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Présidentielle 2007

Elysée : Bayrou s’y voit déjà

Selon le dernier sondage de l’institut d’études BVA, 71% des personnes interrogées se disent favorables à un gouvernement d'union nationale, idée phare du projet du candidat du parti centriste (UDF), François Bayrou. 

		(Photo : AFP)
Selon le dernier sondage de l’institut d’études BVA, 71% des personnes interrogées se disent favorables à un gouvernement d'union nationale, idée phare du projet du candidat du parti centriste (UDF), François Bayrou.
(Photo : AFP)
Le candidat du parti centriste (UDF) a le vent des sondages en poupe. François Bayrou talonne, voire devance, depuis plusieurs semaines, le leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, souvent présenté comme le probable troisième larron de la présidentielle. A tel point que l’hypothèse que ce soit finalement lui qui vienne troubler le duel annoncé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en devient plausible. Une chose est sûre, en tout cas, François Bayrou y croit.

Quand ils sont bons, les sondages ne sont jamais remis en cause. François Bayrou prend donc les frémissements en sa faveur, enregistrés par les enquêtes d’opinion, comme le signe que tous les espoirs lui sont permis. A entendre le candidat de l’UDF, qui s’exprimait dans l’émission «A vous de juger» sur la chaîne de télévision France 2, le 15 février, la présidence est à portée de main. Toujours ambitieux, il ne veut pas analyser le bond réalisé ces dernières semaines, qui l’a porté à des scores autour de 12 à 14 % des intentions de vote, sous le seul prisme de l’outsider potentiel. François Bayrou regarde plus loin que le premier tour. Il regarde jusqu’à l’Elysée. Et quand ont lui demande s’il a une idée d’un Premier ministre potentiel, il ne botte pas en touche comme l’avait fait avant lui Nicolas Sarkozy au prétexte qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Non, François Bayrou répond qu’il a un «portrait-robot» en tête et cite Jacques Delors, qui lui aurait bien convenu «s’il était plus jeune».

Et pour cause, le candidat de l’UDF est convaincu que son discours sur l’union nationale a trouvé un écho chez les Français. C’est, en effet, sa grande idée : il veut, s’il est élu, former un gouvernement à partir des compétences de chacun et non plus en fonction des étiquettes de partis. Ni droite, ni gauche, ni même le centre uniquement, mais tous en même temps. Le dernier sondage réalisé par l’institut BVA, qui a demandé aux Français ce qu’ils pensaient d’un gouvernement mêlant la droite et la gauche, l’a conforté dans l’idée qu’il avait trouvé un bon argument. Cette enquête indique, en effet, que 71% des personnes interrogées y sont favorables, 73 % chez les sympathisants du PS et 69% chez ceux de l’UMP.

Devant ou derrière Le Pen ?

Cette capacité de François Bayrou de sentir que les Français attendent de voir la classe politique manifester plus de sens des responsabilités et moins d’ambitions partisanes, a certainement incité son adversaire de droite, Nicolas Sarkozy, à se positionner sur ce registre. Il a ainsi prôné l’«ouverture» politique, devant les militants qu’il avait réuni le 11 février à la Mutualité à Paris. Une manière de montrer qu’il a, lui aussi, compris que l’intérêt de la France dépasse celui de son parti et de ne pas laisser le centriste seul en lice sur le terrain de l’union nationale.

Du côté du Parti socialiste, la réaction du Premier secrétaire à propos de la montée de François Bayrou dans les sondages est, par ailleurs, révélatrice du danger ressenti à gauche, où le candidat de l’UDF pourrait trouver des ressources électorales. François Hollande a ainsi relativisé sans ménagement la signification des scores actuels du candidat de l’UDF. Il a classé la «bayroumania» du moment sur le compte des engouements médiatiques éphémères et injustifiés : «Bayrou ne peut pas être au niveau où était Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle en 2002». Une manière d'avancer qu’en votant pour lui, on risquait de favoriser encore le leader du Front national. Le moins que l’on puisse dire c’est que François Bayrou n’a pas apprécié et a trouvé dans ces commentaires un argument de plus pour faire valoir que les deux grands partis (PS et UMP) font leur beurre sur son dos et essaient d’agiter l’épouvantail Le Pen afin de mobiliser les électeurs en faveur du vote utile. Celui qui ne s’éparpille pas au premier tour.

Passer de la critique à la proposition

Au-delà des attaques de ses adversaires, François Bayrou doit aussi faire face à des soucis au sein du camp centriste, où tout le monde ne semble pas convaincu par les orientations qu’il a choisies. Il a enregistré ces derniers jours des défections de poids : celles des députés André Santini et Christian Blanc. Tous deux ont préféré rejoindre le candidat Sarkozy. Des ralliements qui sonnent comme des marques de défiance par rapport à la stratégie du candidat UDF. André Santini a ainsi déclaré : «Nous sommes quelques-uns à nous interroger sur l’avenir du centre qui double la gauche par la gauche». 

Et c’est en effet l’une des interrogations concernant la capacité de François Bayrou à transformer l’essai des sondages en un score électoral significatif. A-t-il une force de conviction suffisante pour aller chercher des électeurs au PS, dont la candidate traverse actuellement une période difficile, ou même à l’UMP ? Dans cette problématique, la présentation de son programme (chiffré à environ 20 milliards d’euros), attendue pour le début du mois de mars, sera un moment clef pour le situer face à ses concurrents. Pour le moment, 74% des Français le jugent crédible quand il dénonce la «foire aux promesses» des autres candidats. Qu’en sera-t-il après ? Il semble en tout cas qu’il lui faudra trouver autre chose qu’un positionnement critique sur la manière dont ses adversaires font de la politique pour rester en bonne position dans la course à l’Elysée. Sinon, il court le risque de se retrouver dans la même situation que Jean-Pierre Chevènement en 2002 : haut dans les intentions de vote, bas dans les urnes.

par Valérie  Gas

Article publié le 16/02/2007 Dernière mise à jour le 16/02/2007 à 15:39 TU