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Mexique

Le suspens continue

Luis Carlos Ugalde (centre), le président de l’IFE (Institut Fédéral Electoral) a déclaré que les 3 millions de votes annulés lors du programme préliminaire seront finalement pris en compte. Le deuxième décompte des voix commence ce mercredi 5 juillet. 

		(Photo : AFP)
Luis Carlos Ugalde (centre), le président de l’IFE (Institut Fédéral Electoral) a déclaré que les 3 millions de votes annulés lors du programme préliminaire seront finalement pris en compte. Le deuxième décompte des voix commence ce mercredi 5 juillet.
(Photo : AFP)
Ce mercredi 5 juin commence le décompte qui, dans les 300 districts électoraux, permettront de connaître le résultat, pour l'heure contesté, des élections mexicaines et le nom du prochain président de la République.

De notre correspondant à Mexico

Selon le PREP, le Programmes de résultats électoraux préliminaires, Felipe Calderon aurait obtenu 14,272 millions de votes, soit 1,04 % de plus que le candidat de gauche du PRD, Andres Manuel Lopez Obrador. Mais contrairement à l’information diffusée par les télévisions et de nombreux journaux mexicains, qui semblent contester les résultats, le Mexique n’a pas encore de président élu. Comme son nom l’indique, le PREP ne donne qu’un résultat préliminaire et il n’est pas dit que Lopez Obrador ne puisse pas rattraper son retard. En effet, le suspens continue car Luis Carlos Ugalde, le président de l’IFE (Institut Fédéral Electoral) a déclaré que les 3 millions de votes exclus du programme préliminaire, parce qu’ils avaient été annulés, seront finalement pris en compte.

Il s’agit de votes éliminés d’office pour vice de forme : le nom d’un candidat écrit avec une faute d’orthographe, l’absence d’une signature ou l’absence d’un élément sans importance. L’IFE a donc choisi de les réintégrer à cause de  l’étroite différence qui existe entre les deux candidats.  Curieusement, le PRD souligne que ces actes non comptabilisés dans le PREP proviennent majoritairement des Etats du Chiapas, de Veracruz et de l’Etat de Mexico qui ont voté largement en faveur de Lopez Obrador. Le parti de gauche affirme également qu’il y a des différences notables entre les résultats publiés par les bureaux électoraux et les données introduites dans l’ordinateur du PREP.

Une longue procédure

Ce mercredi commencera donc le décompte des actes qui ont été consignés dans les 130 788 bureaux de votes, réunis par les 300 districts électoraux que compte le Mexique. Le résultat définitif devrait être donné avant dimanche. L’IFE affichera le nombre de voix et le pourcentage obtenu par chaque candidat mais n’aura toujours pas le droit de déclarer un vainqueur. Les partis politiques auront en effet 4 jours pour déposer leurs plaintes devant le Tribunal supérieur électoral qui, lui, devra rendre son verdict le 6 septembre, date limite imposée par le code électoral. Dans les faits, si les plaintes ne remettent pas en cause la victoire du candidat le mieux placé, le président du Tribunal se prononcera bien avant.

Défiance envers l’IFE

Le fait que l’IFE accepte de prendre en compte ces 3 millions de votes devrait lui redonner un peu d’autorité. En effet, cet organisme auparavant considéré comme le plus intègre du Mexique, a terni son image. Tout au long de la campagne, les Mexicains ont eu l’impression d’être manipulé par cet institut qui a donné l’impression de ne pas être impartial, s’inclinant volontiers vers le pouvoir ou son parti, le PAN. Cette faiblesse vient sans doute du fait que l’IFE n’est plus l’organe démocratique qui avait été mis en place pour les élections présidentielles de juillet 2000. C’est aujourd’hui un organisme très politisé dont les conseillers ont été nommés par les partis politiques dont ils sont les porte-parole. Ceci explique peut-être pourquoi l’IFE n’a pas voulu donner, dimanche soir, le résultat du sondage de sortie des urnes, ni à 20h, ni à 23 heures. Il faudrait aussi  expliquer aux Mexicains pour quelle raison le diagramme du dépouillement des élections est resté toute la nuit en faveur de Felipe Calderon ou pourquoi vers 23h, le nombre de votes pour Andres Manuel Lopez Obrador a subitement baissé.

Dans les rues de Mexico, qui a largement voté pour Andres Manuel Lopez Obrador, il y a une certaine amertume. Les gens ne comprennent pas comment le PAN sort vainqueur alors qu’il a obtenu 2 millions de voix de moins qu’en 2000, et comment le PRD est vaincu malgré ses 7 millions de voix supplémentaires. Les Mexicains craignent que ne se répète la fraude électorale de 1988, d’autant que le PRI, le grand perdant de ces élections (-50%) a commencé à négocier avec le PAN pour reconnaître sur la base du PREP la victoire de Felipe Calderon, annonçant même qu’il offrirait tout son appui au prochain gouvernement. Le parti de Lopez Obrador a décidé de jouer le jeu de la légalité jusqu’au bout, sans entreprendre pour l’instant de mouvement de protestation populaire.



par Patrice  Gouy

Article publié le 05/07/2006Dernière mise à jour le 05/07/2006 à TU