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France

Présidentielle: Michèle Alliot-Marie réfléchit

Michèle Alliot-Marie. 

		(Photo: RFI)
Michèle Alliot-Marie.
(Photo: RFI)

La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ne briguera pas l’investiture à la candidature présidentielle de son parti, l’UMP, où le ministre de l’Intérieur, qui en est également le président, Nicolas Sarkozy, apparaît plébiscité, restant le seul candidat en lice pour les primaires, à trois jours de la clôture du dépôt des candidatures, le 31 décembre. Néanmoins, Michèle Alliot-Marie n’exclut pas une candidature indépendante. Sa décision sera annoncée d'ici le 14 janvier prochain, date du congrès de l’UMP. Certains sarkozystes ne croient pas, ou ne veulent pas croire qu'elle se présentera, comptant sur sa «sagesse» pour soutenir Nicolas Sarkozy.


C'est dans une interview accordée au journal Sud-Ouest, un quotidien régional, que Michèle Alliot-Marie a annoncé qu'elle renonçait à entrer dans la compétition au sein de l’UMP, constatant que «les nouveaux membres ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy». Elle ne veut pas «semer le trouble» et préfère ne pas être candidate «au soutien financier et logistique de l’UMP», mais n’exclut pas de présenter une candidature indépendante.

«Une femme libre»

Michèle Alliot-Marie le dit clairement, elle a «envie» d’être candidate. Osera-t-elle? Elle va «réfléchir» et consulter des parlementaires, des personnalités de l’UMP, mais aussi, par exemple, son association, le Chêne, un club de pensée créé fin octobre pour servir de base de soutien à son éventuelle candidature. Quoi qu'il en soit, le suspens sera levé avant le congrès du parti, le 14 janvier prochain, promet-elle.

A ceux qui croient qu’elle veut monnayer son sort dans la perspective de l’après-présidentielle, Michèle Alliot-Marie rétorque que, pour elle, le but en politique n’est pas de se «partager des postes», rappelant du reste qu’il est «très imprudent» de «se distribuer la dépouille de l’ours quand il est toujours vivant». Elle se défend aussi d’être la main invisible de Jacques Chirac, dont elle est proche. «Je ne me suis jamais laissé instrumentaliser», affirme la ministre de la Défense qui se présente en «femme libre».

Michèle Alliot-Marie ne croit pas «au mot de rupture», thème dominant de la campagne de Nicolas Sarkozy, et se défend de vouloir entraver la stratégie de l’UMP face à un Parti socialiste déjà en ordre de bataille. Elle estime avoir été «celle qui a le plus fait gagner le parti» sorti vainqueur de toutes les élections pendant les deux ans et demi où elle a présidé le RPR (1999 à 2002), avant sa transformation en l’UMP.

«Une aventure dramatique»

Certains sarkozystes ne croient pas à la candidature de Michèle Alliot-Marie. Ainsi, Nadine Morano, la députée UMP de Meurthe-et-Moselle, pense que «la sagesse» et «le sens des responsabilités» de Michèle Alliot-Marie vont la conduire à soutenir Nicolas Sarkozy et que pour la ministre de la Défense, «tout cela se terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy». Si Nadine Morano se montre optimiste, considérant que tout va «rentrer dans l’ordre», le sarkozyste Dominique Paillé estime, pour sa part, que Michèle Alliot-Marie risque d'exposer la majorité à «une aventure dramatique» en se présentant à la présidentielle de 2007. En effet, pour le député UMP du département des Deux-Sèvres, sa candidature priverait Nicolas Sarkozy de «quelques poussières de voix qui pourraient lui permettre de faire un bon premier tour».

Un sondage BVA du 13 décembre créditait Michèle Alliot-Marie de 3% des intentions de vote au premier tour et Nicolas Sarkozy de 32% des suffrages, derrière sa rivale, la candidate socialiste, Ségolène Royale (35%), favorite au deuxième tour, selon ce même sondage.

« Pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP »

Ne voyant «aucune justification» à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l’UMP, le député sarkozyste Yves Jégo considère qu’une telle démarche «ouvrirait une division». Tandis que, le porte parole de l’UMP, Luc Chatel prône le rassemblement. C’est que, déclare-t-il : «Chacun peut avoir son propre calendrier personnel», mais «nos électeurs, les militants, ceux qui se reconnaissent dans nos idées, ils veulent le rassemblement». «Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle», résume Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, fraîchement rallié à Nicolas Sarkozy.

A en croire ces réactions, les sarkozystes auraient préféré une candidature de Michèle Alliot-Marie à l'intérieur, plutôt qu'en dehors du parti. En effet, alors que les 327 000 adhérents de l’UMP s’apprêtent à désigner par vote électronique leur candidat à la présidentielle, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy est seul en lice. Pour sa part, s'affirmant «plus que jamais candidat», le député UMP de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, juge les primaires du parti «totalement artificielles».

Lors du dernier forum pré-électoral de l’UMP, le 21 décembre à Bordeaux, le ministre de l’Intérieur avait  lancé un appel à «l'unité» de ses troupes et obtenu le ralliement de nombreuses personnalités. Après Xavier Bertrand, ministre de la Santé, il y a quelques semaines, Jean-François Copé (Budget) ou Renaud Dutreil (PME), Philippe Douste-Blazy (Affaires étrangères) vient de se joindre aussi à la longue liste de ses supporteurs.

Le réveillon au Liban sud avec les casques bleus français

Autre soutien de poids pour M. Sarkozy, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qu'il avait chargé d'organiser les trois forums pré-électoraux du parti et qui a préparé le ralliement de chiraquiens comme Thierry Breton, Pascal Clément, Dominique Perben, Jacques Barrot. Quant à l’ancien Premier ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux, resté proche de Jacques Chirac, même s’il n’a pas explicitement annoncé son soutien à Nicolas Sarkozy, il a néanmoins affirmé que «parfois des ruptures sont nécessaires», évoquant ce thème cher au ministre-candidat.

En attendant sa décision sur son éventuelle candidature indépendante, Michèle Alliot-Marie part ce samedi au Liban pour une visite de 48 heures et passera le réveillon du Nouvel-An avec les soldats français de la Force intérimaire des Nations unies (Finul).



par Elisa  Drago

Article publié le 28/12/2006 Dernière mise à jour le 28/12/2006 à 18:03 TU