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Union européenne

Coup de frein à l’adhésion de la Turquie

Drapeaux de la Turquie et de l'Union européenne, côte à côte à Ankara, en décembre 2004. 

		(Photo: AFP)
Drapeaux de la Turquie et de l'Union européenne, côte à côte à Ankara, en décembre 2004.
(Photo: AFP)
La Commission européenne a recommandé mercredi de «ralentir» les négociations d’adhésion de la Turquie. Ce ralentissement, dans un processus devant de toute façon s’étaler sur une dizaine d’années, paraissait inévitable. Lundi, la Finlande, qui préside l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année, avait avoué son impuissance à régler un litige avec Ankara : les Turcs ne veulent pas ouvrir leurs ports aux navires chypriotes grecs. Les négociations doivent prendre en compte ce blocage.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a immédiatement réagi, qualifiant «d’inacceptable» la décision de la Commission. Le commissaire européen à l’Elargissement, Olli Rehn, a pour sa part expliqué la recommandation de la Commission tout en cherchant l’apaisement : «L’Europe a besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de l’Europe. Il n’y a pas de gel ou d’hibernation (des négociations), le train continue à avancer mais il ralentit. L’Union européenne est une communauté de droit et il doit y avoir des conséquences lorsque des obligations ne sont pas remplies», a-t-il expliqué.

La Turquie refuse notamment de laisser entrer dans ses ports et aéroports les navires et les avions chypriotes grecs. Ankara refuse d’assouplir sa position tant que l’embargo international, qui frappe la République turque de Chypre Nord, n’est pas levé. Seule la partie sud de l’île méditerranéenne, une petite république proche de la Grèce, est entrée dans l’Union européenne en 2004.

Eviter un blocage au sommet de décembre

Les négociations d’adhésion de la Turquie devraient donc être suspendues sur 8 des 35 dossiers en discussion. Il s’agit notamment de l’union douanière et de la libre circulation des marchandises, des questions agricoles, des transports, de la politique extérieure commune mais aussi des relations Turquie-Chypre.

Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se prononcer le 11 décembre sur cette recommandation de la Commission. Les ministres ne sont pas obligés de suivre son avis dont le premier but est probablement de sensibiliser les représentants de la diplomatie à ce blocage.

Les tractations seront difficiles entre les 25 pour prendre une décision sur la Turquie car les pays membres ne sont pas tous d’accord sur l’arrivée de ce grand pays musulman au sein de l’Union. «Il y a des positions très différentes parmi les Etats membres. C’est précisément pour cela que nous voulions faire une recommandation dès maintenant car nous voulons guider le débat des 25 et les aider à trouver une unité sur cette question» a encore expliqué le commissaire européen.

La Commission donne l’impression d’anticiper afin d’éviter un sommet pour rien. Et déjà, les différentes positions sur la Turquie refont surface. Tony Blair a averti que «ce serait une erreur grave d’envoyer un signal défavorable à la Turquie». En revanche Jacques Chirac a estimé que la Commission «n’avait pas d’autre choix» que de ralentir les négociations d’adhésion.    



par Colette  Thomas

Article publié le 29/11/2006 Dernière mise à jour le 29/11/2006 à 19:01 TU