Somalie
Mogadiscio change de mains
(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)
(Photo : AFP)
Une délégation du gouvernement de transition somalien «entrera» vendredi à Mogadiscio, la capitale désertée par les troupes de l’Union des tribunaux islamistes qui la contrôlaient depuis juin dernier, affirmait jeudi le Premier ministre somalien adjoint, Mohamed Hussein Aidid. En attendant, l’état d’urgence avait été décrété dans la capitale où des pillages auraient eu lieu. Les troupes loyalistes «sont déjà à Mogadiscio», affirmait pourtant le chef du gouvernement de transition, Ali Mohamed Gedi. Mais, jeudi, les forces gouvernementales épaulées par l'armée éthiopienne n’avaient pas encore assuré leurs positions dans l’ensemble de la ville. Pour leur part, les troupes éthiopiennes se voulaient du reste le plus discrètes possibles.
Abdirahman Dinari
Porte-parole du gouvernement de transition somalien
«Nous contrôlerons la ville une fois que toutes nos forces seront entrées à Mogadiscio.»
«Nous ne laisseront pas Mogadiscio brûler» promettait jeudi le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui revendique en Somalie une «mission» militaire dont les troupes éthiopiennes auraient déjà «accompli plus de la moitié».
Meles Zenawi
Premier ministre éthiopien
«Dès que nous aurons accompli notre mission, nous partirons.»
Grâce à ce soutien déterminant, les forces gouvernementales somaliennes ont en effet pu reprendre pied «dans plusieurs secteurs» de Mogadiscio comme l’assurait jeudi après-midi, Ali Mohamed Gedi. Ce dernier avait d’ailleurs déjà pu rencontrer des «responsables locaux» avec lesquels il entendait organiser une «coordination afin de contrôler Mogadiscio». Et cela, à Agfoye, à une vingtaine de kilomètres de la capitale.
Des tirs à l’arme lourde résonnaient encore, jeudi matin, dans Mogadiscio, où des miliciens alliés au gouvernement somalien ont affirmé avoir pris le contrôle de plusieurs infrastructures-clés, dont le port et l'aéroport international. Des échanges de tirs entre milices locales auraient fait au moins 5 morts. Pour sa part, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi assure que ses forces ont fait «entre 2 000 et 3 000» morts dans les rangs islamistes et des milliers de blessés.
Jeudi matin, un responsable de l'Union des tribunaux islamiques avait annoncé son retrait de Mogadiscio assurant sur la chaîne du Qatar al-Jazira : «Nous n'avons pas laissé la capitale au chaos, nous avons juste voulu épargner à la ville et à la population les bombardements des forces éthiopiennes qui se livrent à un génocide contre le peuple somalien».
Abdelkarin Farah
Ambassadeur de Somalie à Addis Abeba (Ethiopie)
«Par rapport à l'appel de l'Union africaine demandant le retrait des troupes éthiopiennes, je voudrais préciser que ces troupes sont venues à la demande du gouvernement fédéral de transition.»
Depuis mardi, les islamistes reculaient sur l'ensemble des fronts face à l'avancée des troupes gouvernementales soutenues par l'Ethiopie, qui a reconnu dimanche officiellement son engagement militaire sur le sol somalien.
Après plus d’une semaine de combats violents et meurtriers, la prise de Mogadiscio ne semblait donc plus, jeudi, qu’une question d’heures. De nombreux habitants ont fui la ville, redoutant l’entrée des troupes éthiopiennes.
Une habitante de Mogadiscio
Par crainte des combats, des habitants fuient la capitale, en direction de Merca, au Sud
«On a tous peur de cette guerre et on craint les Ethiopiens.»
«Le comité de sécurité nationale du gouvernement a déclaré l'état d'urgence en Somalie», a affirmé à l'AFP Abdirahman Dinari, joint à Baïdoa, où siègent les institutions de transition somaliennes, à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio. Cette ville a retrouvé un calme relatif depuis que l’armée éthiopienne s’en était éloignée pour faire route vers la capitale.
Article publié le 28/12/2006 Dernière mise à jour le 28/12/2006 à 11:38 TU