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Espagne

Attentats de Madrid : les accusés nient en bloc

A l’issue de la deuxième journée d’audience, le tribunal a déjà entendu les trois organisateurs présumés des attentats du 11 mars 2004, ainsi que l’un des exécutants. Mais les familles des victimes, qui attendent de connaître la vérité sur les raisons du carnage, perdent déjà l’espoir. Les accusés récusent toute responsabilité dans la plus sanglante des actions terroristes qui ait frappé l’Espagne.
Le procès des 29 prévenus des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Les principaux accusés, dont Rabei Ousmane Sayed Ahmed alias «Mohammed l'Egyptien» (centre), nient tout lien avec ces attentats. 

		(Photo : AFP)
Le procès des 29 prévenus des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Les principaux accusés, dont Rabei Ousmane Sayed Ahmed alias «Mohamed l'Egyptien» (centre), nient tout lien avec ces attentats.
(Photo : AFP)

«Mohamed l’Egyptien» avait ouvert la voie jeudi lors de la première audience. «L’Afghan» et «Abou Hamza» lui ont emboîté le pas ce vendredi, calquant leur défense presque mot pour mot sur la sienne. La stratégie est claire : les trois cerveaux présumés des attentats du 11 mars 2004 ont décidé de nier en bloc les accusations.

Plus encore : devant des magistrats et un public stupéfaits, ils dénoncent le terrorisme sous toutes ses formes. «Je condamne les attentats ainsi que tout type de violence», proclame ainsi le Marocain Youssef Belhadj, qui nie au passage être «l’Afghan», porte-parole d’al-Qaïda en Europe ; celui qui était apparu sur une vidéo revendiquant les attentats.

«Je ne connais personne à Madrid», affirme à son tour Hassan el-Haski, son compatriote. Présenté par l’accusation comme l’ancien chef, en Europe, du Groupe islamique combattant marocain (GICM), el-Haski assure qu’il n’a aucun rapport avec cette organisation, et même qu’elle n’existe pas. Le GICM, fondé par des Marocains ayant combattu en Afghanistan, est pourtant tenu pour responsable des attentats de mai 2003 à Casablanca, qui avaient fait 45 victimes.

Ce n'est pas eux

Les explosions de Madrid n’auraient donc pas de cerveaux, et pas plus d’exécutants identifiés. En fin d’audience ce vendredi, le Marocain Jamal Zougam, l’un des poseurs de bombe présumés, a, à son tour, nié toute implication. «C’est impossible que je puisse avoir été là. Je dormais chez moi», a déclaré devant les juges cet homme, qui a été formellement identifié par quatre témoins. Il se serait ensuite rendu à son travail, une boutique de téléphonie. C’est par ce biais que les enquêteurs sont remontés jusqu’à lui. Les explosions ont été déclenchées par des téléphones portables. Certaines des cartes qu’ils contenaient avaient été achetées dans la boutique de Zougam.

Le tribunal n’a pas encore donné la parole aux trois autres accusés principaux, mais il est probable que leur ligne de défense sera la même : la dénégation. Les cerveaux présumés, s’exprimant en arabe, ont par ailleurs refusé de répondre aux questions de l’accusation, ne s’adressant qu’à leurs avocats. Les sept accusés encourent ensemble une peine théorique cumulée de 270 600 années de prison. Un record, pour un procès-fleuve qui devrait s’étaler jusqu’en juillet, avec un verdict attendu au mois d’octobre. Dans quelques semaines, l’Espagne commémorera le troisième anniversaire de ces attentats qui avaient fait 191 morts et plus de 1800 blessés.

par Vincent  Roux

Article publié le 16/02/2007 Dernière mise à jour le 16/02/2007 à 19:12 TU