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Mexique

Lopez Obrador remplit le Zocalo

Environ 280 000 personnes étaient rassemblées sur la place de la Constitution. 

		(Photo : Patrice Gouy/RFI)
Environ 280 000 personnes étaient rassemblées sur la place de la Constitution.
(Photo : Patrice Gouy/RFI)
Des milliers de personnes ont répondu à l’appel d’Andres Manuel Lopez Obrador, le candidat de la coalition « Pour le Bien de tous » qui a exposé son plan d’action suite aux résultats électoraux du 2 juillet dernier qu’il conteste. Il assure qu’il y a eu fraude électorale et accuse Vicente Fox d’être un traître à la démocratie.

En quelques heures, le Zocalo s’est rempli. A 17 heures précises, lorsque Andres Manuel Lopez Obrador est arrivé sur le podium, il n’y avait plus un centimètre de libre sur la place de la Constitution, la place des grandes manifestations populaires qui s’est couverte d’une vague jaune, aux couleurs de l’alliance pour le bien de tous, avec des milliers de drapeaux et d’immenses pancartes. Sous un ciel noir menaçant, Andres Manuel Lopez Obrador a remercié chaleureusement la foule de venir si nombreuse défendre le vote.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il a rappelé qu’il avait prévenu lors de ses meetings de campagne qu’il serait difficile de faire valoir la démocratie car en proposant son programme alternatif de nation, il s’attaquait à des groupes de pouvoir économiques et politiques habitués à triompher quelque soit le coût, sans scrupules moraux. Devant 280 000 personnes, selon les estimations de la police, Andres Manuel Lopez Obrador a expliqué son plan d’action pour obliger les autorités électorales à réviser les résultats des élections soulignant qu’il le ferait dans le respect de la légalité, sans répondre aux probables provocations de ses adversaires.

 Plusieurs coupables

Tout au long de son discours, il s’en est pris au candidat de droite Felipe Calderon qu’il accuse d’avoir mené une guerre sale, diffamante, dépensant des millions de pesos sans que quiconque n’en questionne la provenance. Puis il a dénoncé l’ingérence du gouvernement de Vicente Fox dans les élections, lui reprochant d’avoir utilisé les institutions et les ressources publiques pour favoriser son candidat.  L’Institut Fédéral Electoral est l’autre grand coupable à ses yeux. Lopez Obrador l’accuse de ne pas avoir agi avec impartialité, se convertissant en protecteur de Felipe Calderon. Plus grave, il dénonce cet organisme indépendant qui aurait manipulé le système informatique utilisant les deux grands groupes de télévision qui ont montré tout au long de la soirée électorale des chiffres trafiqués .

Il a annoncé qu’il déposerait plainte ce dimanche, dès les premières heures, devant le Tribunal Fédéral Electoral pour démontrer, preuves à l’appui, que les principes de légalité, d’impartialité et d’objectivité définis par l’article 41 de la Constitution avaient été bafoués. Promettant à son auditoire qu’il exigerait que ces élections soient lavées de tout soupçon, Lopez Obrador demande au Tribunal Fédéral Electoral d’ordonner un nouveau décompte de tous les suffrages, dans chaque bureau de vote car une fraude cybernétique lui aurait enlevé 2 à 3 votes par bureaux, soit environ 500 000 voix qui lui auraient permis de l’emporter. Néanmoins, quelques heures avant le meeting, lors d’une conférence devant la presse internationale, Lopez Obrador n’a pas présenté d’arguments solides pour étayer sa théorie de fraude, restant dans un certain flou artistique comme s’il manquait d’éléments tangibles pour soutenir sa démonstration. Peut-être réserve-t-il ces arguments pour le Tribunal Fédéral Electoral. ?

Des marches pacifiques

(Photo : Patrice Gouy/RFI)
(Photo : Patrice Gouy/RFI)

Il propose à ses partisans une stratégie en trois points. Une marche nationale pour la démocratie qui débutera mercredi prochain dans les 300 districts électoraux et se dirigera vers la ville de Mexico, culminant par une mobilisation de masse le 16 juillet sur le Zocalo. Il propose la formation de comités de diffusion pour informer les citoyens et lutter contre la stratégie de ses adversaires qui cherchent à démobiliser les Mexicains qui veulent lutter pour la défense de la démocratie. Enfin, il engage tous ses partisans à porter un ruban tricolore comme ils l’avaient fait lorsque le gouvernement fédéral et le Congrès avaient levé son immunité de maire et l’avait destitué pour l’empêcher de devenir candidat à la présidence.

Le Tribunal Fédéral Electoral doit se prononcer d’ici mercredi sur la recevabilité de la plainte. Il devra alors décider s’il accepte de recompter un à un les bulletins de vote comme le réclame Andres Manuel Lopez Obrador ou appliquer la loi électorale qui stipule que ne pourront être recompter que les liasses de bulletins qui ont été altérées ou dont les actes récapitulatifs ont été falsifiés. Ces élections très serrées ayant souffert de multiples et sombres irrégularités, de nombreuses personnalités, de droite et de gauche, des juristes, des écrivains ainsi que plusieurs groupes d’observateurs étrangers, conseillent vivement au Tribunal Fédéral Electoral d’accepter la requête de la coalition Pour le bien de tous afin de lever toute ambiguïté sur le rôle des institutions électorales.



par Patrice  Gouy

Article publié le 09/07/2006Dernière mise à jour le 09/07/2006 à TU