Politique française
PS : Eh bien votez maintenant !
(Photo : AFP)
La primaire socialiste donnera-t-elle des idées aux autres partis français ? A voir. En tout cas, l’exercice sur lequel un certain nombre de réserves avaient été émises au départ a finalement suscité un intérêt important. Après un premier débat télévisé un peu guindé, les candidats ont rectifié le tir lors des deux suivants. Sans qu’il y ait d’échanges directs entre les participants, l’ambiance a été plus détendue. Chacun a pu faire passer son message et ses idées auprès d’un public large.
Laurent Fabius s’est présenté comme le seul candidat d’une «gauche de gauche». Ségolène Royal a poursuivi sur la ligne du renouveau, de la démocratie participative et de l’«ordre juste». Dominique Strauss-Kahn a plaidé pour la social-démocratie à la française. Et tous les trois ont manifesté leur satisfaction à l’issue de ces rendez-vous télévisés. Ségolène Royal a estimé qu’elle en sortait renforcée. Ses deux adversaires ont déclaré, qu’après ces débats, tous les espoirs leur étaient permis.
Couac et courtoisie
L’appréciation des meetings organisés devant les militants a été identique. Seul petit couac, lors de la réunion organisée à Paris, Ségolène Royal s’est heurtée à une salle hostile et a essuyé quelques sifflets. Une situation qu’elle n’a pas manquée de dénoncer immédiatement en invitant les uns et les autres à tout faire pour que cela ne se reproduise pas. Et lors du dernier débat à Toulouse les choses sont rentrées dans l’ordre.
Bien sûr, la règle de la courtoisie à laquelle se sont pliés les candidats devant les caméras et les militants, n’a pas évité quelques peaux de bananes. Une vidéo de Ségolène Royal en train de tenir des propos susceptibles de déplaire aux enseignants -elle préconisait de les faire travailler 35 heures dans leurs établissements, ce qui sous-entendait que ce n’était pas le cas jusqu’ici- a ainsi été diffusée sur internet dans la dernière semaine de campagne. La rumeur selon laquelle il s’agissait d’un mauvais coup d’un membre du camp de Dominique Strauss-Kahn s’est immédiatement propagée. Le député du Val d’Oise a démenti toute implication dans la diffusion de ce document. Mais Ségolène Royal n’a pas vraiment apprécié et a dénoncé «une atteinte aux règles d’honneur».
La présidente de la région Poitou-Charentes n’a pas aimé non plus être l’objet d’une petite phrase acerbe attribuée à Laurent Fabius. Celui-ci aurait posé la question : «Qui va garder les enfants ?» si Ségolène Royal est candidate à la présidentielle [son compagnon François Hollande est Premier secrétaire du Parti socialiste]. Elle a donc accusé son adversaire de dérive «machiste». Laurent Fabius a répondu en expliquant qu’il n’avait pas prononcé la phrase en question et qu’il n’appréciait pas d’être traité de «macho».
Rassembler après
Sans concessions mais sans agressions inacceptables, la campagne pour l’investiture socialiste n’a pas dérapé. Elle a atteint ses objectifs : ouvrir le débat et aborder les questions de fond pour permettre aux militants de choisir en connaissance de cause. Le Parti socialiste en sort avec une image de précurseur dans le paysage politique français, où les primaires ne sont pas rentrées dans les moeurs. Il reste maintenant à passer le cap du scrutin et de ses suites. A savoir obtenir un résultat incontesté -Laurent Fabius a déjà émis des doutes sur l’organisation du vote dans la fédération de l’Hérault-, indispensable pour pouvoir rassembler ensuite tous les socialistes autour du gagnant.
Pour y parvenir, Ségolène Royal et ses partisans ne voient qu’une méthode : un vote massif des militants en faveur de la députée des Deux-Sèvres dès le premier tour. Un score net en sa faveur étant présenté comme le meilleur gage d’union sur sa candidature. Ses adversaires espèrent, au contraire, qu’un deuxième tour aura lieu. De manière à pouvoir sortir vainqueur d’un face à face avec Ségolène Royal, que chacun voit en tout état de cause comme la concurrente incontournable.
Jusqu’à la dernière minute, les trois prétendants ont donc continué à aller à la rencontre des militants pour les convaincre. Laurent Fabius a réservé le privilège de sa dernière intervention à son fief électoral du Grand-Quevilly. Ségolène Royal a décidé de clore ses déplacements par la ville de Nantes. Dominique Strauss-Kahn a choisi d’enchaîner deux meetings, à Narbonne et Montpellier. Ils se rendront ensuite chacun dans leur section pour participer au scrutin.
Les modalités du vote pour l’investiture socialiste :
Votants : 218 771 militants sont appelés à participer au scrutin. Parmi eux, on dénombre 68 049 nouveaux adhérents qui ont pris leur carte du Parti avant le 1er juin 2006, à la suite d’une campagne d’adhésion lancée sur Internet.
Scrutin : entre 16h00 et 22h00 (locales), le jeudi 16 novembre, les militants peuvent voter dans les quelque 4 000 bureaux installés dans les sections, mairies, salles associatives… Le vote est personnel. Il n’y a pas de vote par procuration, courrier ou Internet.
Résultats : ils devraient être connus dans la nuit du 16 au 17 novembre.
Deuxième tour : si personne n’obtient la majorité absolue (50% des voix), les deux candidats arrivés en tête du premier tour devront être départagés lors d’un deuxième vote organisé le jeudi 23 novembre. Ils se retrouveront avant cette date pour un autre débat télévisé, le 21 novembre.par Valérie Gas
Article publié le 15/11/2006 Dernière mise à jour le 15/11/2006 à 17:09 TU