Réchauffement climatique
L’Australie archi-sèche
(Photo : AFP)
Face à une grave pénurie d’eau et à une sécheresse désastreuse, l’Australie agricole est «déprimée, épuisée, endettée jusqu’au cou, [et] attend la pluie», selon une enquête du quotidien Le Monde qui dresse un piteux état des lieux. Outre attendre qu’il pleuve, que faire alors quand l’eau se fait si rare, que les ruisseaux se tarissent, que les rivières atteignent à peine 10% de leur régime moyen, que les terres se craquellent et deviennent de plus en plus jaunes et rouges, que les feux de forêt se multiplient et que l’eau ne coule plus qu’au goutte à goutte ? Les Australiens explorent les pistes du recyclage des eaux usées et du dessalement de l’eau de mer.
Un groupe français, Véolia Eau -créé il y a plus de 150 ans sous le nom de Générale des Eaux et qui s'est doté, dès 1889, d'un centre de recherche de pointe-, a été retenu pour participer à deux importants projets australiens de lutte contre les effets de la sécheresse, la plus rude jamais enregistrée dans l’Etat du Queensland (sud) –où la démographie est par ailleurs en hausse. Le groupe français a, en effet, été sollicitée pour apporter son expertise et accompagner un projet d’infrastructure de recyclage des eaux usées. Le programme est intitulé Western corridor recycled water (WCRV). Véolia Eau doit intervenir en qualité de conseil pour le développement de l’ensemble des installations et des infrastructures, puis en qualité d’opérateur de ces installations, dans le cadre d’un accord d’exploitation.
«Nous avons juste de quoi survivre»
Spécialiste de la gestion déléguée des services d'eau pour le compte de collectivités locales ou d'entreprises industrielles, Véolia France est aussi l'un des premiers concepteurs et fournisseurs mondiaux d'installations et d'équipements de traitement de l'eau, une activité qui couvre le cycle complet de l'eau. Le deuxième contrat passé avec la France par l’Australie porte sur la conception, la construction et l’exploitation d’une unité de dessalement, en partenariat avec un groupe australien, John Holland Group. Prévue pour une mise en service d’ici la fin de l’année 2008, cette usine devrait atteindre sa pleine capacité de production début 2009. Implantée à Tugun, à l’extrémité méridionale de la ville de Gold Coast (est), l’usine devrait apporter une production moyenne de quelque 125 000 mètres cubes d’eau potable par jour.
Cette sécheresse, la pire que subit l’Australie depuis le début des relevés météorologiques, en 1900, est lourde de conséquences pour l’économie du pays : «Avec notre viande, nos légumes, la vente de brebis et l’aide du gouvernement, nous avons juste de quoi survivre. Il faut rogner sur tout», témoigne pour le journal un exploitant agricole, Clem Hodges, dont la ferme se situe à six heures de route de Sidney (sud-est). Pourtant, les scientifiques ont beau imputer, avec de plus en plus de certitude, l’accélération du thermomètre mondial à l’émission des gaz à effet de serre émis par les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), le gouvernement conservateur de John Howard refuse de participer au protocole de Kyoto (1997), censé lutter contre le réchauffement climatique. L’Australie est également toujours réfractaire à l’introduction de l’énergie nucléaire comme solution alternative.
«Nous avons vu les prédictions des rapports précédents se réaliser»
Or, souligne le chef de l’opposition australienne travailliste, Kim Beazley : «Vous ne pourrez pas résoudre sur le long terme la crise des ressources en eau dans ce pays, sans résoudre celle du réchauffement climatique». Le rapport qui doit être publié par le Giec, vendredi, et qui se présente comme une véritable courroie de transmission entre le monde de la recherche et celui des décideurs, ne contredira certainement pas les sympathisants de Kim Beazley. Hervé Le Treut, directeur d'une unité de recherche française, le Laboratoire de météorologie dynamique, et l’un des quelque mille contributeurs au rapport, insiste : «Nous avons vu les prédictions des rapports précédents se réaliser. Celui-ci va les confirmer et les préciser». Reconnu par les 192 Etats membres de l’Onu, ce rapport, qui a mobilisé les scientifiques depuis plus de deux ans, servira de base scientifique pour les négociations de «l’après Kyoto» (*), en 2012.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est une organisation qui a été mise en place en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et par le Programme des Nations unies pour l’environnement. Il a été créé à la demande du G7, le groupe des sept pays les plus riches -Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada, Italie- dans le but d’expertiser et de synthétiser des travaux de recherche menés dans les laboratoires de climatologie du monde entier. Le président français, Jacques Chirac, a profité de la venue à Paris des experts du monde entier pour organiser, dans la foulée, une conférence internationale sur l’environnement, le 3 février.par Dominique Raizon
Article publié le 29/01/2007 Dernière mise à jour le 29/01/2007 à 17:42 TU
(*) Sur la foi des premiers travaux du Giec, la communauté internationale a élaboré, en 1992, la Convention de l’Onu sur le changement climatique. Puis, en 1997, le Protocole de Kyoto de lutte contre l’effet de serre.