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Somalie

Vers une guerre meurtrière

Selon le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, les combats ont fait plus de 1 000 morts et plus de 3 000 blessés dans les rangs islamistes depuis le 20 décembre. 

		(Photo : AFP)
Selon le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, les combats ont fait plus de 1 000 morts et plus de 3 000 blessés dans les rangs islamistes depuis le 20 décembre.
(Photo : AFP)
Les premiers bilans des victimes, civiles et militaires, s’annoncent très lourds, après six jours d’affrontements entre les combattants islamistes et les forces du gouvernement transitoire somalien, appuyées par des troupes éthiopiennes. La contre-offensive éthiopienne, entamée dimanche, se poursuit sur le terrain et les islamistes menacent de livrer une guerre d’usure.

Après six jours d’affrontements entre les combattants islamistes et les forces gouvernementales somaliennes, soutenues par l’armée éthiopienne, la guerre des chiffres a commencé. Les Tribunaux islamiques, comme le gouvernement somalien de transition, font état de plusieurs centaines de morts dans les rangs ennemis depuis le 20 décembre… sans être très précis. Mardi, lors d’une conférence de presse à Addis Abeba, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, pointant «les lourdes pertes dans l’autre camp», a annoncé que les combats avaient fait «plus de 1 000 morts ». «Plus de 3 000 blessés» se trouveraient aussi à l’hôpital de Mogadiscio. «Un nombre important de victimes ne sont pas des Somaliens», a-t-il précisé, affirmant que les forces loyalistes et éthiopiennes avaient fait face, sur le terrain, à «beaucoup» de «soldats érythréens» et de «combattants djihadistes étrangers».

Il n’a pas donné d’indication sur le nombre de victimes civiles, mais l’a estimé faible car «la plupart des combats se sont déroulés en dehors des zones habitées», indiquant que les troupes somaliennes et éthiopiennes «ne visent que des cibles militaires». Meles Zenawi n’a pas non plus évoqué les pertes subies par ses troupes engagées en Somalie.

Des milliers de déplacés

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) parle, lui, de plus de 800 blessés. Un chiffre partiel, portant uniquement sur les personnes conduites dans les différentes structures hospitalières avec lesquelles le CICR est en contact dans l’ensemble du pays. «Le nombre des blessés donne une idée de la violence des combats. C’est la face visible», précise Antonella Notari, la porte-parole de l’institution à Genève. Le CICR évoque aussi des milliers de déplacés qui, pour le moment, resteraient à l’intérieur du pays. «Nous avons peu d’indications sur des traversées de la frontière avec le Kenya ou l’Ethiopie», indique Antonella Notari. Le CICR espère pouvoir acheminer à partir de jeudi un avion de transport de 12 tonnes de matériel médical et chirurgical, pour aider entre 600 et 800 blessés.

Avec la poursuite des combats, les ONG s’attendent à des déplacements massifs de populations dans les jours qui viennent. Selon un membre du Croissant rouge somalien cité par l’agence de presse des Nations unies Irin, les populations de la région de Beletweyne, dont l’aéroport a été bombardé par l’aviation éthiopienne lundi, venaient tout juste de rentrer des camps de transit qui les avaient accueillis suite aux violentes inondations. Mais de nombreuses familles ont à nouveau quitté la ville par crainte des bombardements éthiopiens… L’agence d’information somalienne Shabelle rapporte que les Somaliens habitant près de l’aéroport et du port de Mogadiscio auraient aussi déserté les zones, mardi.

Menace d’une guerre d’usure

Mardi, les islamistes ont évacué plusieurs de leurs positions dans le sud et le centre du pays, notamment autour de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio) - le siège des institutions de transition qu’ils encerclaient jusqu’ici - Dinsoor (120 km au sud-ouest de Baïdoa) et Burhakaba (60 km au sud-est de Baïdoa). Ils ont invoqué «un changement de tactique militaire» et se sont dits prêts à mener une «guerre de longue haleine», tandis que Meles Zenawi déclarait que les forces islamistes étaient désormais «hors jeu». Les soldats éthiopiens et les troupes du gouvernement somalien se trouvaient mardi à 100 km de Mogadiscio, la capitale sous contrôle islamiste depuis juin dernier. Mais le Premier ministre éthiopien a affirmé que la prise de la ville n’était pas son objectif premier. Le gouvernement d’Addis a revendiqué la prise de six localités depuis le début de sa contre-offensive, dimanche, et prévient que son aviation «va intensifier ses frappes» en territoire somalien.

L’agence de presse Shabelle a fait état, mardi, d’un troisième raid aérien éthiopien, cette fois-ci sur la ville de Lego, à 140 km de Mogadiscio, où les islamistes se sont retranchés après leur départ de Burhakaba (60 km au sud de Lego). De son côté, le gouvernement de transition a appelé «fermement les tribunaux islamiques à déposer les armes». Il a pris «la décision de leur accorder une amnistie totale» et a exhorté «tous les combattants étrangers, engagés dans le forces islamiques, à quitter le pays».

Après avoir condamné lundi «l’escalade dans la crise» en Somalie, l’Union africaine (UA) a reconnu mardi le «droit à l’autodéfense» de l’Ethiopie, «menacée par les Tribunaux islamiques». L’UA, qui a prévu de déployer une force de paix dans le pays, a décidé d’organiser une réunion de concertation sur la situation, mercredi, à Addis Abeba, avec la Ligue arabe et l’Igad (l’Autorité intergouvernementale de développement qui regroupe 7 pays de l’Afrique de l’Est).

par Olivia  Marsaud

Article publié le 26/12/2006 Dernière mise à jour le 26/12/2006 à 17:07 TU