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Politique française

UMP : en attendant le 14 janvier

Après celle de Nicolas Sarkozy hier, d'autres candidatures à l'investiture de l'UMP sont attendues d'ici le 14 janvier. 

		(Photo : AFP)
Après celle de Nicolas Sarkozy hier, d'autres candidatures à l'investiture de l'UMP sont attendues d'ici le 14 janvier.
(Photo : AFP)
Avec l’entrée en lice officielle de Nicolas Sarkozy, les primaires sont ouvertes à l’UMP. Même si la désignation du président du mouvement fait peu de doutes, la participation au débat interne d’autres concurrents lui permettrait de montrer, qu’à l’UMP aussi, le processus de désignation du candidat à la présidentielle est démocratique. Et donc d’apparaître de manière incontestée comme le meilleur candidat dans son camp.

Nicolas Sarkozy a réussi à être le premier. En tout cas à l’UMP, puisqu’il a fait acte de candidature à l’investiture avant les autres. Du coup, certains concurrents potentiels du ministre de l’Intérieur pourraient rapidement annoncer leurs intentions. Christine Boutin doit faire savoir samedi 2 décembre si elle désire affronter Nicolas Sarkozy. Mais surtout, il semble que Michèle Alliot-Marie est sur le point de se déclarer elle aussi. Le compagnon de la ministre de la Défense, le député UMP Patrick Ollier, a laissé entendre dans Le Figaro qu’elle était arrivée au bout du processus de maturation : «Elle [Michèle Alliot-Marie] n’a pas créé l’association Le Chêne [un cercle de réflexion politique] et consulté des experts pour rien. Elle est entrée dans une logique de candidature et je serais surpris si tout cela se terminait dans une impasse».

Si Michèle Alliot-Marie accepte d’entrer dans la course à l’investiture à l’UMP, Nicolas Sarkozy aura déjà remporté une partie de son pari : limiter le risque d’une candidature importante à l’extérieur du mouvement. Pour y parvenir, il a fait des efforts. Il a rencontré la ministre de la Défense en aparté avant le bureau politique du 22 novembre dernier. Cet entretien était visiblement destiné à enterrer la hache de guerre entre les deux ministres après l’incident dont avait été victime Michèle Alliot-Marie quelques jours auparavant. Durant le Conseil national de l’UMP où elle était venue s’exprimer, le 16 novembre, elle avait en effet dû faire face à des sifflets et n’avait pas apprécié. Elle avait donc fait part de son mécontentement à Nicolas Sarkozy en lui envoyant une missive suffisamment explicite pour qu’il en tienne compte sans tarder. La décision d’allonger le délai imparti au dépôt des candidatures à l’investiture jusqu’au 31 décembre (au lieu du 4) a donc certainement été prise pour donner une opportunité supplémentaire de se déclarer à la ministre de la Défense.

Isoler Villepin

Une confrontation avec une adversaire du niveau de Michèle Alliot-Marie représenterait un excellent moyen pour Nicolas Sarkozy de démontrer qu’il n’a pas kidnappé le débat démocratique à l’UMP, sans courir de véritable risque puisqu’il sait qu’une très forte majorité de militants est décidée à voter pour lui. Elle lui permettrait, par ailleurs, de placer Dominique de Villepin, qui n’entrera certainement pas dans le processus au sein de l’UMP, dans une position plus isolée. Donc d’essayer d’utiliser le refus du Premier ministre de se soumettre aux règles du parti pour le faire apparaître comme le diviseur de la majorité. Du point de vue de Michèle Alliot-Marie, l’intérêt d’une candidature dans le parti pourrait être de ne pas se mettre à dos le ministre de l’Intérieur tout en faisant la preuve de son influence et de son pouvoir, en montrant qu’elle représente quelque chose dans sa famille. Et du coup, de placer des pions dans la perspective de l’après-élection.

Pour organiser le débat interne à l’UMP, Nicolas Sarkozy a demandé à l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin d’organiser trois «Forums de l’Union». Une formule symbolique pour désigner des exercices qui pourraient ressembler étrangement aux meetings-débats où les trois candidats socialistes s’étaient affrontés devant les militants il y a peu. Ils se dérouleront, en effet, dans trois villes : Paris (7 décembre), Lyon (15 décembre), c’est sûr. Mais Bordeaux qui avait été proposée par Alain Juppé n’a, semble-t-il, pas été retenue pour le 21 décembre.

Ces forums auront pour objectif «d’éclairer le choix des militants» et de «nourrir le projet présidentiel du candidat». Tous les candidats déclarés, mais aussi des personnalités qui représentent la «diversité» à l’UMP ou des «grands témoins» pourront y participer, selon Jean-Pierre Raffarin. Ce n’est donc pas tout à fait la même logique qu’au PS, où seuls les trois concurrents qui briguaient l’investiture avaient la parole. Mais il a bien fallu tenir compte de la possibilité que Nicolas Sarkozy soit le seul à avoir fait sa déclaration aux dates prévues. Les forums aborderont trois thèmes : liberté, égalité, fraternité. Le moins que l’on puisse dire c’est que cela ne désavantagera pas le président de l’UMP qui a fait de la promotion des valeurs républicaines son fond de commerce.

Ne pas subir

Le plébiscite de Ségolène Royal par les militants socialistes et le rassemblement du parti autour de sa candidature ne sont certainement pas étrangers au déroulement des derniers événements à l’UMP. Ils ont obligé Nicolas Sarkozy à prendre l’initiative pour ne pas subir la situation et courir après sa rivale qui peut désormais faire campagne sans contrainte. Malgré tous ses efforts, le président de l’UMP n’est pas encore dans cette situation. Vivement le 14 janvier.



par Valérie  Gas

Article publié le 30/11/2006 Dernière mise à jour le 30/11/2006 à 15:50 TU