Politique française
UMP : et un, et deux forums
(Photo: AFP)
Des thèmes plus précis, les mêmes questions pour tous, moins de participants, une interactivité avec la salle : le deuxième forum de l’UMP à Lyon ne se déroulera pas comme le premier. Jean-Pierre Raffarin, l’homme chargé de concevoir et organiser ces débats censés rythmer la campagne interne à l’UMP, a entendu les critiques de Michèle Alliot-Marie. Il est vrai que l'ancien Premier ministre n’avait pas vraiment le choix. La ministre de la Défense était sortie très contrariée du premier débat, à Paris, et avait immédiatement posé ses conditions. Il n’était pas question pour elle de continuer à participer à cet exercice si les règles n’évoluaient pas.
Lors du premier forum, une quinzaine d’élus (Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Bernard Accoyer, Valérie Pécresse, Pierre Méhaignerie…), installés autour d’une table, avaient pris la parole et répondu aux questions des internautes, sélectionnées par le spécialiste de l’UMP, Loïc Le Meur, sur le thème de la liberté. Pas assez de confrontation d’idées, un thème trop large, des temps de parole inéquitables : à écouter le bilan du forum parisien dressé par Michèle Alliot-Marie, on sentait bien qu’elle estimait avoir été prise au piège et désavantagée par rapport au président de l’UMP, vedette trop omniprésente.
«Tout est négociable»
Même si Nicolas Sarkozy a fait part de sa satisfaction à l’issue d’un «débat de bonne qualité», son entourage a immédiatement réagi aux critiques de Michèle Alliot-Marie en marquant bien qu’il en serait tenu compte. Valérie Pécresse, porte-parole de l’UMP, a déclaré : «Nous allons retravailler sur le forum de Lyon. Monsieur Raffarin verra s’il y a des choses à corriger, à rectifier, en termes de prises de parole, d’interactivité, de présentation de la salle. Tout est négociable, tout est possible». Jean-Pierre Raffarin, le maître d’œuvre de l’organisation des forums, a lui aussi manifesté sa détermination à «tout faire» pour que Michèle Alliot-Marie soit présente au deuxième mais aussi au troisième débat. Expert dans l’art de la formule, l’ancien Premier ministre a expliqué qu’«en politique, les chaises vides ne sont pas fertiles».
L’absence de Michèle Alliot-Marie aurait porté un rude coup au déroulement de ces débats destinés à montrer la diversité du parti et à donner un caractère démocratique à la désignation, qui ne fait que peu de doute, de Nicolas Sarkozy comme candidat de l’UMP à la présidentielle. Patrick Devedjian, ancien ministre de l’Industrie et proche de Nicolas Sarkozy, n’a pas caché que de ce point de vue, la participation de la ministre de la Défense au processus de campagne interne était essentielle : «C’est bien qu’il y ait quelqu’un qui fédère une opposition à Nicolas Sarkozy». Il a même estimé que Michèle Alliot-Marie ne devait pas s’en tenir là : «J’espère qu’elle sera candidate parce qu’elle représente une différence à l’intérieur de l’UMP, que nous avons besoin de cette différence».
Pas de forum pour Villepin
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Michèle Alliot-Marie est parfaitement consciente de se trouver dans une position clef car Nicolas Sarkozy a beau se présenter comme le candidat naturel de l’UMP, il ne veut pas donner l’impression d’avoir été désigné sans débat. Et elle en profite. Mais à force d’avoir des exigences et de maintenir le suspens, Michèle Alliot-Marie commence à provoquer quelques impatiences dans son propre camp. Certains députés UMP ont, en effet, estimé qu’il était temps pour elle de dire si elle compte être candidate, ou non. Michèle Alliot-Marie n’est pas de cet avis. Elle a réaffirmé qu’elle ne se laisserait influencer par personne pour déterminer son calendrier : «On ne me fera pas avancer ma déclaration de candidature».
Décidément, les ténors de la majorité ne veulent pas faciliter la tâche de Nicolas Sarkozy. L’autre concurrent de poids face au ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, a lui refusé tout net de participer aux forums. Le Premier ministre, qui ne cesse d’affirmer qu’il veut être dans l’action jusqu’au bout, affirme avoir un emploi du temps trop chargé pour venir apporter sa pierre au débat démocratique dans son parti. Il a déclaré : «Je ne pense pas que c’est ma place», et a ajouté qu’il avait «les deux mains dans l’huile pour mieux faire marcher le moteur». Une manière de montrer sa différence avec Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin, qui n’a toujours pas dit lui non plus s’il envisageait de se lancer dans la course à l’Elysée, a tout de même déclaré récemment qu’il souhaitait qu’il n’y ait qu’un seul candidat de l’UMP. Ce que les proches de Nicolas Sarkozy ont interprété avec satisfaction comme un premier pas vers l’annonce de son renoncement définitif.
par Valérie Gas
Article publié le 14/12/2006 Dernière mise à jour le 14/12/2006 à 17:34 TU