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L'Otan offre un partenariat à la Serbie

Le président américain George W. Bush, à la fin du sommet de l'Otan, à Riga (Lettonie), le 29 novembre 2006. 

		(Photo: AFP)
Le président américain George W. Bush, à la fin du sommet de l'Otan, à Riga (Lettonie), le 29 novembre 2006.
(Photo: AFP)
Le sommet de l’Alliance Atlantique s’est terminé à Riga, la capitale lettone, par la réaffirmation d’un engagement militaire des alliés en Afghanistan, des alliés qui n’ont toutefois pas décidé un renforcement de leurs troupes. Les alliés n’ont pas réussi à montrer un front uni, affichant de profondes divergences. Ainsi, la France s’est déclarée opposée à une transformation de l’Otan, où l’Organisation perdrait sa «nature militaire» et deviendrait concurrente de l’Onu. Le sommet de Riga restera marqué par l’invitation faite à la Serbie, à la Bosnie et au Montenegro de rejoindre le Partenariat pour la paix et par l’annonce que la force de réaction rapide est "opérationnelle".

Priorité parmi les priorités, l’Afghanistan a dominé le sommet de Riga. Les alliés ont parlé de reconstruction choisissant de taire la dégradation de la situation sécuritaire dans le sud du pays, malgré les lourdes pertes en vies humaines. En effet, 122 militaires de la force internationale sont morts cette année en Afghanistan, dont cinq depuis dimanche dernier, victimes d’attaques et d’attentats suicides qui se sont multipliés à la veille du sommet de l’Otan à Riga.

Il y a eu un «accord complet autour de la table sur le fait que la crédibilité de l’Otan est en jeu» en Afghanistan, a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair qui a conclu à des «progrès significatifs», dans une référence à l’engagement de l’Allemagne et de la France à ce que dans «toute situation d’urgence leurs troupes puissent être déployées afin d'aider ceux qui sont en difficulté».

Des petits gestes pour l’Afghanistan

Néanmoins, malgré la pression exercée par les Etats-Unis, les quatre pays, France, Italie, Allemagne et Espagne, n’ont pas fait de geste d'ampleur. La chancelière allemande Angela Merkel, a levé toute ambiguïté en soulignant qu’il«n'y a pas de raisons pour modifier le mandat» de ses troupes.

Pour sa part, la France a annoncé la mise à disposition des forces alliées dans le sud de l’Afghanistan de deux hélicoptères et autorise «au cas par cas» l’emploi de ses forces en dehors du secteur de Kaboul, la capitale afghane. La France a déployé quelque 1 100 militaires à Kaboul et était opposée à leur intervention dans le sud du pays, malgré les appels pressants du commandement de l'Otan, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. D’autre part, le président Chirac a annoncé la mise en place par la France de «50 éléments de liaison» au sein des forces afghanes.

L’Otan entrouvre la porte à la Serbie, Bosnie et Montenegro

Les dirigeants de l’Otan ont invité la Serbie, la Bosnie et le Montenegro à rejoindre le Partenariat pour la paix, premier pas vers une adhésion à l’Alliance. «Un pas politique important» selon le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer. L’Alliance a voulu adresser «un signe positif» et encourager les réformes dans ces pays, tout en affirmant qu’elle maintient ses «exigences» en matière de coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.

Pour sa part, le procureur général du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougouslavie  a «regretté» l’invitation faite à la Serbie qu’elle accuse de ne pas avoir remis à la justice internationale l’ancien chef des Serbes de Bosnie pendant la guerre de 1992 à 1995, Radovan Karadzic et le chef de l’armée serbo-bosniaque, Ratko Mladic accusés de crimes de guerre.

Cette invitation adressée à  la Serbie vient à point nommé, avant les élections de janvier prochain et la définition du statut de la province du Kosovo à majorité albanaise qui réclame son indépendance.

L'Otan a aussi voulu donner des signes d’espoir à d’autres pays de la région, particulièrement à l'Albanie, la Croatie et la Macédoine. Sans les citer, les dirigeants de l’Alliance Atlantique ont toutefois affirmé qu’ils adresseraient de nouvelles invitations lors du prochain sommet en 2008.

La France contre une Otan qui ferait concurrence à l’ONU

«Les Nations Unies doivent rester la seule enceinte politique à vocation universelle» a déclaré à Riga le président français Jacques Chirac qui rejette le projet américain de «partenariat global» avec d’autres pays, notamment le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Jacques Chirac a alerté contre une transformation de l'Otan qui lui ferait perdre sa «nature militaire», ce qui en ferait une concurrente des Nations-Unies «qui doivent rester la seule enceinte politique à vocation universelle, selon le président français. En revanche, Jacques Chirac a plaidé pour que l’Otan prenne mieux en compte «le rôle croissant de l'Union européenne au service de la paix», citant les Balkans, l'Afrique et le Liban où les Européens constituent l'essentiel de la force de l'ONU, ce qui suppose, selon lui, «un renforcement des relations»  entre l’Alliance Atlantique et l’Union européenne. Le président Chirac a aussi préconisé l’établissement d’une «relation forte entre l'Alliance et la Russie» afin d'éviter de nouvelles lignes de fracture sur le continent.

La force de réaction rapide «opérationnelle»

Fer de lance de l’Otan, la force de réaction rapide (NRF) a été déclarée pleinement opérationnelle. Cette force terrestre navale et aérienne, «performante» est sensée intervenir  partout sur la planète où son action est jugée nécessaire. Décidée lors du sommet de Prague, il y a quatre ans, cette unité d’élite de 25 000 militaires composée de contingents mis à disposition par les alliés, relayés tous les six mois, doit rentrer en action dans un délai de cinq jours pour des évacuations d’urgence, des opérations classées anti-terroristes ou des missions humanitaires. Mais elle peut aussi être déployée dans les zones de conflit, en attendant l’envoi d’autres forces.

Chirac a fêté son anniversaire à Riga sans Poutine

La présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga a voulu présenter les félicitations au président Chirac qui fêtait ce mercredi ses 74 ans, avec un gâteau d’anniversaire de cinq kilos décoré de roses rouges. Le président russe Vladimir Poutine avait envisagé de rendre à Riga pour féliciter Jacques Chirac. Ce voyage, très symbolique, aurait été le premier d’un président russe dans un des trois pays baltes, ex- membres de l’Union soviétique, indépendants depuis 1991. Cependant, au dernier moment, le Kremlin a annoncé l’annulation du voyage du président Poutine, invoquant des «contraintes d’organisation».



par Elisa  Drago

Article publié le 29/11/2006 Dernière mise à jour le 29/11/2006 à 15:19 TU