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Politique française

Majorité: la course à la candidature

La candidature de Nicolas Sarkozy (centre) pour la présidentielle de 2007 n'est pas encore jouée pour ses collègues de l’UMP, Dominique de Villepin (gauche) et Michèle Alliot-Marie. 

		(Photos : AFP)
La candidature de Nicolas Sarkozy (centre) pour la présidentielle de 2007 n'est pas encore jouée pour ses collègues de l’UMP, Dominique de Villepin (gauche) et Michèle Alliot-Marie.
(Photos : AFP)
L’investiture de Ségolène Royal a eu un effet immédiat : elle a relancé le débat sur la désignation du candidat de la majorité à la présidentielle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les positions divergent sur cette question. Si Nicolas Sarkozy veut saisir la balle au bond et prendre l’initiative, ses adversaires entendent bien le freiner dans ses ardeurs et lui faire comprendre que les jeux ne sont pas faits.

Après tout, l’investiture de Ségolène Royal par les militants socialistes n’est pas une si mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy. En tout cas, le président de l’UMP a pris soin de voir le bon côté des choses. Il a ainsi félicité la députée des Deux-Sèvres mais il a surtout présenté leur duel comme acquis: «Je me réjouis parce que c’est une personne de qualité. Et je suis sûr qu’après ce débat [entre elle et moi] les Français seront bien informés du choix et des conditions de ce choix ».

Le fait que Ségolène Royal ait été désignée représente donc plutôt un argument en faveur de Nicolas Sarkozy dans le débat sur le choix du candidat issu de la majorité. Le ministre de l’Intérieur a estimé que le vote des socialistes était un indicateur de l’existence d’«une aspiration forte du PS, mais aussi des Français dans leur ensemble, au renouvellement de la classe politique et à un débat pour 2007 qui soit le débat de la modernité». Un phénomène dont il entend lui aussi profiter.

Place aux jeunes

Edouard Balladur fait la même analyse. L’ancien Premier ministre qui avait présenté sa candidature en 1995 contre Jacques Chirac avec le soutien de Nicolas Sarkozy, a déclaré: «Il y a une époque qui se termine. Les Français ont envie d’autre chose, ils ont besoin d’autre chose». Et de conclure : «La candidature de Madame Royal et celle de Nicolas Sarkozy exprimeront bien ce besoin de renouveau non seulement des responsables mais des idées». Certes, il ne fait mystère pour personne qu’Edouard Balladur soutient Nicolas Sarkozy. Mais son discours sur le nécessaire renouvellement des générations politiques est néanmoins rendu assez crédible par le fait qu’il a annoncé son intention de ne pas briguer un nouveau mandat de député lors des prochaines législatives, pour laisser la place à «des plus jeunes».

Tout le monde n’est pas pour autant sur cette ligne à l’UMP (le parti majoritaire). Dominique de Villepin n’entend pas conforter son ministre de l’Intérieur dans l’idée qu’il est le seul à pouvoir affronter Ségolène Royal lors de la présidentielle. Il a réaffirmé que «rien» n’était joué pour le moment. Et il n’a pas voulu abonder dans le sens de ceux qui pensent dans le parti qu’il faut accélérer le calendrier de désignation du représentant de l’UMP: «Nous ne sommes pas au bout du débat politique en ce qui concerne l’éventuel candidat de notre famille». Il a même estimé que «la précipitation du Parti socialiste est une erreur». Son argument : «Une fois que vous avez défini deux candidats et que vous avez figé les choses, vous donnez l’impression aux Français que tout est pré-joué». Sera-t-il lui-même candidat, y songe-t-il ? Là-dessus point de réponse du chef du gouvernement qui affirme inlassablement qu’il est dans l’action. A défaut de donner une indication fiable sur ses ambitions personnelles, sa position montre au moins qu’il refuse de fermer la porte pour lui ou un membre de son camp. Et surtout, qu’il n’est pas prêt pour l’ouvrir à Nicolas Sarkozy.

A chacun son calendrier

Dans le cas de Michèle Alliot-Marie, la donne est différente. La ministre de la Défense a depuis longtemps évoqué l’hypothèse d’une candidature à la présidentielle. Et l’investiture de Ségolène Royal ne semble pas l’avoir convaincue qu’il fallait qu’elle renonce. Elle a déclaré dans un entretien au Journal du Dimanche, paru le 19 novembre, qu’elle communiquerait comme prévu sa décision au début de l’année 2007. Et elle a jouté: «Personne ne me fera taire». Pas de doute que cette phrase cinglante s’adresse à Nicolas Sarkozy, après l’épisode mouvementé de l’intervention de Michèle Alliot-Marie devant le conseil national de l’UMP, le 15 novembre, où elle a été l’objet de sifflets.

La stratégie des adversaires de Nicolas Sarkozy dans la majorité semble clairement de faire durer le suspense le plus longtemps possible et de se ménager un espace de manœuvre  jusqu’au vote des militants UMP le 14 janvier. Et pourquoi pas après, si l’envie prenait à un candidat de se présenter en dehors du parti. Face à cela, le président de l’UMP va être obligé de faire des choix dans un temps beaucoup moins flou. Si sa candidature est un «secret de polichinelle», comme l’a dit Edouard Balladur, il doit tout de même passer par une annonce officielle. D’aucuns estiment que Nicolas Sarkozy va se déclarer assez vite, fin novembre-début décembre. Une fois que cela sera fait, il devra préciser s’il reste au gouvernement et jusqu’à quand. Des questions sur lesquelles les avis divergent dans son entourage. Certains lui conseillent un départ rapide, Nicolas Sarkozy semble envisager de rester le plus longtemps possible. Sur ce point Dominique de Villepin a estimé, qu’à son avis, il n’était pas de «l’intérêt» de Nicolas Sarkozy de demeurer ministre une fois que sa candidature sera officielle. Les méchantes langues penseront que c’est, en soi, une bonne raison de faire le contraire.



par Valérie  Gas

Article publié le 20/11/2006 Dernière mise à jour le 20/11/2006 à 15:08 TU