Chine
Feu vert pour les banques étrangères
(Photo : AFP)
Cela fait cinq ans que la Chine a rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette adhésion a marqué un tournant pour ce pays qui connait, depuis 2001, une croissance soutenue de l’ordre de 10% par an. Le bilan est globalement positif sur le plan du développement des échanges qui représentent aujourd’hui 72% du PNB chinois. La Chine est passé du sixième au quatrième rang de l’économie mondiale, et du neuvième au troisième rang des exportateurs. Son commerce extérieur a triplé, passant de 510 milliards de dollars, en 2001, à 1 422 milliards, en 2005. Et aujourd’hui, la Chine est la principale cible des investisseurs directs étrangers. «Autour de la table de l’OMC, la Chine est un éléphant au même titre que les Etats-Unis, l’Europe ou l’Inde», a estimé le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy.
En adhérant à l’OMC le 11 décembre 2001, la Chine s’est trouvée astreinte aux mêmes règles que les autres, tout en bénéficiant d’une période de transition de cinq ans, pour se mettre en conformité avec une multitude de règles de l’organisation, notamment dans les secteurs bancaire et financier. Pékin a ainsi révisé près de 3 000 réglementations et a abaissé ses droits de douanes à moins de 10%. Le régime chinois a aussi ouvert aux investisseurs étrangers le commerce de gros et de détail, l’import-export, les télécommunications et l’assurance. De l’avis de Pascal Lamy, «la Chine a joué le jeu, en se conformant à ses obligations de manière remarquable».
Peu d’effet sur le plan politique
Un point de vue que ne partagent pas tous ses partenaires économiques et notamment les Etats-Unis qui comptent bien faire pression sur Pékin pour un plus grand respect des règles du commerce international. La Chine est régulièrement prise à partie pour son yuan jugé sous-évalué. Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a notamment encouragé les autorités chinoises à «introduire une plus grande flexibilité monétaire », faisant allusion au fait que la monnaie chinoise, le yuan, est maintenue à un niveau artificiellement bas face au dollar, ce qui favorise les exportations chinoises.
Parmi les problèmes récurrents qui subsistent, les violations des droits de la propriété intellectuelle et le piratage qui représente pour les entreprises occidentales un manque à gagner en milliards de dollars. Le commerce de produits contrefaits est par ailleurs en progression. A titre d’exemple, le piratage des films en Chine a fait perdre 2,7 milliards de revenus potentiels, en 2005, à l’industrie américaine du cinéma. L’industrie du faux ne s’attaque pas seulement aux marques de luxe, de sport ou à l’informatique, elle concerne aussi des produits comme les jouets, les appareils ménagers, les pièces détachées automobiles ou bien encore les médicaments, dont la vente tend à se développer, dans les pays occidentaux, par le biais d’internet.
Reste que si cette entrée dans l’OMC a favorisé des changements dans le droit des affaires, elle a peu d’effet sur le plan politique comme l’explique Jean-Philippe Béja, spécialiste de la Chine au Centre d’Etudes et de Recherche Internationale (CERI) : «il y a trois ans, les Chinois ont inscrit la défense des droits de l’homme dans la Constitution mais dans la réalité, il n’y a eu guère de changements concernant le respect des droits de l’homme. Le Parti communiste reste le parti unique, il n'est pas menacé».
Le marché bancaire
Cinq ans après son adhésion à l’OMC, la Chine ouvre, également ce lundi, son marché bancaire aux établissements étrangers. Les banques étrangères pourront désormais avoir accès à l’immense réservoir d’épargne, 1 410 milliards d’euros, des particuliers chinois. Elles auront la possibilité d'ouvrir des agences dans n’importe quelle ville du pays et y opérer dans la devise locale, le yuan. Jusqu’à présent, elles avaient accès à 25 villes seulement où elles opéraient en monnaie locale, avec les entreprises.
Cette ouverture du marché bancaire chinois est néanmoins assortie de conditions. Les établissements bancaires étrangers doivent en effet constituer une entité de droit chinois, pour superviser les opérations locales, dotée d’un capital minimum de 10 millions d’euros. Autre obligation : ces établissements étrangers ne pourront ouvrir des comptes à terme de moins de 100 000 euros, ni lancer des cartes de crédit. Les banques venues d'ailleurs se couperont donc de la quasi-totalité des particuliers. Les coûts d’installation et de personnel devraient également s’avérer dissuasif pour un certain nombre de candidates. Pour l’heure, seules six banques dont notamment le groupe britannique HSBC, historiquement très implanté à Hong Kong, ou la Bank of East Asia, ont annoncé leur volonté d’établir des filiales en Chine.
par Myriam Berber
Article publié le 11/12/2006 Dernière mise à jour le 11/12/2006 à 15:29 TU