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Baisse du chômage sur fond de polémique

En un an, le taux de chômage est passé de 9,6% à 8,6%. D’ici la fin de l’année 2007, le Premier ministre table sur un taux de 8%, un seuil au-dessous duquel la courbe n’est plus redescendue depuis vingt ans. 

		(Photo : AFP)
En un an, le taux de chômage est passé de 9,6% à 8,6%. D’ici la fin de l’année 2007, le Premier ministre table sur un taux de 8%, un seuil au-dessous duquel la courbe n’est plus redescendue depuis vingt ans.
(Photo : AFP)
La polémique sur les chiffres du chômage se poursuit alors que même que le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, vient d’annoncer la poursuite de la baisse du chômage en décembre dernier. En un an, le taux de chômage en France est passé de 9,6% à 8,6%. De leur côté, la gauche et des associations accusent le gouvernement de «dissimuler» la réalité des chiffres avant l’élection présidentielle.

A moins de trois mois de l’élection présidentielle, le gouvernement estime avoir tenu son objectif de boucler 2006 sur un chômage sous la barre des 9%. Fin décembre, le taux en France s'est établi à 8,6% de la population active, avec un nombre de 3,4 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues. Déjà en juin dernier, le taux de chômage était passé sous la barre des 9%. Il était de 9,1% en mai (contre 10,1% un an plus tôt). D’ici la fin de l’année 2007, le Premier ministre table sur un taux de 8%, un seuil au dessous duquel la courbe n’est plus redescendue depuis vingt ans.

Ces bons chiffres présentés par Jean-Louis Borloo n’ont pas empêché la polémique de se poursuivre. Quelques heures auparavant, lors de sa conférence de presse mensuelle, à Rambouillet, Dominique de Villepin, après avoir vanté les résultats du gouvernement dans la lutte contre le chômage, n’a pas hésité à dénoncer une «polémique aberrante sur les chiffres du chômage».

La décision de l’Institut national des statistiques (Insee) de reporter la publication de son enquête sur l’emploi à l’automne 2007 a, en effet, surpris tout le monde. Une première dans l’histoire de France, le directeur général de l’Unedic (organisme chargé d'indemniser les chômeurs), Jean-Pierre Revoil, a jugé cette décision «regrettable» et «sans précédent» car, selon lui, «c’est l’instrument qui permet de déterminer le chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT)». Un chiffre qui n’est pas déterminé par une source administrative mais par un recensement. Autrement dit, on peut être chômeur au sens du BIT sans être comptabilisé comme demandeur d’emploi en France.

Des chômeurs « radiés», «déboutés»  et «dégoutés»

Officiellement, l’Insee avance des difficultés techniques. Les taux de réponse à son enquête, réalisée auprès de plus de 75 000 Français de plus de 15 ans, ont fortement baissé dans certaines régions comme l’Ile de France. Selon l’Insee, ces non-réponses pourraient être liées à la «difficulté de joindre les personnes pour trouver un rendez-vous». L’organisme a d’ailleurs annoncé qu’il allait renvoyer par voie postale son questionnaire auprès des non-répondants. Mais selon l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné, le chômage au sens où le BIT l’entend serait en fait de 9,2% -soit le chiffre d’avril-mai 2006- à comparer aux 8,6% dont se vante le gouvernement.

Restent les chiffres de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) mais là encore, les associations dénoncent des manipulations. Un collectif s'est ainsi monté sous le titre «Les Autres chiffres du chômage (ACDC)». Il  regroupe des associations (Réseau d'Alerte sur les Inégalités, AC !, MNCP, etc.) et des syndicats (SNU-ANPE, Sud ANPE, CGT Insee) qui estiment à 4,4 millions le nombre de chômeurs au total, soit beaucoup plus de ce qui est annoncé par le gouvernement.

Pour le collectif, sortir des listes ANPE signifie de moins en moins sortir du chômage en raison notamment du durcissement des contrôles. Le taux de sortie des listes de l’ANPE est ainsi passé de 14,5% à 16,8% entre 2004 et 2006. «Sur les 26 000 sorties décomptées en plus chaque mois entre ces deux périodes, seules 4 900 sont dûes à des reprises d’emploi ou des entrées en formation», révèle le collectif. Les autres sorties résultent de radiations ou de non réinscriptions de chômeurs ayant épuisé leurs droits à indemnisation et qui ne voient pas l’intérêt de rester inscrits à l’ANPE. Un des représentants du collectif, Thomas Coutreau, évoque une nouvelle catégories de chômeurs, ignorée par les statistiques: les chômeurs «radiés», «déboutés»  et «dégoutés» par le «renforcement des sanctions».



par Myriam  Berber

Article publié le 30/01/2007 Dernière mise à jour le 30/01/2007 à 16:22 TU