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Espionnage

La saga du polonium 210

British Airways tente de contacter les dizaines de milliers de passagers qui ont voyagé dans ces avions contaminés. 

		(Photo : AFP)
British Airways tente de contacter les dizaines de milliers de passagers qui ont voyagé dans ces avions contaminés.
(Photo : AFP)
Dans l’affaire de l’ex-agent russe tué par du polonium 210, la Russie et la Grande-Bretagne suivent à la trace la radioactivité détectée sur 5 avions. Trois d’entre eux faisaient la navette entre Londres et Moscou. Ils appartiennent à la compagnie aérienne British Airways. Le quatrième avion est un Boeing 737, affrété par le transporteur russe Transaero. Il a atterri dans la matinée à Londres. Le cinquième appareil, contaminé par de la radioactivité, est russe. Le secrétaire au Home Office (ministère britannique de l’Intérieur), John Reid, a donné ces indications, jeudi, alors que l’enquête se poursuit pour tenter de faire toute la lumière sur la mort d’Alexandre Litvinenko. L’ex-agent russe, réfugié depuis un certain temps à Londres, est mort après avoir absorbé du polonium 210, une substance hautement radioactive.

John Reid a également expliqué aux parlementaires britanniques que la Russie avait promis de coopérer «au plus haut niveau» dans cette enquête. Des propos confirmés à Moscou par Anatoli Safonov, le conseiller du président Poutine dans la lutte contre le terrorisme.

Tandis que British Airways tente d’entrer en contact avec les dizaines de milliers de passagers qui ont voyagé dans ces avions contaminés, les enquêteurs britanniques s’intéressent également à une douzaine de lieux, à Londres, où de la radioactivité a été détectée. Chaque élément radioactif a sa propre signature et il est probable que les spécialistes savent déjà si toutes ces traces de radioactivité ont la même origine.

Le message de l’Institut Kourtchatov

Dans un message posthume, Litvinenko avait accusé le président Poutine d’avoir programmé sa disparition. L’ex-agent russe était en effet en train d’enquêter sur l’assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa. Trois jours après la mort de Litvinenko, l’agence de presse russe RIA Novosti publiait une interview d’une sommité russe dans le domaine du nucléaire. Il s’agit du président de l’Institut Kourtchatov, Evgueni Velikhov. Le scientifique a expliqué qu’il est impossible de se procurer du polonium 210 en Russie : «Chaque isotope est contrôlé, il n’est accessible nulle part».

Toujours selon l’académicien Velikhov, «il est possible d’obtenir du polonium dans des cliniques d’Europe ». Dans cette interview, le responsable de l’Institut Kourtchatov a également déclaré : «Je sais qu’il [le polonium] est employé, entre autres, dans le secteur spatial. Je connais aussi une histoire désagréable : si vous voulez obtenir un isotope radioactif, vous pouvez entrer librement dans un hôpital de Vienne (Autriche), ouvrir l’armoire et vous servir».

L’académicien accusait ainsi ouvertement l’Autriche de ne pas assez surveiller les substances nucléaires utilisées dans le domaine médical. Les services secrets russes (FSB) ont par la suite indiqué qu’ils ne disposaient pas d’informations impliquant leur ancien agent dans la contrebande de matières nucléaires.



par Colette  Thomas

Article publié le 30/11/2006 Dernière mise à jour le 30/11/2006 à 18:07 TU