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Politique française

A gauche-gauche pour la présidentielle

Le 17 novembre 2006, à Montpellier : de gauche à droite (1er rang) : Marie-George Buffet (PC), Jean-Luc Melenchon (PS), Clementine Autain (apparentée communiste). De gauche à droite (2er rang) José Bové (altermondialiste), Yves Salesse (Fondation Copernic), et Patrick Braouzec (PC). 

		(Photo : AFP)
Le 17 novembre 2006, à Montpellier : de gauche à droite (1er rang) : Marie-George Buffet (PC), Jean-Luc Melenchon (PS), Clementine Autain (apparentée communiste). De gauche à droite (2er rang) José Bové (altermondialiste), Yves Salesse (Fondation Copernic), et Patrick Braouzec (PC).
(Photo : AFP)
La gauche antilibérale va essayer de se mettre d’accord sur le nom de son candidat pour la présidentielle à l’occasion de son troisième grand meeting à Saint-Ouen, les 9 et 10 décembre. Marie-George Buffet, la secrétaire nationale du Parti communiste, Clémentine Autain, élue à la mairie de Paris apparentée communiste, Yves Salesse, président de la Fondation Copernic, Patrick Braouzec, député communiste de Seine-Saint-Denis, sont en lice pour représenter la gauche de la gauche. Olivier Besancenot, de la Ligue communiste révolutionnaire, et Arlette Laguiller, de Lutte ouvrière, ont déjà renoncé à s’intégrer à ce mouvement et devraient présenter leur candidature de leur côté.

Marie-George Buffet n’en démord pas. Elle est candidate à la candidature antilibérale. Et elle espère bien obtenir le soutien des collectifs qui forment ce mouvement de la gauche de la gauche. Même si les militants communistes l’ont déjà désignée comme candidate à la présidentielle, elle veut susciter le rassemblement du mouvement antilibéral et, si possible, derrière elle. La secrétaire nationale du Parti communiste s’est donc placée dans le processus de désignation du champion de cette mouvance et estime y avoir sa place. C’est pour cela qu’elle a résisté aux attaques de ses adversaires. Notamment à la pétition, lancée fin novembre, par les membres du Collectif national pour une candidature unique antilibérale, parmi lesquels Clémentine Autain, pour réclamer qu’elle renonce.

Le Parti communiste est accusé d’essayer de noyauter, pour des raisons électorales, la démarche des collectifs en utilisant son implantation locale afin de créer des groupes qui le soutiennent. Il a, en effet, bien du mal à décoller dans les sondages et espère trouver grâce au mouvement antilibéral un ballon d’oxygène. Mais du côté des autres composantes de la gauche de la gauche, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. José Bové, le leader paysan altermondialiste, a même trouvé que la stratégie du Parti communiste aboutissait à «casser la dynamique unitaire». C’est l’une des raisons qui l’ont poussé à jeter l’éponge avant la désignation du candidat à la présidentielle, alors qu’il faisait partie depuis des mois des personnalités phares du mouvement.

Une alliance hétérogène

La difficulté à s’entendre sur les candidatures et le mode de désignation du candidat de la gauche de la gauche -finalement il devrait être choisi suivant la méthode du double consensus entre les militants des collectifs et les partis qui la composent- est révélatrice. Pas facile de mettre d’accord des représentants du Parti communiste, des dissidents de la Ligue communiste révolutionnaire, des écologistes, des syndicalistes, des altermondialistes, des déçus du socialisme, des sympathisants sans affiliation… Même si au départ, tous se sont réunis sur quelques points fondamentaux : le «non» à la Constitution européenne, à la mondialisation, aux délocalisations. D’autant qu’il y a au bout du processus un enjeu très important : la présidentielle, où les antilibéraux pensent pouvoir peser, à condition d’être unis.

Et de ce point de vue, ça n’est pas gagné. Au-delà des luttes internes dans le mouvement, la décision de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et de Lutte ouvrière (LO) de se dissocier des antilibéraux n’a pas joué en faveur du rassemblement. Olivier Besancenot et Arlette Laguiller ont décidé de faire bande à part pour la présidentielle. Pour le candidat de la LCR, cette décision a été motivée par le refus de s’engager dans un processus commun dont il pourrait ressortir finalement une alliance avec le Parti socialiste au deuxième tour. Il l’a dit et redit, la LCR ne donnera pas de consigne de vote. Et elle refuse de se laisser priver de débat présidentiel au prétexte qu’il faut voter «utile» dès le premier tour et donc limiter le nombre des candidatures à gauche. Olivier Besancenot veut avoir la possibilité de confronter ses arguments, notamment avec ceux de la candidate socialiste. Lors d’un meeting à Paris, le 30 novembre, il a été très clair : «Entre Ségolène Royal et moi, ça fait au moins deux gauches».

Le PC tente la conciliation

Le rassemblement des antilibéraux, s’il a finalement lieu, ne sera donc que partiel. Pour autant, les communistes n’y renoncent pas. Ils ont même tenté d’amadouer leurs partenaires des collectifs en faisant, à quelques jours de la réunion de Saint-Ouen, des propositions de conciliation. Marie-George Buffet a proposé d’associer les autres candidats à l’investiture antilibérale dans la campagne électorale, si elle était désignée pour porter l’étendard. Elle s’est engagée à offrir à Clémentine Autain, Yves Salesse, et même à d’autres comme José Bové ou le socialiste Jean-Luc Mélenchon, de participer tout autant qu’elle à la campagne. Concrètement cela veut dire qu’ils bénéficieraient d’une «égalité de présence» aussi bien dans les meetings, sur les affiches, que dans la presse. Mais surtout, elle propose de désigner des candidats aux législatives «à l’image de la diversité» du mouvement. Si ça n’est pas de la bonne volonté…

par Valérie  Gas

Article publié le 07/12/2006 Dernière mise à jour le 07/12/2006 à 15:34 TU