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Politique française

Royal-Sarkozy : face-à-face

Le duel entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy commence. 

		(Photos : AFP / Montage : RFI)
Le duel entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy commence.
(Photos : AFP / Montage : RFI)

Le 14 janvier, date à laquelle les résultats du vote des militants de l’UMP, qui a débuté le 2 janvier, seront annoncés, Nicolas Sarkozy sera officiellement le candidat de son mouvement à la présidentielle. Sa principale rivale dans la course à l’Elysée sera de toute évidence Ségolène Royal, qui a été désignée par le Parti socialiste. Candidats annoncés depuis des mois, ils ont tous les deux réussi à conserver l’avantage dans leur camp. Et les sondages continuent à faire d’eux les favoris du scrutin.


La campagne ne se résumera pas à un affrontement Royal-Sarkozy, mais il est indéniable que ces deux candidats y prendront une part importante. Chacun d’entre eux le sait et tente de ne pas céder un pouce de terrain à son (sa) principal(e) adversaire. En ce début d’année 2007, ils ont, par exemple, décidé d’occuper l’espace médiatique en présentant leurs vœux sur Internet.

Les voeux de Ségolène Royal sur internet. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Source : <a href="http://www.desirsdavenir.org/index.php" target="_blank">desirsdavenir.org</a>)
Les voeux de Ségolène Royal sur internet.
(Source : desirsdavenir.org)

Ségolène Royal a diffusé une vidéo sur son site (désirsd’avenir.org). Fidèle à sa stratégie de proximité et de renouvellement, elle a été filmée comme à la maison, en tenue décontractée avec une veste au col de fausse fourrure, assise dans une pièce aux murs blancs ornée simplement de quelques ampoules colorées. Elle a adressé un message familial, doux et serein, aux Français, sans falbalas partisans, ni dorures républicaines.

 

Les voeux de Nicolas Sarkozy sur internet. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Source : <a href="http://www.u-m-p.org/site/index.php" target="_blank">u-m-p.org</a>)
Les voeux de Nicolas Sarkozy sur internet.
(Source : u-m-p.org)

 

Dans la vidéo diffusée par Nicolas Sarkozy sur le site de l’UMP (u-m-p.org), l’univers est radicalement différent : un fond bleu avec comme décoration le sigle de l’UMP en haut à gauche, et c’est tout. Nicolas Sarkozy, en costume et cravate sombres, présente des vœux éminemment politiques. Il s’adresse aux électeurs, il les encourage à le soutenir. Il leur promet la victoire. C’est traditionnel et cela se veut efficace.

 

Prendre l’avantage

Décidément, les deux candidats sont à des années lumières l’un de l’autre en matière de communication, même s’ils utilisent les mêmes outils et se tiennent à la culotte en terme de calendrier médiatique. Ils ont choisi des créneaux complètement différents mais pour le moment, aucun ne semble avoir pris l’avantage. Les sondages persistent à les placer au même niveau de popularité. Ils oscillent tous les deux autour des 30 % d’intentions de vote au premier tour. Ce qui est très élevé à ce moment de la campagne. Lors de l’élection présidentielle de 2002, Lionel Jospin et Jacques Chirac, se situaient à la même période un cran en-dessous dans les enquêtes (entre 22 et 28%).

Le duel engagé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy depuis que les sondages en ont fait les poids lourds du combat présidentiel, va certainement prendre une tournure différente rapidement. On en était jusqu’ici aux prémices. L’objectif était d’obtenir l’investiture de son parti et de ne pas se laisser distancer par le concurrent du mouvement adverse. Désormais, il va falloir marquer des points pour pouvoir être en lice au deuxième tour et tenter de l’emporter au soir du 6 mai 2007. Et cette tâche va être compliquée par la présence d’outsiders dangereux comme Jean-Marie Le Pen (Front national) ou François Bayrou (Union pour la démocratie française).

Le premier, Jean-Marie Le Pen,  qui a réussi à créer la surprise en 2002 en devançant le candidat socialiste Lionel Jospin au premier tour, ambitionne de récidiver, voire de faire mieux. Et les sondages indiquent qu’il est toujours en position de réaliser un score important. Il se situe depuis des mois aux alentours de 10-12% des intentions de vote au premier tour. Le second, François Bayrou, est aussi très stable, un ou deux points en-dessous de Jean-Marie Le Pen en moyenne, et mène une campagne active pour essayer d’aller au bout de son ambition présidentielle.

Dans ce contexte, Royal comme Sarkozy se trouvent dans l’obligation de réussir à rassembler dans leur famille politique prise au sens le plus large possible. Une tâche qui ne va peut-être pas de soi. La candidate socialiste a certes été désignée par 60% des militants de son parti, mais elle s’est opposée à un certain nombre de cadres du PS qui ont vécu son ascension comme une blessure. Même si elle estime qu’aujourd’hui «l’ensemble du parti est derrière elle», elle devra faire taire les résidus d’animosité pour mobiliser tout le monde. Ségolène Royal n’a pas, par ailleurs, le profil pour pouvoir rassembler à la gauche du PS. Elle provoque des réactions épidermiques dans des partis comme la Ligue communiste révolutionnaire ou Lutte ouvrière, qui ont décidé de présenter des candidats à la présidentielle (Olivier Besancenot et Arlette Laguiller). Ce qui peut constituer un handicap pour obtenir une masse critique de votes au premier tour, voire perturber le report des voix au second.

Gagner dans son camp

Si Nicolas Sarkozy est assuré du soutien plein et entier de l’UMP et a reçu récemment l’appui de la plupart de ses cadres (Raffarin, Juppé, Copé…), il est encore menacé par des candidatures hors du parti. Michèle Alliot-Marie qui a une ambition présidentielle affirmée, n’a pas renoncé à l’idée de se présenter face à lui au premier tour, avec ses propres moyens. Mais surtout, le président Chirac n’a pas encore fait part de ses intentions et s’applique à ménager le suspense. S’il décide finalement de se présenter, ce qui paraît tout de même peu probable car il ne semble pas avoir assez d’espace politique pour le faire, il perturberait évidemment la campagne de Nicolas Sarkozy. S’il ne se présente pas, apportera-t-il pour autant son soutien à son ministre de l’Intérieur avec lequel il entretient des relations houleuses depuis que celui-ci a suivi Edouard Balladur qui s’était présenté contre lui en 1995 ?

Nicolas Sarkozy doit aussi trouver le positionnement politique qui lui permettra d’élargir sa base électorale en allant séduire des Français tentés par le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen. La lutte entre les deux hommes risque d’être sans pitié car le leader du Front national, conscient que c’est dans le combat à droite qu’il peut gagner des voix, a fait du président de l’UMP sa cible privilégiée. Même si Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont favoris, rien n’est donc joué.



par Valérie  Gas

Article publié le 02/01/2007 Dernière mise à jour le 02/01/2007 à 16:56 TU