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Guinée

Il manque des noms devant les postes ministériels

Le Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, a bien du mal à former son gouvernement. 

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, a bien du mal à former son gouvernement.
(Photo : AFP)
C’est sur les ondes de la radio nationale que les Guinéens ont appris le premier acte politique posé par le nouveau Premier ministre, Lansana  Kouyaté. Le président de la République a validé sa proposition de restructuration de l’équipe gouvernementale. Lansana Kouyaté voulait une équipe restreinte. Il l’a obtenue.

Le décret signé par le président Lansana Kouyaté réduit le gouvernement de 27 à 19 membres. Les ministères d’Etat disparaissent avec de nombreux autres départements ministériels. Mais les Guinéens sont restés sur leur soif. L’ossature du gouvernement n’a rien d’extraordinaire. Les ministères de l’Economie, des finances et du plan, des Affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Guinéens de l’étranger et autre ministère de la Pêche et de l’aquaculture sont d’un grand classique qui n’apporte rien de nouveau. L’originalité se trouve plutôt dans le nombre réduit de ces ministères et par la création d’un ministère du Contrôle économique et financier, de l’éthique et de la transparence. 

Le choix de la simplicité est peut-être une vraie orientation prise par Lansana Kouyaté qui revient sur les fondamentaux de la bonne gouvernance : à commencer par la désignation claire des fonctions. Tout le monde a encore en mémoire le fameux «ministère d’Etat aux Affaires présidentielles» qui a autant joué le rôle de Primature que de ministère de la «Répression». Mais la publication du décret présidentiel laisse un goût d’inachevé. Il manque des noms devant les ministères. Le dynamisme et la volonté de rupture avec le passé ne peuvent se mesurer qu’avec des noms. La classe politique guinéenne n’en manque pas, mais «le système Conté a fini par décrédibiliser tous ceux qui l’ont servi sans être forcément mauvais», écrit Sékhou Chérif Fadiga du site internet, Kibaru.com.

Effectivement les noms posent problème. Les syndicats qui étaient à la base du mouvement d’insurrection contre le gouvernement du Président Lansana Conté, n’entendent pas se laisser distancer par une classe politique qui sent son heure sonner et s’agite pour être aux premières loges. Certains partis politiques, regroupés autour du Rassemblement du peuple guinéen (RPG), tentent de constituer une alliance qui pèsera dans le choix des grandes orientations politiques du futur gouvernement. Cette coalition, qui regroupe une dizaine de petits partis autour du RPG, multiplie les réunions afin de déterminer une stratégie commune d’action. Pour ces partis, «aller vers de nouvelles consultations» reste la première des priorités. Pour y parvenir, ils exigent une Commission électorale nationale indépendante pour la gestion des futures consultations et la révision du code électoral. «Le futur gouvernement doit être une équipe de transition qui conduise à de nouvelles élections», précise Ditinn Diallo, du Parti de l’unité et du développement (PUD) et porte-parle de l’alliance nouvelle.

Les voix discordantes

Quatre principaux leaders politiques ne se retrouvent pas dans cette coalition. Il s’agit de l’Union des forces démocratiques de Guinée (l’UFDG) de Mamadou Bâ, de l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, de l’Union pour le progrès et le renouveau (UPR) d’Ousmane Bah et de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) de Jean-Marie Doré. Ces principaux partis de l’opposition reprochent au RPG d’Alpha Condé de s’allier avec des groupuscules qui ne sont que des satellites du parti du président, le Parti de l’unité et du progrès (PUP). «Je ne sais pas ce que recherche le RPG en faisant de telles alliances, mais pour nous, l’essentiel est que le Premier ministre compose un gouvernement dans lequel nous sentons une réelle volonté de changement», nous a confié Sidya Touré de l’UFR et ancien Premier ministre lui-même.

Les partis politiques de l’opposition ne mènent donc pas une action commune même si tous souhaitent la fin du régime du président Lansana Conté. Dans cette querelle, les syndicalistes, initiateurs du mouvement de contestation observent et menacent, en sourdine pour l’instant, de revenir sur le devant de la scène. L’échec des partis politiques pourrait les conduire à politiser leurs mouvements. Tout cet imbroglio complique davantage le choix des hommes que devra bientôt communiquer le Premier ministre. Pour se mettre à l’abri de tout reproche de lenteur, il  a choisi une ligne de communication originale. Il informe les citoyens des actes qu’il pose. Ainsi, a-t-il fait remarquer la semaine dernière le moment où il déposait sa proposition de restructuration du gouvernement auprès du président de la République. Le décret signé n’a été rendu public qu’une semaine plus tard. Au total, la publication officielle du nombre de ministères aura pris deux semaines. La publication des noms des ministres n’empruntera peut-être pas les mêmes voies.       



par Didier  Samson

Article publié le 15/03/2007 Dernière mise à jour le 15/03/2007 à 19:00 TU