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Politique française

Ségolène dans la ligne de mire

Ségolène Royal arrive à l’Université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal arrive à l’Université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle.
(Photo : AFP)
L’Université d’été du Parti socialiste, qui se déroule à La Rochelle (25-27 août), lance la compétition entre les candidats à l’investiture en vue de l’élection présidentielle. Le compte à rebours est désormais commencé puisque les candidatures officielles devront être déposées d’ici un mois. Ségolène Royal, qui reste plébiscitée par les sondages d’opinion -même si elle baisse légèrement-, entame la course en position a priori favorable par rapport aux autres prétendants au titre, qu’ils soient officiels ou officieux (Strauss-Kahn, Jospin, Fabius, Lang, Hollande). Reste qu’elle est aussi celle qui subira vraisemblablement les plus dures attaques de la part de ses concurrents qui enragent de se heurter à sa popularité comme à un roc.

A La Rochelle, c’est Ségolène qui reçoit. En tant que présidente de la région Poitou-Charentes, il lui revient de prononcer un discours lors de la séance d’ouverture de l’Université d’été du Parti socialiste. Un privilège ou une épreuve ? C’est la suite qui le dira. En tout cas, cet événement qui marque la rentrée politique au PS s’annonce animé. Car tous les prétendants à l’investiture y seront présents pour rencontrer un nombre record de militants (3 000). Il s’agit donc d’une tribune de choix pour marquer des points.

Le plus difficile sera de ne pas transformer une saine compétition en pugilat interne. Julien Dray, le porte-parole du PS, a essayé de mettre en garde contre une dérive vers «la guerre fratricide» qui provoquerait des «blessures irrattrapables». Cet appel à la raison n’est certainement pas tout à fait innocent puisque Julien Dray fait partie des proches de Ségolène Royal. S’agit-il alors de préserver l’image d’un parti déjà trop souvent pénalisé par ses luttes intestines ou d’essayer de persuader les adversaires de Ségolène Royal qu’ils n’ont pas intérêt à attaquer frontalement la députée des Deux-Sèvres ?

Attaquer ou pas ?

Il est vrai qu’il s’agit d’une stratégie risquée. Car Ségolène Royal a mis au point une tactique très rôdée qui consiste à se placer au-dessus de la mêlée en refusant de répondre lorsqu’elle est provoquée et en s’abstenant de lancer des piques aux autres socialistes qu’elle refuse -elle l’a redit vendredi- de rendre «malheureux». Cela lui a jusqu’ici permis à la fois de ne pas se mouiller et de se donner à voir comme dénuée d’agressivité gratuite.

Mais d’un autre côté, les débats organisés à l’Université d’été ne sont pas destinés aux échanges de politesses mais plutôt à la confrontation des idées. Et cela ouvre des perspectives pour mettre certaines choses au point avec Ségolène Royal. D’autant que celle-ci n’a pas manqué d’énerver un peu plus ses concurrents ces derniers jours. Par exemple, lorsqu’elle a invité, par la voix de François Rebsamen, le numéro deux du PS, Dominique Strauss-Kahn et Jack Lang à jeter l’éponge dans la course à l’investiture, les faisant se fâcher tout rouge. Cette façon que Ségolène Royal a de lancer à la face des éléphants son incontournable popularité comme la meilleure raison de se rallier à son tailleur cintré a le chic pour donner des palpitations à ces vieux routard de la politique, qui devront pourtant trouver le ton juste afin de ne pas se discréditer en égratignant la madone.

Un petit discours, et puis s’en va

Est-ce donc alors pour éviter des confrontations difficiles que Ségolène Royal a préféré prendre ses précautions en décidant de s’éclipser discrètement après son intervention de vendredi et de ne pas participer aux activités de l’université, ce qui ne l’empêchera pas d’être très présente dans les médias ? Elle a même décliné l’invitation à venir s’exprimer devant le Mouvement des jeunes socialistes -une sorte de test- alors que tous les poids lourds y seront bien présents pour exposer leurs arguments et leurs propositions : Straus-Kahn, Fabius, Hollande, Lang, Aubry et même Jospin. Et ce n’est certainement pas un hasard si l’ancien Premier ministre a choisi cette occasion pour s’exprimer, pour la première fois depuis son retrait post-21 avril, devant les socialistes. Certains attendent même qu’il y fasse acte de candidature ou, tout au moins, se positionne plus clairement dans la bataille. A défaut de passer ce cap, en se rendant à La Rochelle et en y prononçant un discours, Lionel Jospin montre au moins qu’il ne demande qu’à revenir.

Ses paroles seront donc parmi les plus attendues par les militants mais aussi par les responsables socialistes. Martine Aubry l’a dit, de la candidature, ou pas, de Lionel Jospin dépend la décision de certains autres candidats potentiels d’entrer dans la danse, à commencer par elle. En ce qui concerne Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, peu importe que Lionel Jospin y aille ou non, ils brigueront l’investiture. Jack Lang, qui cherche encore des parrainages, est moins assuré. Reste François Hollande. Le Premier secrétaire n’exclut pas de postuler pour porter la bannière socialiste si le «rassemblement» l’exige. Une position qui le fait soupçonner de regarder sa compagne -Ségolène Royal- semer la zizanie pour mieux endosser, ensuite, le costume de l’homme providentiel. La cloche de l’union n’a pas encore sonné, à La Rochelle les socialistes entament seulement la compétition.



par Valérie  Gas

Article publié le 25/08/2006 Dernière mise à jour le 25/08/2006 à 16:04 TU