonie qui a démontré que Lopez Obrador avait toujours une grande capacité à mobiliser ses partisans, pourrait être le point de départ d’une résistance citoyenne structurée. Le «président légitime» a appelé la population à s’engager dans un combat de surveillance et de contestation systématique des actions du prochain gouvernement. Il  propose que chaque sympathisant s’engage par écrit, avec son adresse, son empreinte digitale et sa signature afin de pouvoir participer à des mobilisations et à des contestations lorsque le gouvernement de Felipe Calderon tentera de faire passer des lois qui iront à l’encontre des intérêts de la nation.

Bien qu’il fasse usage des symboles patriotiques comme l’écharpe présidentielle, Lopez Obrador ne commet aucun délit. Selon les juristes constitutionnalistes, l’article 250 du code pénal sur l’usurpation de fonction stipule qu’il ne suffit pas de s’attribuer une charge publique pour être considéré comme un usurpateur car il faut l’exercer réellement et pleinement. Dans la mesure où Andres Manuel Lopez Obrador ne prétend pas exercer les fonctions propres au président de la république, son auto proclamation n’a aucune valeur légale, ce n’est que la libre expression de tout citoyen. Même si la loi ne considère pas cette nomination comme une usurpation de fonction, celle-ci est loin de faire l’unanimité dans le Mexique qui doit entériner le 1er décembre prochain la prise de fonction de Felipe Calderon, le vainqueur légal des élections.

Lopez Obrador a fixé  rendez-vous à ses sympathisants le 1er décembre à 7h du matin sur le Zocalo. Ils sont bien décidés à empêcher le déroulement de la cérémonie protocolaire du passage des pouvoir entre Vicente Fox et Felipe Calderon.



par Patrice  Gouy

Article publié le 21/11/2006 Dernière mise à jour le 21/11/2006 à 08:59 TU