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Espagne

L’ETA rompt le cessez-le-feu

Un attentat à la voiture piégée, revendiqué par l'ETA, a fait quatre bléssés dans un parking de l'aéroport international de Madrid. 

		(Photo : AFP)
Un attentat à la voiture piégée, revendiqué par l'ETA, a fait quatre bléssés dans un parking de l'aéroport international de Madrid.
(Photo : AFP)
Une voiture piégée a explosé samedi matin dans un parking de l’aéroport de Madrid-Barajas dans la capitale espagnole, après des appels téléphoniques anonymes avertissant de l’imminence de l’attentat qui a provoqué 19 blessés légers. Les secouristes sont toujours à la recherche de deux disparus qui peuvent être sous les gravats. Les autorités affirment que l’organisation séparatiste basque a voulu rompre le cessez-le-feu décrété en mars dernier. Le Premier ministre Zapatero a suspendu le dialogue avec l’ETA.

L’explosion a été «très importante, très puissante», selon  le ministre espagnol de l’Intérieur Alfredo Perez Rubacalba qui a également souligné que la structure du parking du terminal 4 de l’aéroport de Madrid avait été «sérieusement endommagée». L’engin, composé de plusieurs centaines de kilos d’explosifs se trouvait dans une fourgonnette qui avait été volée en France à un jeune basque espagnol qui a été «séquestré pendant trois jours» par des membres de l’ETA, a révélé dimanche le ministère espagnol de l’Intérieur. L’explosion s’est produite vers 9 heures (08 H 00 TU) dans le parking de ce terminal, inauguré en février dernier, éloigné de deux kilomètres des autres terminaux  de l’aéroport. La  police, avait pu boucler l’aérogare, suite à trois appels téléphoniques signalant l’imminence de l’attentat. L’un des correspondants anonymes a dit parler au nom de l’ETA.

Quatre personnes - dont deux policiers - ont été légèrement blessées, apparemment par des bris de verre. Quinze autres personnes ont été aussi affectées et souffraient de troubles auditifs. Les secouristes recherchaient toujours dimanche deux immigrés équatoriens qui pourraient se trouver sous les décombres.

Négociations bloquées

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a annoncé samedi soir qu’il avait ordonné «la suspension de toutes initiatives liées au développement» du processus de paix avec l’ETA. Il a jugé l’attentat «totalement incompatible» avec le cessez-le-feu permanent décrété le 22 mars par l’organisation indépendantiste basque armée, soulignant que «la condition pour le dialogue était, et demeure, la volonté sans équivoque de l’ETA de renoncer à la violence». Des sources indépendantistes basques, cités par l’AFP ont déclaré dimanche que l’ETA a voulu attirer l’attention du gouvernement sur le blocage du processus de paix et qu’elle «n’avait pas l’intention de tuer». Les deux disparus, s’ils sont retrouvés morts, seraient ainsi des «victimes accidentelles», selon l’organisation. Le dernier attentat mortel de l’ETA a été commis en 2003. Arnaldo Otegi, le leader du parti basque Batasuna, bras politique de l'ETA, a affirmé que «le processus n'est pas rompu» et même «plus que jamais nécessaire». Il a estimé que le gouvernement Zapatero était le principal «responsable» des «blocages structurels» du processus de paix, pour n'avoir «pas fait le moindre geste en neuf mois» en faveur des indépendantistes.

Des contacts étaient en cours entre des émissaires du gouvernement du Premier ministre Zapatero et des délégués de l’ETA. Des difficultés ont été signalées, suite au vol de 350 armes de poing, le 23 octobre dernier, à Vauvert dans le sud de la France, ce qui semblait indiquer que l’ETA était en train de se réarmer. Les séparatistes exigent également le transfert des détenus «etarras» dans des prisons plus proches de chez eux et exigent la légalisation du mouvement Batasuna.

L’organisation revendique l’indépendance d’Euskal Herria - le territoire qui comprend la région autonome du Pays basque espagnol, ainsi que la Navarre et le Pays basque français. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, l’ETA a tué plus de 850 personnes depuis son premier attentat en juin 1968.

Suite à l’explosion de samedi, le président du Parti populaire (principale formation de l’opposition de droite) Mariano Rajoy a demandé au gouvernement socialiste de «mettre fin à tout contact» avec l’ETA, tant que cette organisation n’aura pas renoncé explicitement à la violence. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid exigeant la démission du Premier ministre Zapatero. La manifestation a été organisée par l’Association des victimes du terrorisme (AVT), avec l’appui de secteurs conservateurs et du maire de la capitale espagnole.



Article publié le 30/12/2006 Dernière mise à jour le 30/12/2006 à 16:20 TU