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République démocratique du Congo

Les ex-rebelles ont du mal à rentrer dans les rangs

Le 15 mars était la date butoir pour que les milices personnelles des anciens chefs de guerre et anciens vice-présidents de la transition rendent les armes. Rien n’en a été. Les soldats de Jean-Pierre Bemba et d’Azarias Ruberwa sont restés sur leurs positions, pendant que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et des unités de la Mission de l’Onu en RDC (Monuc) se déployaient autour de leurs résidences.

Les véhicules légers blindés de la Monuc et les soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo ont pris position le 15 mars autour des résidences de Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa à Kinshasa. 

		(Photo : AFP)
Les véhicules légers blindés de la Monuc et les soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo ont pris position le 15 mars autour des résidences de Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa à Kinshasa.
(Photo : AFP)

L’intégration des anciennes milices dans l’armée régulière congolaise est un processus prévu par les accords qui ont régi la transition politique au Congo. Mais les belles intentions des uns et des autres ne résistent pas toujours à l’épreuve du terrain. La perspective de tomber dans l’anonymat n’enchante pas ces hommes en armes, plus miliciens que militaires. L’ordre républicain et la soumission à une autorité morale ne conviennent pas à leur vision des choses. Ils ont l’impression de perdre leur raison d’être et rejettent les nouveaux costumes qu’on leur propose. Le processus de «brassage» avec les unités régulières est en cours et des modules de formation sont déjà programmés.

Mais face au peu d’enthousiasme manifesté par les miliciens de rejoindre les rangs de l’armée régulière, le ministère congolais de la Défense avait décidé de donner un coup de fouet au processus. Il n’avait pas l’intention d’organiser des séances de rattrapage. Et, pour inciter Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa à se séparer de leur garde pléthorique, l’état-major a prétexté de la date butoir du 15 mars pour envoyer l’armée régulière prendre position autour des résidences des anciens chefs de guerre. Les soldats des FARDC (Firces armées de la RDC) étaient censés constituer la nouvelle garde en remplacement des miliciens. Il faut rappeler que les accords avaient prévu le remplacement des miliciens, «gardes-du-corps», par des policiers. Mais la relève ne s’est pas faite. Bien au contraire. Les ex-rebelles ont pris ce déploiement de l’armée régulière pour de la provocation et se sont barricadés. Ils avaient aussi face à eux des véhicules légers blindés de la Monuc.

Réflexes de maquisards

Alerte générale, tenues de combats, tête cernée de bandeau rouge, les réflexes de maquisards ont ressurgi et on a frôlé la confrontation à Kinshasa. La tension était réelle au point d’alimenter des rumeurs folles d’attaques imminentes des uns contre les autres. Certaines boutiques sont restées fermées et les rues qui bordent les résidences de Bemba et de Ruberwa sont restées désertes. Pour l’instant, l’apaisement est prôné de part et d’autre. Tout le monde a en mémoire les affrontements qui ont émaillé l’élection présidentielle et qui ont fait plusieurs dizaines de morts.

Jean-Pierre Bemba préfère que ses «hommes à lui» assurent sa protection, lui qui aurait échappé, ces derniers mois, à plusieurs tentatives d’assassinat. Quant à Azarias Ruberwa, il souhaite que ses hommes ne soient pas dispersés un peu partout dans des unités de l’armée nationale, mais qu’ils soient plutôt regroupés en un même lieu. Les desiderata de chacun pourraient conduire à de nouvelles négociations sur le processus d’intégration des ex-rebelles dans l’armée nationale congolaise.

C’est dans cette ambiance tendue que la nouvelle Assemblée nationale a ouvert, le 15 mars, sa première session ordinaire en présence du président de l’Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzuba  Ndama et du vice-président de l’Assemblée d’Angola, Joao Lorençio. La nouvelle Assemblée nationale congolaise, présidée par Vital Kamerhe, clôturera sa session le 15 juin prochain. «Pour faire face à ces  foyers d’insécurité, il incombe au gouvernement de poursuivre les efforts déjà déployés notamment dans l’intégration de l’armée que nous voulons républicaine et forte», a précisé Vital Kamerhe, qui faisait allusion aux exactions d’éléments incontrôlés dans l’est du pays, mais également à ce qui se passe à Kinshasa.



par Didier  Samson

Article publié le 16/03/2007 Dernière mise à jour le 16/03/2007 à 17:19 TU