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Politique française

PS : débats mode d'emploi

(Photo : www.parti-socialiste.fr)
(Photo : www.parti-socialiste.fr)
Le Parti socialiste organise à partir du 17 octobre une série de six débats entre les trois candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle : Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Il y aura trois débats télévisés retransmis en prime time par La Chaîne parlementaire, Public Sénat, LCI, i-télé et BFM-TV (17, 24 octobre et 7 novembre), et trois débats devant les militants (19, 26 octobre et 9 novembre). Les âpres négociations entre les états-majors de chacun des prétendants concernant les conditions d’organisation de ces débats révèlent l’importance de l’enjeu qu’ils représentent. Fabius et Strauss-Kahn espèrent qu’ils vont leur offrir un moyen de damer enfin le pion à Ségolène Royal, qui, elle, entend ne pas y perdre son capital popularité.

Débattre sans se parler : c’est la formule retenue par le bureau politique du Parti socialiste. L’objectif affiché est louable. Il s’agit, dit-on dans la «charte d’organisation du débat interne» finalement acceptée par tous les camps, de «garantir l’égalité entre les candidats» et «la sérénité du débat». En plaçant les candidats les uns à côté des autres, en leur donnant la parole à tour de rôle durant les débats et en ne leur permettant pas de s’interrompre, on a mis en place les garde-fous nécessaires pour éviter des empoignades dommageables en terme d’image, aussi bien pour le parti que les candidats eux-mêmes. Chaque candidat aura un temps de parole total de 30 minutes. Il devra motiver sa candidature puis répondre aux questions envoyées par les militants, par mail ou par courrier, et sélectionnées par une commission. Avant de conclure finalement son intervention en quelques minutes.

Les débats télévisés seront organisés autour d’un thème : questions économiques et sociales pour le premier, puis société et environnement, et enfin Europe et international. En contre-partie de la large médiatisation rendue possible par les débats télévisés, ceux qui seront organisés devant les militants (à Clermont-Ferrand, à Paris et à Toulouse) ne pourront être ni filmés, ni enregistrés. Là aussi, tout est fait pour limiter les conséquences d’éventuels dérapages.

Pas d’improvisation

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas de place pour l’improvisation. Ce que Dominique Strauss-Kahn a d’ailleurs regretté. Il aurait aimé avoir à répondre à quelques questions surprises afin de pouvoir donner un peu plus de spontanéité à l’exercice du débat télévisé. Mais François Hollande a jugé, pour sa part, qu’il était de rigueur «de prendre toutes les précautions utiles pour que les idées soient exposées… que les caractéristiques de chacune des candidatures soient regardées». Autrement dit, pour éviter de faire «du spectacle politique» qui n’aboutirait qu’à affaiblir le parti.

A en croire le Premier secrétaire, il n’est nullement question de protéger sa compagne, Ségolène Royal, contrairement à ce que prétendent les deux autres candidats. Il l’a dit et redit : «Je ne fais pas une campagne présidentielle au sein du Parti socialiste». Sa seule intention est donc, dit-il, de mettre les militants dans les meilleures conditions possibles pour faire leur choix.

Les précautions prises par la direction du parti pour organiser la campagne interne, tout autant que les exigences ou réticences manifestées par les candidats, montrent que la désignation d’un héraut socialiste pour la présidentielle de 2007 est un peu différente de celle des précédents scrutins. Cette fois-ci, en effet, aucun candidat incontesté n’a émergé comme cela avait pu être le cas avec François Mitterrand, bien sûr, mais aussi avec Lionel Jospin ensuite. Le Premier secrétaire qui aurait pu prétendre être l’homme de la situation n’est finalement pas en lice. Du coup, le Parti socialiste se retrouve avec trois candidats de poids équivalent. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils se ressemblent.

Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, sont de vrais caciques du PS. Ils ont trouvé leur légitimité dans le soutien des militants et des courants sur lesquels ils s’appuient. Ce n’est pas le cas de Ségolène Royal. Celle-ci a, au contraire, depuis le début, essayé de s’affranchir des logiques du parti en prenant des positions iconoclastes et en allant chercher des soutiens chez les sympathisants plutôt que chez les militants. Elle se présente avec une côte de popularité au zénith et fait figure, à en croire les sondages, de candidate préférée des Français. Reste à savoir si le visage du PS correspond au visage de la France ?

Pour qui vont voter les nouveaux militants ?

Et sur ce point, une interrogation taraude les candidats : pour qui voteront les quelque 80 000 nouveaux adhérents du Parti socialiste (sur un total d’environ 200 000), qui ont pris leur carte à la suite de la dernière campagne d’adhésion, lancée sur Internet ? Il semble qu’un grand nombre de ces nouveaux militants aient été motivés par la volonté de barrer la route de l’Elysée à Nicolas Sarkozy, en participant à la désignation du candidat socialiste le mieux placé pour y parvenir. Une logique différente de celle des adhérents de toujours qui participent aux réunions de section et ont un engagement politique actif basé sur des convictions. Cette situation fait craindre à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius que ces nouveaux venus ne penchent plutôt du côté de Ségolène Royal. Verdict le 16 novembre, date du premier tour du vote des socialistes.



par Valérie  Gas

Article publié le 17/10/2006 Dernière mise à jour le 17/10/2006 à 12:27 TU