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Mexique

Calderon président, avenir incertain

Le nouveau président du Mexique, Felipe Calderon, brandit un journal titrant sur sa victoire. 

		(Photo: AFP)
Le nouveau président du Mexique, Felipe Calderon, brandit un journal titrant sur sa victoire.
(Photo: AFP)
Après une longue et amère dispute politique et juridique, le tribunal fédéral électoral a déclaré vainqueur le candidat de droite Felipe Calderon. L’avenir ne paraît pas facile pour le nouveau président.

De notre correspondant à Mexico

Le tribunal fédéral électoral a levé un à un les obstacles juridiques à la victoire de Felipe Calderon. Une victoire à l’arrachée mais sans gloire. En effet, le candidat conservateur n’a obtenu que 35,8% des suffrages, avec une abstention record de 52% Sa légitimité est donc très faible.

A ce premier handicap s’ajoute l’imprécision de son programme politique. Felipe Calderon apparaît comme l’héritier de Vicente Fox qui a proposé aux Mexicains de garder le même cheval et de ne changer que le cavalier. Or, Fox laisse un pays en désordre qui vit dans l’autoritarisme et la démocratie simulée, avec une société polarisée et en décomposition sociale. D’autre part, le choix d’une nouvelle politique va être difficile car Felipe Calderon doit une bonne part de sa victoire à l’aile droite du PRI, le parti de l’ancien régime, et au patronat qui a financé sa campagne électorale et qui entend bien conserver ses prébendes.

Apprendre à faire la paix

Pour l’heure, la confrontation est à l’ordre du jour. Elle signifie que le conflit post-électoral pourrait continuer. Néanmoins, trois scénarios sont possibles: la confrontation, la répression ou parvenir à un accord politique avec la gauche. Cette dernière possibilité pourrait se réaliser si Felipe Calderon propose avant son arrivée au pouvoir (le 1er décembre), d’arrêter la confrontation gauche–droite et de travailler à la Chambre, où il n’a pas de majorité, sur le thème fédérateur de la transformation des institutions nationales.

Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) ne pourrait alors qu’accepter car la confrontation est un scénario extrêmement coûteux à long terme pour la coalition de gauche qui a déjà en tête de remporter les élections intermédiaires dans 3 ans afin de gagner en 2012 l’élection présidentielle. Si Felipe Calderon a l’ambition de transformer le Mexique, il devra donc se repositionner vers le centre, c'est-à-dire s’éloigner du PAN avec qui il s’entend de toute manière assez mal, pour construire une équipe de transition plurielle et former un véritable gouvernement de coalition. Il lui faudra pour cela tendre des ponts vers l’opposition et lui permettre de participer pleinement à la vie politique.

Profiter de l’échec

Pour de nombreux analystes, le revers de Lopez Obrador pourrait être profitable à la gauche. AMLO ne cache pas son ambition de faire avancer son projet alternatif de nation. Au cours de la convention nationale démocratique qu’il a convoqué pour le 16 septembre, jour de la fête nationale, il devrait présenter sa plateforme d’opposition. Il est décidé à créer une rupture avec le passé, estimant que le Mexique doit changer sa manière de faire de la politique. Jusqu’alors, les accords traditionnels permettaient de négocier des positions de pouvoir sans transformer réellement le pays. Il ne s’agissait que d’alliances ponctuelles sans idéologie avec des politiciens qui pouvaient passer d’un parti à l’autre sans que cela ne pose de problème moral. La polarisation de la société devrait permettre de refondre les partis qui devront mieux se définir.

Lopez Obrador veut démontrer que ses propositions sont foncièrement de gauche. Deuxième force politique au parlement, son parti, le PRD, pourra être constructif en déposant des projets de loi précis qui obligeront le gouvernement à de véritables débats de société, comme par exemple la réforme de la loi sur la radio et télévision pour mettre fin au monopole des concessions et au pouvoir de l’argent. En matière fiscale, une révision des privilèges fiscaux qui permettent aux grandes entreprises de ne pas payer d’impôts. Mettre en place des mécanismes plus participatifs comme le référendum, la révocation des mandats, les candidatures indépendantes, des audits de citoyens. Et, bien sûr, des discussions sur la réforme du régime présidentiel.

En proposant ces thèmes au parlement, Lopez Obrador espère obliger le gouvernement à s’engager publiquement au lieu de passer des accords en sous main. En défendant ses projets, quitte à les appuyer par des manifestations populaires, la gauche pourra montrer qu’elle est une option politique, une véritable alternative, et devenir ainsi un parti social démocrate crédible. S’il y parvient ce sera certainement grâce à la victoire de Felipe Calderon et de son peu de légitimité.



par Patrice  Gouy

Article publié le 06/09/2006 Dernière mise à jour le 06/09/2006 à 08:08 TU

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Confirmation des résultats de l'élection présidentielle au Mexique

«La crise politique au Mexique ne fait réellement que commencer, parce qu'après la convention nationale démocratique (du 16 septembre), Manuel Lopez Obrador veut réunir une Constituante pour rédiger une nouvelle constitution.»

[06/09/2006]

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