Liban
Double attentat meurtrier au nord de Beyrouth
(Carte : D. Alpoge/RFI)
Ce mardi matin, il était un peu plus de 9 heures (7 heures en temps universel), lorsque deux bus circulant au nord-est de Beyrouth à Ain Alak dans la montagne chrétienne de la région de Bikfayat ont été frappés par deux explosions, à quelques minutes d’intervalle, un double attentat qui aurait fait au moins trois morts et dix-huit blessés selon la police libanaise. Des bombes placées à bord des véhicules seraient à l’origine de ces déflagrations meurtrières qui frappent le Liban à la veille de la manifestation à laquelle appelle la majorité anti-syrienne pour commémorer l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
Le toit d'un grand bus blanc pouvant transporter 33 passagers est totalement soufflé. Sur la route de montagne, le minibus aussi à le toit arraché. Les blessés sont évacués des gravats par des ambulances, la télévision libanaise a rapidement diffusé des images du double attentat qui vient d’ensanglanter la région de Bikfaya, la ville natale de l'ancien président Amine Gémayel, qui soutient le gouvernement pro-occidental du Premier ministre Fouad Siniora auquel participait son fils, Pierre Gémayel, assassiné en novembre dernier. Selon l’agence de presse Reuters, le ministre de l'Intérieur, Hassan al Sabaa, aurait «laissé entendre que des bombes avaient explosé à bord» des minibus. Mais les autorités libanaises n’avaient pas encore rendu public le résultat de leurs premières investigations et le bilan définitif des victimes restait attendu mardi en milieu de matinée.
Quoi qu’il en soit, ce bain de sang est de nature à raviver la très vive tension qui accompagne le bras de fer entre partisans et adversaires du gouvernement de Fouad Siniora. Il a déjà donné lieu à de durs affrontements dans les rues de Beyrouth en janvier dernier. Et ce mercredi s’annonçe comme une journée de hautes turbulences avec la commémoration de l’assassinat de l’ex-Premier ministre, Rafic Hariri, le 14 février 2005, un meurtre imputé à la Syrie.
Un face à face à haut risque
Lundi, le fils du défunt Premier ministre, Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire anti-syrienne, avait appelé à une réédition dans la capitale de la manifestation de masse qui, le 14 mars 2005, un mois après l’assassinat de son père avait précipité le retrait des troupes syriennes déployée au Liban depuis 29 ans. «Aujourd'hui, le Liban est de nouveau en danger, car le régime des assassins veut rétablir sa tutelle et empêcher la création du tribunal international chargé de poursuivre les meurtriers de Rafic Hariri» avait-il lancé, appelant les anti-syriens «à manifester massivement mercredi car leurs plans pour soumettre le Liban existent toujours, comme le montre la poursuite des assassinats des patriotes Libanais». Le rassemblement prévu au centre de Beyrouth, où se trouve la tombe de l'ex-Premier ministre, doit se tenir face au sit-in maintenu depuis le 1er décembre dernier par l’opposition chiite, le Hezbollah et le mouvement Amal qui entendent renverser le gouvernement Siniora. Un face à face à haut risque que le double attentat de ce mardi menace de durcir.
Article publié le 13/02/2007 Dernière mise à jour le 13/02/2007 à 09:39 TU