Politique française
L’écologie, c’est maintenant
(photo : AFP)
Il n’y a plus de temps à perdre. Nicolas Hulot est convaincu que le défi de l’environnement doit être relevé maintenant. Sinon, il sera trop tard. C’est pour cette raison qu’il a décidé de poser un ultimatum aux candidats à la présidentielle française. Il leur demande de lui donner des garanties sur leur volonté de mettre la défense de l’environnement et le développement durable au cœur de leur politique. S’il n’est pas convaincu de leur bonne foi, il a décidé de les obliger à réagir en entrant lui-même dans la course à l’Elysée. Et à en croire les sondages, il serait parfaitement crédible aux yeux des Français. Les enquêtes d’opinion montrent qu’il est considéré comme le meilleur candidat pour défendre les idées écologistes (70%), loin devant la représentante des Verts, Dominique Voynet (14%). Elles le créditent aussi de 10 % des intentions de vote au premier tour. Ces résultats indiquent donc qu’il n’est plus seulement l’une des personnalités les plus populaires de France (87% de bonnes opinion) mais l’incarnation d’un combat politique.
Nicolas Hulot ne veut pas y voir quelque chose de personnel mais simplement le signe de l’intérêt de ses concitoyens pour les sujets liés à l’écologie et de leur préoccupation grandissante face à l’avenir de la planète. Il n’empêche que c’est autour de lui que tourne le débat. La décision du président de la République de l’inviter à faire partie du comité d’organisation de la conférence sur l’environnement, dont il avait annoncé la tenue en septembre devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, montre que Nicolas Hulot fait partie des référents sur le sujet.
Chirac a une longueur d’avance
Certes, Jacques Chirac consulte l’animateur depuis longtemps sur les problématiques environnementales dont le président a fait l’un de ses combats dans les arènes internationales. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il l’ait choisi pour apporter sa contribution à la préparation de cet événement.Il est néanmoins évident qu’en demandant aujourd’hui à Nicolas Hulot de rejoindre son comité, le chef de l’Etat ne perd pas de vue la présidentielle. Jacques Chirac, qui n’a pas encore dit s’il allait solliciter un troisième mandat, place de cette manière des pions dans le débat sur l’environnement qui est devenu un véritable enjeu national. Et en obtenant le soutien de Nicolas Hulot qui a déclaré que le chef de l’Etat travaillait «depuis longtemps» sur ces questions et a salué sa proposition de créer une organisation mondiale de l’environnement, le président prend une longueur d’avance sur ses concurrents potentiels.
Ségolène Royal l’a bien senti. Et pour ne pas être en reste, elle a annoncé, le jour même où le président réunissait son comité, sa décision de signer sans attendre le pacte écologique, présenté le 7 novembre dernier par Nicolas Hulot, auquel d’autres candidats ont déjà apporté leur paraphe (François Bayrou, Dominique Voynet). Elle a ainsi trouvé le moyen de ne pas laisser le champ médiatique écologique ouvert à Jacques Chirac, tout en grillant la politesse à son principal concurrent, Nicolas Sarkozy. Le président de l’UMP n’a pas adhéré pour le moment au «pacte écologique». Le fera-t-il lors de l’entrevue qu’il doit lui aussi avoir dans les prochains jours avec Nicolas Hulot ? A voir. Le ministre-candidat qui est conscient de la nécessité d’intégrer l’écologie dans son programme a fait des propositions qui ne recoupent pas exactement celles de l’animateur. Il n’envisage pas, en effet, de créer un poste de vice-Premier ministre chargé de l’environnement et du développement durable. Il désire simplement un super ministère qui regrouperait l’eau, l’énergie, les transports mais pas, pour le moment, l’industrie ou l’agriculture. Et plutôt que la «taxe carbone» proposée par Nicolas Hulot, le président de l’UMP veut mettre en place un «crédit d’impôt écologique» pour encourager les investissements en faveur des équipements non polluants.
Une décision rapidement
Décidément plus l’échéance à laquelle Nicolas Hulot doit annoncer s’il se présente, ou non, à la présidentielle approche, plus les candidats se mobilisent sur l’environnement. Il est vrai que le défenseur de la nature fait tout pour entretenir le suspense et les inciter à aller de l’avant. Il a ainsi engagé la campagne afin d’obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires pour pouvoir être candidat. Au cas où. L’attente ne devrait néanmoins plus être longue pour connaître sa décision car Nicolas Hulot a indiqué qu’il pensait avoir rapidement une idée claire de la position de chacun et qu’il trancherait donc en fin d’année 2006 ou, au plus tard, dans les premiers jours de 2007.
par Valérie Gas
Article publié le 12/12/2006 Dernière mise à jour le 12/12/2006 à 15:38 TU