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Politique française

Tous contre Ségolène et Nicolas

Marie-George Buffet, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen pensent qu’à force de dénoncer l’attitude et les prises de positions de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ils parviendront à faire souffler le vent de l’opinion de leur côté. 

		(Photo : AFP)
Marie-George Buffet, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen pensent qu’à force de dénoncer l’attitude et les prises de positions de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ils parviendront à faire souffler le vent de l’opinion de leur côté.
(Photo : AFP)
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ne sont, pour le moment, ni l’un ni l’autre officiellement candidats de leur parti pour la présidentielle, mais ils caracolent depuis des mois en tête des sondages. Une bonne raison pour leurs adversaires, qui ambitionnent de jouer un rôle dans le scrutin, de dénoncer leur omniprésence médiatique et leur racolage politique. Il y a finalement un plus petit dénominateur commun entre le leader du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, celui de l’Union pour la démocratie française (UDF), François Bayrou, celle du Parti communiste (PC), Marie-George Buffet : critiquer à qui mieux-mieux le président de l’UMP-ministre de l’Intérieur et la députée des Deux-Sèvres-présidente de la région Poitou-Charentes.

Les sondages passent, les favoris demeurent. La dernière enquête TNS-Sofres-Unilog, publiée le 13 novembre par Le Figaro, place encore une fois Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy largement en tête dans la course à la présidentielle. Chacun d’entre eux obtient 34% des intentions de vote au premier tour parmi les sondés. Ils devancent donc largement leurs poursuivants de droite, de gauche et du centre. Jean-Marie Le Pen obtiendrait 13% si Ségolène Royal était candidate, François Bayrou 7% et Marie-George Buffet 2%. Décidément, le moment du revirement de l’opinion n’est pas encore venu.

Cela n’empêche pas les seconds couteaux de la présidentielle de croire dur comme fer qu’à force de dénoncer l’attitude et les prises de positions de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ils parviendront à faire souffler le vent de l’opinion de leur côté. Le créneau de la troisième voix est indéniablement en vogue dans le club des outsiders, un peu sur le mode du ni, ni. Ni Royal, ni Sarkozy, des candidats qui représentent l’affrontement habituel entre les deux partis traditionnels de la droite et de la gauche. Ceux qui ont gouverné jusqu’ici et doivent donc assumer les bilans.

«Sarko-girouette, Ségo-gaffeuse»

Pour Jean-Marie Le Pen, il n’y a pas photo. C’est bonnet blanc et blanc bonnet. Le dirigeant du FN s’en prend depuis toujours aux responsables de la droite et de la gauche qui ont «cassé» l’emploi et le pouvoir d’achat. Mais lorsqu’il s’agit de passer aux travaux pratiques et d’attaquer ceux qu’il a identifiés comme ses plus probables adversaires pour avril 2007, le leader du Front national n’hésite pas à employer des formules choc. Au Bourget, où était organisée la première convention présidentielle du FN, il a qualifié Nicolas Sarkozy de «girouette», Ségolène Royal de «gaffeuse». Il s’en est aussi donné à cœur joie en rebondissant notamment sur la rupture, le thème de la campagne de son principal ennemi politique, Nicolas Sarkozy. A en croire Jean-Marie Le Pen, «l’homme du vrai changement et pas de la rupture bidon», c’est lui et pas le ministre de l’Intérieur. Ségolène Royal n’est pas mieux lotie. Il la présente comme «Lady Nunuche ou la Fée Gribouille».

Mais Jean-Marie Le Pen n’est pas le seul à avoir la députée des Deux-Sèvres et le président de l’UMP dans sa ligne de mire. François Bayrou n’est pas en reste. Le dirigeant du parti centriste prépare le terrain de sa candidature en attaquant sans ménagement Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Car lui non plus ne désespère pas d’être la surprise du deuxième tour, celui qui cassera la logique des grands partis. A entendre le président de l’UDF, la popularité de ses deux adversaires est le résultat «de la plus vaste opération de bourrage de crâne qui ait jamais été mise en œuvre depuis des décennies». Une manière de dénoncer la couverture médiatique dont ils font l’objet et la dictature des sondages qui subtiliseraient, à l’entendre, le libre arbitre des Français. Mais surtout, François Bayrou renvoie dos à dos «ces deux candidats prétendument rivaux [qui] ne sont pas un duel mais  un duo». Et il dénonce dans la foulée «la politique du bouc-émissaire» qu’ils mènent chacun à leur manière. Ségolène Royal en s’en prenant aux enseignants qui ne travaillent pas 35 heures, Nicolas Sarkozy en accusant les juges de ne pas être assez sévères avec les jeunes délinquants. Et le président de l’UDF de se présenter comme le seul capable d’incarner «une politique radicalement nouvelle» basée sur le «rassemblement» et donc comme un rempart contre l’extrême-droite.

«L’alternance à Sarkozy, ce n’est pas une gauche Royal»

Marie-George Buffet, qui vient d’être désignée par le Parti communiste pour porter ses couleurs, a peu de chance d’atteindre le seuil critique pour être au deuxième tour de l’élection présidentielle. Mais elle espère dépasser les frontières de son mouvement et rassembler les collectifs de la gauche de la gauche sur une candidature commune, de manière à conquérir un électorat plus large. Pour les représentants de cette mouvance avant tout antilibérale, où l’on retrouve des communistes, des trotskistes, des altermondialistes, des écologistes, Nicolas Sarkozy est bien évidemment la première cible. Mais Ségolène Royal n’est pas, non plus, en odeur de sainteté. Pour Marie-George Buffet : «Quel que soit le candidat à la tête de la gauche (au second tour), il faudra se rassembler pour faire barrage à Sarkozy. Mais si nous voulons battre cette droite durablement, il faut combattre toutes les politiques libérales, quels que soient ceux qui les mènent. L’alternance à Sarkozy, ce n’est pas une gauche Royal». Des deux côtés de l’échiquier politique, ces deux-là font l’unanimité contre eux.

par Valérie  Gas

Article publié le 13/11/2006 Dernière mise à jour le 13/11/2006 à 16:39 TU