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Politique française

Les socialistes, experts en synthèse

(De gauche à droite) Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Ségolène Royal. Les socialistes ont réussi leur synthèse sur le projet du parti pour l’élection présidentielle de 2007.(Photo : AFP)
(De gauche à droite) Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Ségolène Royal. Les socialistes ont réussi leur synthèse sur le projet du parti pour l’élection présidentielle de 2007.
(Photo : AFP)
Le projet socialiste pour l’élection présidentielle a été voté à l’unanimité par les membres du bureau national. Après dix heures de débats, la synthèse a donc une nouvelle fois été réussie autour d’un programme «de rassemblement de la gauche», intitulé «Réussir ensemble le changement». Au bout du compte, les principaux candidats à l’investiture affirment tous être satisfaits : de Laurent Fabius à Ségolène Royal en passant par Dominique Strauss-Kahn. Qui a dit que les ambitions personnelles pouvaient mettre en péril l’unité du PS ?

La bataille a-t-elle eu lieu ? Officiellement non. Les débats entre les 73 membres du bureau national du Parti socialiste pour adopter le projet pour la présidentielle se sont déroulés, à en croire les participants, dans «un bon état d’esprit» et un «excellent climat». Et pourtant, les rivalités s’étaient largement exacerbées ces derniers jours. La faute à Ségolène Royal et à ses déclarations «pieds dans le plat» sur la sécurité et les 35 heures. Si tout le monde s’est donc efforcé, au sortir de la réunion, de mettre en valeur la capacité des socialistes à jouer collectif malgré tout, l’exaspération face à Ségolène Royal aura vraisemblablement affleuré dans les échanges. Notamment lorsque Bertrand Delanoë, le maire de Paris, a déploré que «les débats à l’extérieur du parti s’organisent autour de thèmes qui ne sont pas les nôtres». Une pique directement adressée à la présidente de la région Poitou-Charentes et à ses tâtonnements sur la question de la répression de la délinquance des jeunes.

Cela n’a pas empêché les cadres socialistes de faire aboutir leurs délibérations sur le projet pour la présidentielle sans discorde publique. Le vote a été unanime. Seules quelques abstentions ont été enregistrées, comme celle d’Arnaud Montebourg, leader du courant «Rénover maintenant», qui estime que ce texte est «un compromis politique qui a le mérite d’exister» mais qu’il ne va néanmoins «pas assez loin pour répondre à la crise politique et aux problèmes posés par la mondialisation». Mieux, chacun affirme même adhérer sans réserve à la ligne d’action définie, que les militants doivent maintenant discuter et voter (22 juin).

A gauche-gauche

Laurent Fabius est satisfait de l’ancrage clairement à gauche du projet et se sent soulagé que la dérive vers le centre-droit soit sans ambiguïté repoussée. D’autre part, il ne peut que se réjouir que la mesure phare qu’il préconisait -le Smic (salaire minimum) à 1 500 euros d’ici 2012- ait été retenue. Dominique Strauss-Kahn a lui aussi salué la décision d’intégrer dans le programme son amendement sur le «développement solidaire». Benoît Hamon, du courant NPS (Nouveau Parti socialiste), a de la même façon marqué sa satisfaction de voir placé en haut du projet la politique salariale et les changements institutionnels. Sur ce dernier point, le programme propose, en effet, une réforme pour faire une «République parlementaire» et mettre en place une procédure de destitution du président de la République en cas de «faute politique lourde».

Quant à Ségolène Royal, elle a participé à la chorale des réjouis. Elle estime qu’elle a été entendue sur le thème de la délinquance puisque sa proposition de mise sous tutelle des allocations familiales versées aux parents de jeunes délinquants a été intégrée dans le programme socialiste. De même que celle de créer des «internats scolaires» (pour les jeunes qui perturbent les établissements) ou de renforcer «les adultes dans les collèges» (tuteurs chargés d’assurer la discipline). Peu importe alors, à l’entendre, que les socialistes aient rejeté le système de l’encadrement «militaire» des primo-délinquants de plus de16 ans puisque l’objectif de tous est de «trouver des alternatives à la prison». Sur la réforme des 35 heures, à propos de laquelle elle avait dressé un bilan mitigé, elle a fait remarquer que personne ne l’avait contesté en commission de projet.

Défendre le projet, garder sa liberté de parole

Tout cela pour dire que de son point de vue, elle n’aura aucune difficulté à défendre le programme socialiste tel qu’il a été adopté, quoi qu’en disent ses camarades détracteurs. Ségolène Royal a d’ailleurs rendu hommage au «talent» de son compagnon, le Premier secrétaire François Hollande, qui a réussi à mener le parti à ce compromis acceptable pour tous et défendable par tous. Reste que le dirigeant du PS a bien clarifié la règle du jeu, une fois le projet adopté, plus question de prendre «ses distances» avec lui. Pas sûr que sur ce point, le couple soit totalement à l’unisson. Madame Royal a, en effet, apporté une petite précision : faire sien le projet socialiste si elle est désignée candidate du parti, ne signifie pas renoncer à sa «liberté de parole». Socialiste elle est, mais Ségolène elle restera.



par Valérie  Gas

Article publié le 07/06/2006Dernière mise à jour le 07/06/2006 à 16:09 TU

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Henri Rey

Politologue, directeur de recherche au CEVIPOF, le centre de recherche de Sciences politiques

«Dans la synthèse présentée par les socialistes, il y a les grands thèmes comme l'économie, le social, mais aussi un certain nombre de mesures phares, de mesures concrètes, qui vont frapper l'opinion, et donner une image publique de ce que représente l'orientation politique de la gauche.»

[07/06/2006]

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