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Sarkozy dresse son bilan

Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le 11 janvier 2007 à Paris. 

		(Photo: AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le 11 janvier 2007 à Paris.
(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy a présenté, jeudi 11 janvier, les résultats de son action au ministère de l’Intérieur. A trois jours du congrès de l’UMP, l’Union pour un mouvement populaire, au cours duquel il sera sans l’ombre d’un doute investi pour la présidentielle, il a fait son bilan. Nicolas Sarkozy est satisfait de la baisse de la délinquance et de la gestion de la question de l’immigration. A l’écouter, les bases sont jetées, il n’y a plus qu’à poursuivre…

On attendait le bilan du quinquennat de Jacques Chirac, on aura eu celui Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Le président de la République s’est systématiquement projeté dans l’avenir à chacune des cérémonies de vœux auxquelles il a participé depuis le 31 décembre. Et notamment à l’occasion des vœux à la presse qui clôturaient la série 2007. Une manière de montrer qu’il n’a renoncé à rien pour les prochaines élections et que ceux qui spéculent sur sa retraite vont peut-être un peu vite. Le ministre de l’Intérieur n’a pas eu ce genre d’états d’âme. Tout le monde sait qu’il est candidat à la présidence de la République. Il a donc tranquillement fait le point sur l’action menée à un poste qu’il espère bien ne plus occuper dans les prochaines années !

Nicolas Sarkozy s’est déclaré satisfait de la baisse de la délinquance calculée par l’Office national de la délinquance (OND). Il a affirmé : «Les résultats sont là». Il a ajouté : «Tous les engagements pris en 2002 ont été respectés» et «la sécurité a progressé, la peur a reculé». Selon les chiffres annoncés, la délinquance, qui a reculé de 1,3% en 2006, est en baisse depuis quatre années consécutives. Sur la durée du quinquennat, le recul est de 9,44%. Pour valoriser son bilan, Nicolas Sarkozy a pris soin de le comparer avec celui de ses prédécesseurs au ministère de l’Intérieur : «Alors qu’entre 1997 et 2002, la quasi-totalité des départements français étaient confrontés à une hausse de la délinquance, aujourd’hui c’est exactement l’inverse : dans 90 départements, la délinquance baisse depuis 2002».

Hausse des violences «gratuites»

Bien sûr, le phénomène n’est pas uniforme. Si le nombre d’atteintes aux biens a diminué (-3,76% en 2006, -18,14% depuis 2002), on note en revanche une augmentation significative des violences aux personnes (+5,55% en 2006 et +42,94% depuis 2002). Dans cette dernière catégorie, les homicides et tentatives sont en baisse (-25,52% depuis 2002). Mais le nombre de coups et blessures volontaires est en forte augmentation (+31,10% par rapport à 2002). Le ministre de l’Intérieur a reconnu que la hausse des violences «gratuites» contre les personnes constituait «un sujet de préoccupation majeur». Mais il a immédiatement insisté sur le fait que la progression de ce type de délinquance avait tout de même été «enrayée» durant les cinq dernières années (13,9%). Alors qu’entre 1998 et 2002, elle avait explosé (40%).

L’amélioration du taux d’élucidation est un autre sujet de satisfaction pour le ministre de l’Intérieur car elle est significative de «l’efficacité» des services de police et de gendarmerie. Ce chiffre qui représente le pourcentage de faits élucidés par rapport à ceux qui sont constatés, a progressé de 2,01% en 2006. Dans le domaine des violences aux personnes, le point noir du bilan, les élucidations augmentent même de 6,93%. En ce qui concerne la lutte contre l’immigration clandestine, le ministre de l’Intérieur s’est félicité de l’augmentation de 140% depuis 2002 du nombre de reconduites d’étrangers sans papiers à la frontière. En 2006, il a atteint 24 000.

La gauche critique

Nicolas Sarkozy a voulu faire l’évaluation de son action en tant que ministre avant sa désignation officielle comme candidat de l’UMP à la présidentielle, qui doit avoir lieu le 14 janvier. Il a nié avoir voulu concurrencer le président Chirac, qui présentait quelques heures auparavant ses vœux à la presse, en avançant d’une journée sa conférence prévue à l’origine le 12 janvier. Il a affirmé que cette décision avait été prise avec l’accord du chef de l’Etat. Et il s’est engagé à «obéir» à son appel à ne pas privilégier la campagne électorale au détriment de son action gouvernementale. Nicolas Sarkozy n’a pas pour autant donné la date à laquelle il entend quitter la place Beauvau. Il semblerait qu’en tout état de cause, il restera en poste jusqu’à la fin de la session parlementaire, au mois de février. De manière à pouvoir justement faire adopter son projet de loi sur la délinquance.

Le bilan de Nicolas Sarkozy a été critiqué avant même d’être rendu public. Le Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a mis en garde contre tout triomphalisme car, selon lui, ce sont les actes «les plus insupportables», les violences aux personnes, qui sont en hausse. Julien Dray, le porte-parole du Parti socialiste et de la candidate Ségolène Royal, a estimé que «le bilan n’est pas globalement positif, loin de là». Selon lui, la situation s’est dégradée après les émeutes de banlieue en 2005 et les efforts du ministre de l’Intérieur se sont concentrés sur les «centre-villes» pas sur les «ghettos». Daniel Vaillant, ancien ministre socialiste de l’Intérieur, a aussi relativisé les chiffres, en déclarant : «Je ne crois pas que la délinquance ait reculé dans ce pays. Je n’en fais pas reproche à Nicolas Sarkozy, dont le travail est difficile, mais attention à ne pas s’autosatisfaire à la veille d’une élection quand on est ministre de l’Intérieur». A méditer.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/01/2007 Dernière mise à jour le 11/01/2007 à 18:21 TU