Politique française
Ségolène Royal plie mais ne cède pas
(Photo : AFP)
Mauvaise nouvelle pour Ségolène Royal : deux sondages indiquent une érosion de sa côte de popularité. A la suite du deuxième débat télévisé de la campagne pour l’investiture, qui a eu lieu mardi 24 octobre, le verdict des enquêtes est tombé. Selon l’institut Opinion Way pour Le Figaro et LCI, le pourcentage de sympathisants socialistes qui souhaitent voir la députée des Deux-Sèvres candidate à la présidentielle est passé de 63% avant le débat à 59% après. Un autre sondage réalisé par le CSA pour le Bleu de Profession politique, indique une chute encore plus importante. Ségolène Royal a perdu 15 points en passant 72% à 57% en une semaine. Cela semble plus profiter à Dominique Strauss-Kahn, qui confirme sa place d’outsider dans les deux enquêtes, qu’à Laurent Fabius. Il n’empêche que les résultats de ces deux sondages ne remettent pas en cause, pour le moment, la position de leader de Ségolène Royal. Les sympathisants socialistes la place toujours en tête, à environ deux semaines du vote des militants (16 novembre).
Ce rééquilibrage n’est pas véritablement étonnant. Après un premier débat télévisé guindé et consensuel, les deux adversaires de la madone des sondages ont rectifié le tir lors du deuxième, qui était consacré aux questions de société : éducation, intégration, sécurité.... Ils ont notamment attaqué sa proposition de créer des «jurys citoyens» devant lesquels les élus devraient rendre des comptes. Laurent Fabius, souvent le plus vindicatif contre Ségolène Royal, l’a accusée de «populisme». Il a estimé que cela revenait à introduire vis-à-vis des élus une «méfiance» que ceux-ci «ne méritaient absolument pas». Dominique Strauss-Kahn a estimé que le terme de «jury» était «assez mal choisi». Il s’en est aussi pris au thème de campagne de Ségolène Royal, «l’ordre juste», estimant que «l’ordre ne peut pas à soi seul constituer un projet politique de gauche».
Ségolène sous les huées
La différence que Ségolène Royal ne cesse d’afficher par rapport aux positions traditionnelles de son camp est bien au cœur de la contre-attaque de ses adversaires qui l’accusent notamment de s’écarter du projet socialiste. La présidente de la région Poitou-Charentes ne s’est pas laissée démonter pour autant. Elle a maintenu ses positions et a défendu sa conception de la «démocratie participative», plus proche des attentes des citoyens. Elle a reproché aux deux autres candidats de ne pas être conscients de l’ampleur de «la crise démocratique» en France. Elle a aussi confirmé qu’elle préconisait une mesure particulièrement critiquée à gauche : l’encadrement militaire des jeunes délinquants. Et elle a même caricaturé l’opinion de ses détracteurs en expliquant que le projet socialiste n’était pas «le petit livre rouge».
Ségolène Royal a encaissé les coups de butoir mais elle n’a pas cédé. Ni à la télé, ni face aux militants lors du deuxième meeting organisé, jeudi 26 octobre, au Zénith de Paris. Dans cette salle, habituellement dédiée aux concerts, l’ambiance a été chaude. Chaque candidat avait des partisans parmi les quelque 6 000 personnes présentes, et cela s’est entendu. Reste que les pro-Ségo qui l’ont acclamée, n’ont pas toujours réussi à crier assez fort pour couvrir les huées des militants hostiles. La candidate à l’investiture, venue sans note mais avec une jolie veste rose, a provoqué l’animosité d’une partie de la salle à plusieurs reprises, notamment lorsqu’elle a clamé en guise de justification de son désir de démocratie participative : «La démocratie, c’est comme l’amour, plus il y en a plus ça grandit».
Vivement le vote
Dure, dure est la campagne. En sortant de la salle, Ségolène Royal a d’ailleurs laissé pointer sa déception d’avoir été prise à partie par les militants, en déclarant pragmatique : «Les choses ont été un peu désagréables». Mais optimiste, elle a estimé qu’il fallait «rapidement tourner la page». Et enthousiaste, elle a affirmé que rien ne valait «un vote massif» des militants lors du premier tour du scrutin pour la désignation du candidat à la présidentielle, le 16 novembre, pour ressouder tous les socialistes. D’ici là, les trois prétendants se retrouveront encore pour le troisième débat télévisé (le 7 novembre) et le dernier rendez-vous avec les militants (le 9 novembre). La campagne n’est pas finie. Et finalement, elle n’est pas aussi fade et convenue qu’on pouvait le craindre.par Valérie Gas
Article publié le 27/10/2006 Dernière mise à jour le 27/10/2006 à 15:27 TU