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Cinéma

Fespaco 20e, clap de fin !

Le cinéaste nigérian Newton Aduaka, Etalon d'or au Fespaco pour son film Ezra. 

		(Photo : AFP)
Le cinéaste nigérian Newton Aduaka, Etalon d'or au Fespaco pour son film Ezra.
(Photo : AFP)
Après huit jours de projections, ateliers, débats, la 20e édition du Fespaco s’est refermée sur un palmarès audacieux. Ezra, du Nigérian Newton Aduaka, a été récompensé Etalon d’or.

La 20è édition du Fespaco s’est refermée, samedi 3 mars, sur un palmarès audacieux décerné dans le Stade du 4 août, à l’ambiance surchauffée et très bon enfant. Au moins 20 000 personnes (sur les 35000 places totales) avaient fait le déplacement pour cette cérémonie de clôture, menée tambour battant en deux heures pile : tout a commencé avec un peu de musique – des DJ’s survoltés ont enflammé le stade–, puis quelques discours, beaucoup plus courts que la semaine passée pour l’ouverture du festival, et bien sûr la remises des prix, ponctué de petits feux d’artifices pour les récompenses les plus prestigieuses.

Sur la scène plantée en plein cœur de la pelouse, les différents jurys se sont succédés, le temps de remettre, qui les prix des films de télévision, qui les prix du documentaire, qui les prix du court-métrage…  Jusqu’au jury «officiel» présidé par le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobbhio. Et ce sont finalement 18 films (contre les 20 annoncés au début du festival - deux œuvres ont été déprogrammées car elles étaient sur support numérique et non sur pellicule) qui ont, donc, été passés au crible des 7 jurés.

Loin du consensus, qui a souvent prévalu par le passé, ils ont offert un palmarès audacieux : les films primés sont originaux, impertinents, subtils et jamais ils n’esquivent la complexité des sujets abordés. C’est le cas d’Ezra, du Nigérian Newton Aduaka, Etalon d’or et le cas de Daratt, du Tchadien Mahamat Saleh Haroun, Etalon de bronze, déjà récompensé à la Mostra de Venise.

Ezra nous plonge dans la tête d’un enfant soldat, qui oublie ses crimes pour continuer de vivre. Daratt explore les sentiments contradictoires d’un autre enfant, enfant de la guerre, sur les traces de l’assassin de son père. Deux films où la parole est rare, parce qu’il est des choses trop difficiles à dire… C’est alors le silence qui devient éloquent.

Beaucoup plus bavard, et surtout très iconoclaste, Les Saignantes (Etalon d’argent) du Camerounais Jean-Pierre Bekolo nous content les aventures sexuelles et criminelles de deux jeunes femmes, qui se servent de leur corps comme d’une arme politique. Sans doute le long métrage le plus original de tout festival.

Nouvelles technologies et professionalisme

Barakat, décroche trois prix dont celui Oumarou Ganda de la première œuvre (remis pour la première fois, aussi, à une femme). Le film raconte le périple de deux Algériennes, l’une ayant connu la guerre d’Indépendance, l’autre, la terreur intégriste. Sa réalisatrice, Djamila Sahraoui, aime les discours clairs et sans complaisance. Elle était la seule femme en compétition... Et quand on pense que son long-métrage a failli ne pas arriver (c’est grâce à la Valise Diplomatique que les festivaliers et le jury ont pu le découvrir, trois jours après le début de la manifestation)... on se dit que la vie réserve, décidément, bien des surprises. En eux-mêmes, ses trois prix sont une preuve de plus de l’audace de ce palmarès.

Enfin, il faut retenir qu’à l’applaudimètre, le grand vainqueur ne fut pas Ezra, pourtant Etalon d’or… Mais Il va pleuvoir sur Conakry, premier film du Guinéen Cheik Fantamady Camara, sacré prix RFI du public. Rien d’étonnant, ni à ce prix ni à l’ovation qu’il a suscité : c’est un  film populaire et politique, drôle et dramatique, où l’humour porte des messages forts, mais jamais pesants.

Ce prix RFI du public va maintenant permettre au film d’être dupliqué en DVD pour être projeté dans les différents centres culturels français, et autres lieux de défense des arts.

Palmarès audacieux, donc, pour une édition qui devrait être de transition… En effet, ce qui fut une petite manifestation créé en 1969 par une poignée de passionnés, puis «institutionnalisée» en 1972, doit maintenant prouver qu’il est un festival définitivement entré dans l’ère des nouvelles technologies et du professionnalisme.

par Bérénice Balta  et Valérie Lehoux

Article publié le 04/03/2007 Dernière mise à jour le 04/03/2007 à 10:01 TU