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Politique française

Chirac, un mandat jusqu’au bout

Le président français Jacques Chirac. 

		(Photo : AFP)
Le président français Jacques Chirac.
(Photo : AFP)
A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, Jacques Chirac n’a pas encore décidé de passer au bilan. En présentant les derniers vœux de son quinquennat aux Français, le 31 décembre 2006, il a adopté la position d’un gouvernant encore résolument dans l’action. Le président de la République a appelé ses compatriotes à jouer leur rôle dans la vie politique du pays et s’est engagé à y apporter lui aussi sa contribution. Reste à savoir s’il s’agit de celle d’un chef de l’Etat en exercice jusqu’à la dernière minute de son mandat ou d’un candidat à sa propre succession ? Sur ce point, Jacques Chirac n’a donné aucun élément de réponse.

Je, vous, nous : c’est à ces trois personnes que le chef de l’Etat a conjugué son message de bonne année 2007 aux Français. Jacques Chirac a clairement indiqué que quelle que soit l’imminence des échéances électorales, il lui revient encore de tracer la voie. Pas question pour le président de la République de renoncer à ses prérogatives d’initiateur et de décideur. Il a défini les «enjeux majeurs» pour la France dans l’année qui débute : unité, progrès économique et social, défense de sa place et de ses valeurs sur la scène internationale, relance de l’Europe, environnement. Il n’a donné aucun signe de renoncement. Au contraire, incisif dans le ton et dans le fond, il a affirmé sa volonté de jouer son rôle avec les Français pour construire l’avenir «ensemble».

Dans cette allocution, où chaque mot était évidemment pesé, le président de la République a aussi salué la participation de ses compatriotes aux progrès réalisés : «Grâce à votre talent, grâce à votre travail, la France s’affirme». Une manière de montrer que, si le chef de l’Etat et son gouvernement s’appliquent à mener la politique du pays, l’avenir de la Nation est aussi entre les mains des Français. Notamment parce qu’ils devront désigner au printemps prochain le nouveau président de la République.

Des piques à gauche et à droite

Sans rien dire de ses intentions sur une éventuelle candidature, Jacques Chirac a donné une assurance : il ne sera pas absent des débats électoraux qu’il souhaite «ouverts, démocratiques, responsables». Mais il espère que ses compatriotes prendront aussi leur part et manifesteront «intensément leurs convictions» au moment de faire un «choix décisif». Au «peuple souverain», le chef de l’Etat a dans cette perspective fait quelques mises en garde. Il a dénoncé «les idéologies, les illusions, le retour aux recettes qui ne marchent pas». Des mots qui s’adressent directement à la gauche, et plus précisément aux socialistes, qui ont eu un temps le pouvoir. Il a aussi insisté sur le danger des discours tenus par «les apprentis sorciers de l’extrémisme». Jean-Marie Le Pen, le leader du parti d’extrême-droite (Front national), son adversaire lors du deuxième tour de la présidentielle de 2002, appréciera certainement cette petite phrase qui lui est sans ambiguïté destinée.

On peut aussi voir dans son ode au modèle français - «Nous pouvons être fiers d’être Français. Ne cherchons pas imiter. Soyons nous-mêmes» - une égratignure du discours de rupture teintée d’admiration pour le modèle économique anglo-saxon de Nicolas Sarkozy, son ministre de l’Intérieur mais surtout, le candidat bientôt intronisé par l’UMP pour aller défendre ses couleurs à la présidentielle. L’un défend le modèle français, l’autre veut le réformer. A chacun son créneau, à chacun sa méthode. Face à l’offensive électorale de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ne renonce pas à défendre sa vision de la France.

Avoir le choix jusqu’au bout

En n’évoquant que de quelques mots, certes satisfaits, le bilan de la politique menée depuis cinq ans - baisse du chômage, croissance, réforme des retraites et de la sécurité sociale, avancées sur les grands chantiers comme le cancer, la sécurité routière, les handicapés - le chef de l’Etat a choisi d’insister sur la poursuite des efforts. Il n’y a que quatre mois avant le premier tour de la présidentielle, le 22 avril 2007, mais Jacques Chirac s’est engagé à faire en sorte que le gouvernement les dédient «au travail». Alors que depuis quelques semaines, le problème des sans-logis est revenu au cœur de l’actualité, le président de la République a profité des vœux pour affirmer sa volonté de prendre en compte la situation et de l’améliorer. Il a ainsi promis de «mettre en place un véritable droit au logement opposable, c’est-à-dire faire du droit au logement une réalité». Il n’est donc pas seulement question pour lui de traiter les dossiers en cours mais aussi, si nécessaire, d’engager de nouvelles réformes.

A la croisée des chemins du bilan et de l’avenir, Jacques Chirac a évoqué la problématique écologique. Il s’est flatté d’avoir fait de la France le premier pays à inscrire une Charte de l’Environnement dans sa Constitution et d’avoir obtenu l’organisation d’une conférence internationale sur ce thème au mois de février 2007, à Paris. Mais il a surtout insisté sur l’urgence de la prise en compte de l’enjeu écologique et a incité les Français à mener ce «combat». Là encore, le chef de l’Etat a pris position sur un dossier phare de la campagne présidentielle autour duquel tous les candidats déclarés ont été obligés de s’engager. Qu’il décide, ou non, de solliciter un nouveau mandat, Jacques Chirac aura en tout cas fait en sorte d’avoir le choix jusqu’au bout. 



par Valérie  Gas

Article publié le 01/01/2007 Dernière mise à jour le 01/01/2007 à 15:19 TU