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Liban

Une foule immense rend hommage à Rafic Hariri

Une foule nombreuse s’est massée devant la tombe de Rafic Hariri, dans le centre-ville de Beyrouth, pour commémorer le deuxième anniversaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre. 

		(Photo : AFP)
Une foule nombreuse s’est massée devant la tombe de Rafic Hariri, dans le centre-ville de Beyrouth, pour commémorer le deuxième anniversaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre.
(Photo : AFP)
Au lendemain d’un double attentat meurtrier, une foule immense a commémoré, ce mercredi, le deuxième anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri, à l’appel de la coalition anti-syrienne du «14-mars». Les différents orateurs ont violemment attaqué la Syrie et critiqué l’opposition, dont les partisans campaient à quelques dizaines de mètres du lieu du rassemblement.

De notre correspondant à Beyrouth

Une foule nombreuse s’est massée devant la tombe de Rafic Hariri, dans le centre-ville de Beyrouth, pour commémorer le deuxième anniversaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre. Portant des drapeaux libanais, des portraits de Hariri et des bannières de leurs partis politiques respectifs, les sympathisants du gouvernement de Fouad Siniora ont commencé à affluer vers le lieu de la manifestation dès les premières heures de la matinée. Ils ont suivi des trajets définis à l’avance pour éviter les frictions avec les partisans de l’opposition qui observent un sit-in, à quelques dizaines de mètres seulement du rassemblement. Le double attentat contre deux minibus, mardi, qui a fait trois morts et 18 blessés, n’a pas découragé les partisans du «14-mars» à venir nombreux pour rendre hommage à celui qu’ils appellent le «martyr du Liban».

L’armée libanaise, qui avait déployé des milliers de soldats pour prévenir tout incident, avait interdit la circulation automobile dans toutes les artères menant au centre-ville. Les manifestants ont dû parcourir parfois plusieurs kilomètres à pied pour se rendre devant la mosquée al-Amine, une imposante bâtisse en pierre jaune à quatre minarets, où repose la dépouille de l’ancien Premier ministre, assassiné le 14 février 2005 dans un attentat à la camionnette piégée, imputé à la Syrie par la coalition du 14-mars. 

Des barbelés séparent les deux camps

Les manifestants venaient surtout des régions à majorité sunnite du Liban-Nord et de la Békaa-Ouest, et de la montagne druze du Chouf. Le chef chrétien Samir Geagea, membre du mouvement du 14-mars, avait également mobilisé ses partisans. Deux heures avant le début des discours politiques, la «Place des martyrs», rebaptisée «Place de la liberté» depuis les grandes manifestations qui ont poussé l’armée syrienne à se retirer en avril 2005, était noire de monde. Plusieurs rangées de fils barbelés, gardées par des dizaines de soldats libanais juchés sur leurs blindés, séparent les partisans du gouvernement des tentes installées par l’opposition depuis le 1er décembre dernier. Des haut-parleurs déversent des chants patriotiques et des extraits des discours de Rafic Hariri, alors que la foule scande des slogans hostiles à la Syrie et à la gloire de l’ancien Premier ministre.

Des personnalités du «14-mars» se succèdent à la tribune, mais le discours le plus virulent est celui prononcé par Walid Joumblatt. Le chef druze lance un chapelet d’injures contre le président syrien Bachar el-Assad qu’il qualifie de «singe», de «serpent», de «requin», de «monstre», d’«avorton» et de «menteur». «Rien ne nous effraiera, pas même les roquettes», dit-il en allusion à l’arsenal du Hezbollah.

«Nous n’accepterons plus des armes en dehors de celles qui appartiennent aux forces légales», ajoute le chef de file des anti-syriens, avant de conseiller au Hezbollah, sans le nommer, de remettre son arsenal à l’armée libanaise. «Cette année, le tribunal international (chargé de juger les assassins de Rafic Hariri) verra le jour», a juré Walid Joumblatt sous les applaudissements de la foule. La constitution du tribunal fait l’objet de divergences entre le gouvernement et l’opposition, conduite par le Hezbollah et le général chrétien Michel Aoun. Le mouvement du «14-mars» accuse le Hezbollah de s’opposer à la création de cette instance «pour couvrir les assassins», alors que l’opposition craint que cette cour ne soit intrumentalisée par les Etats-Unis.

L’allocution de Samir Geagea n’est pas moins violente. Le chef chrétien déclare que le 14-mars «ne pliera pas et ne se rendra pas». Il ajoute que le gouvernement poursuivra les criminels à travers le monde si besoin est. Sur les armes du Hezbollah, il adopte la même position que Joumblatt. «Seule l'armée libanaise a le droit de posséder un armement», dit-il, avant d’ajouter que le «14-mars» refuse d’accorder le tiers de blocage à l’opposition dans un futur gouvernement d’union nationale.

Saad Hariri modéré

Le député Saad Hariri, fils de l’ancien Premier ministre et chef de la majorité parlementaire, tient un discours nettement plus modéré. Il affirme son attachement au dialogue «avec tous les Libanais» et appelle l’opposition, sans la nommer, «à prendre une décision courageuse dans l’intérêt du Liban». Il souligne cependant que la constitution du tribunal international est «le passage obligé» de tout règlement à la crise qui secoue le pays depuis trois mois.

Après la fin de la manifestation, la foule se disperse dans le calme, sous l’œil curieux des partisans de l’opposition rassemblés devant leurs tentes. Les Libanais respirent. L’hommage à Hariri, qui se déroulait sous haute tension, s’est terminée sans incidents. Mais le contentieux reste entier entre le gouvernement et l’opposition.



par Paul  Khalifeh

Article publié le 14/02/2007 Dernière mise à jour le 14/02/2007 à 14:53 TU

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