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Israël

Toujours menacé, Olmert obtient un répit

Malmené depuis des mois pour sa conduite de la guerre au Liban, durant l’été 2006, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, se voit accorder un sursis par la Cour suprême. La plus haute juridiction israélienne, avalisant une requête de l’armée, a reporté, mardi, la publication intégrale d’un rapport sur la guerre au Liban, établi par le Contrôleur de l’Etat, qui accablerait le chef du gouvernement et la hiérarchie militaire.

Le Contrôleur de l'Etat, Micha Lindenstrauss. 

		(Photo : AFP)
Le Contrôleur de l'Etat, Micha Lindenstrauss.
(Photo : AFP)

C’est une éclaircie, sans doute passagère, dans le sombre avenir politique que les commentateurs israéliens prêtent à Ehud Olmert. Depuis la guerre menée au Liban, en juillet et août 2006, le Premier ministre israélien et son gouvernement, de même que l’armée, affrontent, outre les critiques de la presse et de l’opinion, une série d’enquêtes et de rapports sur la gestion du conflit. Si Ehud Olmert, également éclaboussé par plusieurs scandales, devait être personnellement mis en cause pour les échecs de l'opération, il pourrait être contraint à se démettre, comme le souhaitent, selon les sondages, la majorité des Israéliens.

Aussi le Premier ministre redoutait-il la publication, prévue ce mardi, d'un rapport mettant en cause la conduite de la guerre par son gouvernement et par l'armée. Selon les informations recueillies par les médias israéliens, ce document souligne les graves défaillances apparues dans les mesures prises pour assurer la protection de la population civile israélienne, alors que s’abattaient, sur le nord du pays, des milliers de roquettes tirées par le Hezbollah chiite libanais, tuant 41 civils israéliens et faisant quelque 2 000 blessés.

Or, le Contrôleur de l'Etat (personnalité élue par les députés pour contrôler le fonctionnement des institutions), Micha Lindenstrauss, qui devait rendre public ce texte devant une commission du Parlement (Knesset), a été contraint, par la Cour suprême israélienne, de reporter sa divulgation. Les militaires, notamment le général Yitzhak Gershon, chargé de la défense civile, avaient saisi la Cour. Ils ont obtenu ce report, affirmant que ce document ne pouvait pas être publié avant que les responsables militaires puissent présenter leur version des faits.

L’enquête avait tourné à l’affrontement politique

En réalité, il s’agit d’un report partiel. Micha Lindenstrauss et les magistrats de la Cour suprême ont établi un compromis aux termes duquel le Contrôleur de l'Etat a, certes, été autorisé à intervenir, mardi matin, devant la commission parlementaire, mais en s’abstenant de désigner personnellement les responsables des déficiences apparues durant les 34 jours de guerre, du 12 juillet au 14 août.

Le Contrôleur n'a pas, non plus, pu évoquer les conclusions de son rapport. Il a dû se contenter de présenter, dans le détail, la manière dont il a mené son enquête, notamment auprès des responsables de l'armée, ainsi que ses démarches auprès d’Ehud Olmert pour obtenir ses explications. Il a affirmé n’avoir pas obtenu satisfaction. «Jusqu'à présent, le Premier ministre n'a pas répondu aux questions qui lui ont été présentées», a-t-il regretté.

Il faut dire que l’enquête avait tourné à l’affrontement politique. Ehud Olmert a refusé de se présenter devant le contrôleur de l'Etat, affirmant vouloir se contenter de répondre par écrit. Jamais, a-t-il fait valoir, un chef de gouvernement israélien ne s’est plié à une telle démarche, laquelle pourrait créer un précédent. Le Contrôleur, de son côté, a accusé Ehud Olmert de chercher à ralentir la procédure. Des proches du Premier ministre, cités par les médias israéliens, ont, par ailleurs, dénoncé la «partialité» de Micha Lindenstrauss, soupçonné de mener une «guerre personnelle» contre le chef du gouvernement.

Olmert plus que jamais en sursis

La censure partielle – et temporaire – du rapport du Contrôleur a été diversement appréciée par la commission parlementaire. Le député Zevulun Orlev, qui la préside, a notamment déploré que l'armée «n'ait pas déployé autant d'énergie à défendre les civils qu'elle n’en a manifesté pour empêcher la publication du rapport».

Pour le moment, aucune date n'a été fixée pour la publication de ce texte de 600 pages dont les conclusions, selon la presse israélienne, mettent sévèrement en cause Ehud Olmert, le ministre de la Défense, Amir Peretz, ainsi que les responsables de la défense passive de l'armée.

Toutefois, le Premier ministre reste, plus que jamais, en sursis. La commission Winograd, composée de juristes, doit rendre, dans les prochaines semaines, les premières conclusions d’une autre enquête officielle, plus vaste car consacrée à l'ensemble des manquements dans la conduite de la guerre au Liban.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 06/03/2007 Dernière mise à jour le 06/03/2007 à 17:12 TU