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Irak

Tensions entre la Syrie et l’Irak

Des corps sont étendus sur le sol à l'extérieur de la morgue de l'hôpital al-Yarmuk à Bagdad, le 4 février 2007. 

		(Photo : AFP)
Des corps sont étendus sur le sol à l'extérieur de la morgue de l'hôpital al-Yarmuk à Bagdad, le 4 février 2007.
(Photo : AFP)
Un attentat au camion piégé a fait samedi plus de 130 morts à Bagdad. C’est l’un des plus meurtriers depuis le début de la guerre. Bagdad pointe la responsabilité de Damas. Les relations entre les deux pays sont au plus mal alors que la Syrie a durci les conditions d’entrée sur son sol pour les réfugiés irakiens. Dimanche, de nouvelles explosions dans la capitale irakienne ont tué au moins 15 personnes.

A peine deux semaines après la visite du président Jalal Talabani à Damas, les relations Irak-Syrie sont de nouveau au plus mal. Bagdad dénonce l'hostilité des autorités syriennes vis-à-vis des Irakiens réfugiés en Syrie et accuse ce pays d'abriter les terroristes qui frappent l'Irak.

Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, a déclaré samedi, après cet attentat-suicide au camion piégé qui a fait plus de 130 morts dans un quartier chiite de Bagdad, que la moitié des terroristes qui commettent des attentats en Irak viennent de la Syrie. «Je peux vous assurer que 50% des actes criminels et des attentats sont commis par des Arabes takfiris (extrémistes sunnites) qui viennent de Syrie», a déclaré ce porte-parole officiel, à la télévision publique irakienne. «Nous avons des preuves de ce que l'on avance et nous les avons montrées à nos frères syriens», a-t-il précisé. «Je veux dire à tous les Arabes que ceux qu'ils considèrent comme des moudjahidine viennent de Syrie pour tuer le peuple opprimé de cette façon», a-t-il ajouté.  «Les frères, en Syrie, ont assuré que leur pays ne serait pas (un refuge) pour les meurtriers. Or, les groupes terroristes en Irak reçoivent toutes formes d'aide de gens installés en Syrie», a encore expliqué le porte-parole du gouvernement irakien.

Ces propos ont été démentis par Damas. «Les déclarations d'Ali al-Dabbagh sont contraires à la réalité et visent à tendre les relations syro-irakiennes que Damas souhaite renforcer et développer», a déclaré une source officielle.

L’attentat de samedi a, de plus, rappelé la promesse faite par le Premier ministre Nouri al-Maliki de lancer une offensive à Bagdad pour y ramener la sécurité. «Les gens doivent être patients. Laissez au gouvernement et aux forces de la coalition une chance d’appliquer (le plan de sécurité) à fond. Il faudra un certain temps pour que les renforts irakiens et américains soient déployés», a déclaré le général William Caldwell, dans une conférence de presse dans la capitale irakienne. Le général américain a également expliqué que les forces irakiennes, formées par les Américains, avaient progressé mais que des problèmes subsistaient : «Les forces irakiennes souffrent de faiblesses en matière de commandement et de logistique. Il faudra plus de deux mois pour résoudre ces problèmes», a-t-il expliqué.

La dégradation des relations

Après l’attentat meurtrier de samedi, les responsables irakiens, notamment chiites, ont pointé du doigt la responsabilité de la Syrie. Ces dernières semaines, le gouvernement irakien avait déjà été irrité par une série de mesures prises par Damas et jugées hostiles. La Syrie a en effet imposé des mesures de restrictions concernant le séjour des réfugiés irakiens sur son sol. Vendredi, les autorités irakiennes avaient dénoncé l'attitude «hostile» de la Syrie sur ce dossier. Les vols de la compagnie nationale Iraqi Airways, entre les deux capitales, ont notamment été suspendus. De plus, les autorités syriennes ont réservé un accueil officiel à un chef religieux sunnite, Hareth al-Dari, qui fait pourtant l'objet de poursuites en Irak.  

Jusqu'au début de cette année, les Irakiens pouvaient obtenir des permis de séjour en Syrie de trois mois renouvelables. Mais depuis le 20 janvier, les autorités syriennes ne délivrent plus que des permis de séjour de deux semaines, renouvelables une seule fois. Les Irakiens doivent ensuite repartir chez eux pendant un mois pour avoir l’autorisation de revenir en Syrie pendant deux semaines. En raison des violences notamment confessionnelles, environ deux millions d'Irakiens sont partis à l'étranger, dont au moins 600 000 en Syrie, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).

Les deux «frères ennemis», l'Irak et la Syrie, gouvernés jusqu'à la chute du régime de Saddam Hussein par des branches rivales du parti Baas, ont repris leurs relations diplomatiques le 21 novembre 2006, après une rupture de 26 ans, à l'occasion d'une visite à Bagdad du ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem.



par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 04/02/2007 Dernière mise à jour le 04/02/2007 à 14:36 TU