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Politique française

Pas de répit pour Ségolène Royal

Lionel Jospin, l'ancien candidat, (à d.) se rallie à la nouvelle candidate, Ségolène Royal (à g.) comme beaucoup d'autres figures du Parti Socialiste. 

		(Photo : AFP)
Lionel Jospin, l'ancien candidat, (à d.) se rallie à la nouvelle candidate, Ségolène Royal (à g.) comme beaucoup d'autres figures du Parti Socialiste.
(Photo : AFP)
Ce n’est certainement pas par hasard que Ségolène Royal a choisi de se rendre à Bondy pour participer au «Parlement des banlieues» à la veille de son investiture officielle comme candidate du Parti socialiste, prévue dimanche 26 novembre. Elle doit y participer à un débat sur l’emploi, un thème qui sera au cœur de sa campagne électorale. Depuis le vote des militants en sa faveur, il y a une semaine, Ségolène Royal a décidé de rester en action pour profiter de l’élan populaire et continuer à faire passer des messages aux Français.

Etre à l’«écoute» : c’est ce que Ségolène Royal veut faire durant la première phase de sa campagne. Pas question pour elle de renoncer à des fondamentaux qui ont si bien fonctionné jusqu’à présent. La candidate l’a annoncé sans tarder après le vote des militants, sa campagne pour la présidentielle sera elle aussi «participative». Elle veut «écouter pour parler juste et agir juste». Elle veut aussi entendre les citoyens pour «apporter des idées neuves». Elle espère profiter de «l’intelligence collective».

L’objectif est clair, la méthode aussi. Ségolène Royal a l’intention de faire une campagne de terrain et de s’appuyer sur des relais locaux, notamment ses comités Désirs d’avenir. Pas de parisianisme élitiste, mais de la décentralisation dans les régions. La présidente du Poitou-Charentes a d’ailleurs lancé cette semaine un appel aux élus socialistes pour qu’ils contribuent dans leurs circonscriptions au «débat participatif» qu’elle veut susciter autour de quatre grands thèmes prioritaires : formation, éducation, accès au travail ; lutte contre toutes les formes de violence, de précarité, d’insécurité ; vie chère et pouvoir d’achat ; environnement et cadre de vie. Elle a aussi réuni, jeudi 23 novembre à l’Assemblée nationale, les présidents socialistes de région pour travailler avec eux sur ces problématiques.

Quelle place pour le Parti socialiste ?

Le ton est donné. Au Parti socialiste, il faudra désormais s’y faire : la désignation de Ségolène Royal comme candidate à la présidentielle a changé les choses. En annonçant sa volonté de renouveler les méthodes pour tenir compte des attentes des Français, Ségolène Royal sous-entend qu’elle ne veut pas mener sa campagne comme l’ont fait ses prédécesseurs. Et bien évidemment, la comparaison avec celle de Lionel Jospin en 2002 vient immédiatement à l’esprit. Reproche lui avait été fait, à l’époque, de s’être coupé de l’électorat et d’en avoir payé le prix au moment du scrutin. L’ancien Premier ministre avait d’ailleurs lui-même admis avoir commis un certain nombre d’erreurs dans ce domaine, après son échec au premier tour de la présidentielle.

Dans le schéma de campagne de Ségolène Royal, la place et le rôle du Parti socialiste sont encore assez flous. Gilles Savary, l’un des porte-parole de la candidate a indiqué que le PS allait servir de «vaisseau amiral». Ségolène Royal a, elle, affirmé son intention de solliciter avant tout les fédérations départementales dont elle entend faire «le lieu d’organisation et de mobilisation» de sa campagne. Le Premier secrétaire du PS, François Hollande, a quant à lui prôné la collaboration : «Il appartient au Premier secrétaire et à la candidate de mettre en place un dispositif cohérent».

L’un des plus gros points d’interrogation concerne la place qui sera faite, ou pas, aux éléphants. Tous ont accepté la victoire de Ségolène Royal et ont annoncé qu’ils lui apporteraient leur soutien. Ses adversaires des primaires, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, ont fait contre mauvaise fortune bon cœur et ont pris acte de leur défaite en lui offrant leurs services. Ségolène Royal n’a pas pour autant manifesté un grand empressement pour les appeler après le vote. Une manière de montrer qu’elle n’est en demande d’aucun soutien et surtout qu’elle n’offrira rien en échange. C’est en effet l’une des règles de conduite qu’elle a affichées jusqu’ici : ne jamais rien promettre.

Merci Lionel !

Lionel Jospin, qui n’avait renoncé à participer à la primaire qu’au dernier moment et que l’on disait plus que sceptique sur Ségolène Royal a, lui aussi, estimé sur son blog qu’il «allait de soi» qu’il soutienne sa candidature puisqu’elle «a été désignée de façon très nette par les adhérents du PS». Face à l’enthousiasme mesuré de Lionel Jospin, la candidate a réagi à sa manière, urbaine sans plus. Elle a dit qu’elle était «très heureuse» de son ralliement et a immédiatement relativisé l’impact de cette nouvelle en déclarant : «Son soutien m’est tout à fait précieux comme celui des tous les anciens Premiers ministres, en particulier celui de Pierre Mauroy».

Pour le moment, Ségolène Royal n’a donc pas donné beaucoup d’indications sur la manière dont elle entendait former son équipe de campagne et qui elle allait solliciter. Elle s’est juste préoccupée de trouver des locaux. Il sera temps d’aborder les questions qui fâchent après son investiture officielle, le 26 novembre, au cours de laquelle elle va prononcer un discours pour définir «sa ligne politique». Chaque chose en son temps.



par Valérie  Gas

Article publié le 23/11/2006 Dernière mise à jour le 23/11/2006 à 17:07 TU