Territoires Palestiniens
Un nouveau cessez-le-feu fragile
(Photo : AFP)
La tension restait vive à Gaza mercredi, malgré l’entrée en vigueur, dans la nuit, d’un nouvel accord de cessation des hostilités conclu entre le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, le deuxième en 48 heures. Deux activistes du Fatah ont été tués avant l'aube lors d’échanges de tirs avec des membres du Hamas. Par ailleurs, en Cisjordanie, deux activistes du Jihad islamique ont été tués par les forces israéliennes.
Un calme précaire régnait mercredi à Gaza, mais la tension persiste entre les groupes armés palestiniens. Dans la nuit, deux activistes du Fatah, membres d’un influent clan familial, ont été tués lors d’accrochages avec le Hamas, dans le quartier de Moughrabi. Au moins onze palestiniens ont aussi été blessés lors de ces violents affrontements qui ont laissé des traces visibles dans ce quartier du sud de la ville de Gaza. Dans la journée, des dizaines d’hommes armés patrouillaient en ville et tous les barrages routiers n’avaient toujours pas été levés, malgré le nouvel accord de cessation des hostilités entré officiellement en vigueur mardi soir.
Après plusieurs jours de confrontation entre les deux groupes armés palestiniens, un accord de «cessez-le-feu total» a été annoncé mardi soir par le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismaïl Haniiyeh. Les deux dirigeants ont appelé à la retenue après un bilan de onze morts depuis samedi, dont six lors de fusillades dans la seule journée de mardi. La détérioration de la situation, ces derniers jours, a fait surgir le spectre d’une guerre civile entre mouvements palestiniens.
En effet, les violences entre Palestiniens sont les plus graves depuis une dizaine d’années. Les tensions se sont accrues depuis que le président Mahmoud Abbas a annoncé, samedi dernier, son intention d’organiser des élections anticipées pour sortir de l’impasse politique. Une décision refusée par le Hamas qui l’a qualifiée de «coup d’Etat». Le gouvernement de Ismaïl Haniyeh est boycotté par les Occidentaux qui ont suspendu leur aide financière en raison, notamment, de son refus de reconnaître Israël. Depuis des mois, Mahmoud Abbas essaie, en vain, de former un gouvernement de coalition entre son mouvement, le Fatah, et le Hamas. Ce mardi, il a laissé la porte ouverte à la formation d’un cabinet «de technocrates» qui serait accepté par les Occidentaux.
C’est dans ce contexte de vive tension entre Palestiniens que la chaîne du Qatar Al-Jazira a diffusé un message de Ayman Al-Zawahiri, le bras droit d'Oussama ben Laden, critiquant le Hamas pour avoir reconnu le président Mahmoud Abbas et participé aux élections. Seul le Jihad, la guerre sainte, et «non des élections» peut «libérer la Palestine», a déclaré le numéro deux d'al-Qaïda. Dans cette vidéo, la première depuis le 29 septembre dernier, il affirme aussi qu’«accepter la légitimité de Mahmoud Abbas (...), l'homme des Américains en Palestine, et mandater l'OLP, qui reconnaît Israël, pour négocier avec les Israéliens est un abîme qui mènera au bout du compte à l'élimination du Jihad et à la reconnaissance d'Israël ».
Mahmoud Abbas devrait se rendre en Jordanie dimanche
En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué deux activistes du Jihad islamique lors d’un raid dans un village près de la ville de Jénine. Selon des témoins, les militaires israéliens ont encerclé une maison et intimé l'ordre de se rendre aux deux activistes qui s'y étaient retranchés. Une fusillade a éclaté. L’armée israélienne a tiré des obus sur le bâtiment et l'a partiellement rasé. En riposte à la mort des deux hommes, le Jihad islamique a affirmé dans deux communiqués avoir tiré quatre roquettes sur le sud d'Israël.
Au plan politique, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devrait se rendre en Jordanie dimanche prochain pour des entretiens avec le roi Abdallah II qui vient de recevoir, mardi, le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Mahmoud Abbas devrait évoquer avec le souverain jordanien une reprise du dialogue israélo-palestinien ainsi que les démarches en vue d’une sortie de crise entre Palestiniens, notamment la formation d’un gouvernement d’union nationale et la convocation d'élections anticipées, au centre des violences entre groupes palestiniens.
De son côté, le Premier ministre britannique, Tony Blair, a appelé ce mercredi les pays «modérés» du Moyen-Orient à s’unir, désignant l’Iran comme le principal obstacle à la paix au Liban, en Irak et en Palestine. Tony Blair a prononcé ce discours à Dubaï, où il achevait une tournée régionale de six jours destinée à relancer le processus de paix au Moyen-Orient. Son voyage l’a mené en Turquie, en Egypte, en Israël, dans les Territoires palestiniens, en Irak et aux Emirats arabes unis, pays qu'il considère comme partie intégrante de ce qu'il nomme « l'arc de la modération ».
par Elisa Drago
Article publié le 20/12/2006 Dernière mise à jour le 20/12/2006 à 14:09 TU