Turquie
Meurtre du journaliste Hrant Dink

(Photo : AFP)
Hrant Dink se savait la cible des cercles nationalistes et détesté d'une certaine droite dure, il avait même reçu des menaces de mort, et pourtant, il n'avait demandé aucune protection de police et continuait avec beaucoup de courage à lutter pour la liberté de pensée et d'expression en Turquie.
Avec d'autres intellectuels, dont Orhan Pamuk, qui a obtenu le prix Nobel de littérature 2006, il se battait pour la suppression de l'article 301 du code pénal qui permet de poursuivre pour atteinte à l'identité turque toute personne qui ose, notamment, parler de génocide arménien, plutôt que de massacre, comme le veut la terminologie officielle.
Cette liberté de pensée lui valut plusieurs procès, des insultes et des menaces, elle lui valut sans doute aussi d'être tué.
Ahmet Insel
Directeur de la revue politique Birikim
«En Turquie, il y a suffisamment de fascistes, de fous, d'assassins qui ont les yeux noircis par la haine de l'autre.»
Cette liberté, il la souhaitait aussi pour ses adversaires. Soucieux de l'ouverture d'un vrai débat pacifique sur la question arménienne, il n'avait pas approuvé la décision des députés français qui ont pénalisé, dans le droit français, la négation du génocide arménien. Hrant Dink s'était dit prêt «à aller en prison en France» pour défendre cette liberté d'expression.
Son combat était difficile, car le «tabou» ne se lève que très lentement en Turquie. Pourtant, il était hors de question pour lui d'abandonner à leur sort ceux qui luttaient pour la démocratie. Son assassinat représente un choc pour tous les démocrates de Turquie.
Ahmet Sever
Président du groupe de communication turc avec l'Union européenne
«C'est un attentat qui nuit à la communauté turque et arménienne. Il compromet aussi les relations avec l'Europe.»
par Dominique de Courcelles
Article publié le 19/01/2007 Dernière mise à jour le 19/01/2007 à 20:08 TU