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Guinée

Difficiles médiations

La Guinée est pratiquement paralysée depuis le 10 janvier, après la proclamation de la grève générale illimitée. 

		(Photo : AFP)
La Guinée est pratiquement paralysée depuis le 10 janvier, après la proclamation de la grève générale illimitée.
(Photo : AFP)
Dix jours après la proclamation de l’état de siège par le président Lansana Conté, les médiations se multiplient pour trouver une solution à la crise que connait ce pays ouest-africain depuis le début de l’année. Des émissaires de la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) sont revenus jeudi à Conakry, pour rencontrer les autorités et les dirigeants syndicaux qui maintiennent le mot d’ordre de grève générale, tandis que le Parlement pourrait proroger, vendredi, l’état de siège. Une mission de bons offices des Nations unies devrait également se rendre en Guinée.

Le président de la Commission de la Cedeao Mohammed Ibn Chambas et l’ancien président nigérian Ibrahima Babangida sont arrivés en fin de matinée dans la capitale guinéenne. Les émissaires ont été reçus par le président Lansana Conté et, suite à cette rencontre, l’ex-président nigérian s’est déclaré «très optimiste» en vue d’une solution «politique» de la crise guinéenne. Les deux émissaires ont aussi eu des contacts avec le Premier ministre Eugène Camara - qui s’est montré «très ouvert, très direct» - et avec des représentants des institutions nationales, des dirigeants religieux et militaires et avec des diplomates africains et européens. Babangida et Chambas avaient effectué une brève mission exploratoire le 17 février dernier à Conakry, où ils avaient pu s’entretenir uniquement avec le président Conté. Mais cette fois ils devraient rester à Conakry jusqu’à samedi prochain, ce qui peut donner une indication de l’importance des préoccupations que la crise guinéenne provoque à l’échelle sous-régionale.

En effet, les Etats voisins craignent que cette crise puisse perdurer et se propager, avec des effets sociaux et économiques, voire politiques, bien négatifs. La Guinée est pratiquement paralysée depuis le 10 janvier, après la proclamation de la grève générale illimitée. Le pays a connu également des vagues de violence qui ont provoqué au moins 113 morts, notamment des civils qui participaient à des manifestations sévèrement réprimées. Cette grève a été reconduite le 12 février, après la décision prise par le président Lansana Conté de nommer Eugène Camara au poste de Premier ministre. Les syndicats et les partis d’opposition affirment que Camara est trop proche du chef de l’Etat et qu’il faudrait trouver une personnalité de consensus pour diriger le cabinet. Des troubles s’en sont ensuivis et le président a décidé ensuite de décréter l’état de siège.

Séance plénière de l’Assemblée vendredi

Le président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, a menacé de proroger l’état de siège. Les députés ont été convoqués pour une session plénière vendredi matin, pouvant ainsi prolonger la durée de l’etat de siège, accompagné d’un couvre-feu et du déploiement des forces armées, dans les principales villes du pays, pour garantir la sécurité publique et limiter les rassemblements.

La situation est devenue un peu plus calme, dernièrement, mais des agressions par des militaires contre la population civile ont été signalées et dénoncées à plusieurs reprises par des organisations humanitaires. Il est peu probable que les syndicats accèdent à la demande des autorités d’interrompre la grève, en échange de la levée de l’état de siège. La crise guinéenne risque ainsi de s’aggraver, au cas où l’Assemblée décide de prolonger les mesures d’exception. 

Les Nations unies également inquiètes       

Le secrétaire général des Nations unies s’est déclaré également inquiet de la situation en Guinée et a promis, mardi, d’y «dépêcher une mission spéciale de bons offices». Ban Ki-moon avait manifesté, le 13 février dernier, sa «grave préoccupation devant la détérioration de la situation politique et sécuritaire en Guinée», déclarant également que les Nations Unies étaient prêtes à «travailler étroitement avec toutes les couches de la société guinéenne et avec les partenaires de la Guinée pour mettre un terme à la crise actuelle et pour rétablir la stabilité durable et le développement». Mais cette mission de l’Onu ne pourra débuter avant la fin de la mission en cours de la Cedeao.  

Le gouvernement français encourage «la poursuite du dialogue entre les syndicats et les autorités de Guinée, pour sortir le pays de la crise actuelle». La France soutient notamment «les efforts de la Cedeao et de l’Union africaine dans la recherche d’une solution». Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a souligné, jeudi, qu’une déstabilisation de la Guinée «pourrait avoir de graves conséquences pour la sécurité de la sous-région », manifestant également l’espoir que «les négociations permettront d’obtenir rapidement des avancées concrètes dans l’intérêt de tous les Guinéens». L’ambassade de France à Conakry «reste mobilisée et continue d’accompagner les départs volontaires des Français qui le souhaitent».



par Antonio  Garcia, Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 22/02/2007 Dernière mise à jour le 22/02/2007 à 17:36 TU