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République démocratique du Congo

Un gouvernement pléthorique

Autour d'Antoine Gizenga, des proches du président Kabila détiennent les postes clés de ce cabinet.  

		(Photo: AFP)
Autour d'Antoine Gizenga, des proches du président Kabila détiennent les postes clés de ce cabinet.
(Photo: AFP)
La télévision nationale de Kinshasa a annoncé, lundi soir, la composition du premier cabinet de la IIIème République. Comme prévu, l’Alliance pour la majorité présidentielle du président Joseph Kabila détient les postes les plus importants de ce gouvernement dirigé par le lumumbiste Antoine Gizenga, le doyen des hommes politiques de la RDC.

Le gouvernement de la RDC est une grande coalition, avec 6 ministres d’Etat, 34 ministres et 20 vice-ministres. Neuf femmes font partie de ce cabinet. Vu le grand nombre de ministres qui ont été nommés, le quotidien kinois le Potentiel s’est permis de souligner dans son édition de mardi que «la particularité de cette équipe gouvernementale est qu’elle est éléphantesque».  

La formation de ce gouvernement était très attendue, depuis la nomination du Premier ministre Antoine Gizenga (81 ans), le 30 décembre dernier. Mais, comme prévu, ce sont des proches du président Joseph Kabila (35 ans) qui détiennent les postes clés de ce cabinet, notamment ceux de la Défense, de l’Intérieur et de la Reconstruction.

Des hommes de confiance à l’Intérieur et à la Défense

Le général Denis Kalume Numbi continue à assumer le portefeuille de l’Intérieur. Il était connu pour avoir dirigé les opérations musclées de maintien de l’ordre lors des troubles violents qui se sont produits, notamment au mois d’août, après le premier tour de l’élection présidentielle du 30 juillet.  Le général a également géré la récente intervention des forces de sécurité contre les partisans du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, intervention qui a provoqué plus d’une centaine de morts.

Le portefeuille de la Défense a été également attribué à une personnalité proche du président de la RDC : Chikez Diemu, qui fut le premier secrétaire général du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et le développement) et vice-gouverneur de la province du Katanga. Certains observateurs affirment que son profil ne correspond pas tout à fait au poste et que la Défense restera ainsi sous l’influence directe de la présidence de la République.

Pierre Lumbi, qui a monté la machine de guerre électorale du président, le MSR, devient le nouveau ministre de la Reconstruction. Lambert Mende, qui a initié l’Alliance pour la majorité présidentielle, est devenu le titulaire des Hydrocarbures.

Récompenses pour les mobutistes

Le président Joseph Kabila a également voulu récompenser plusieurs personnalités qui, au second tour de l’élection présidentielle, avaient appelé à voter pour lui. C’est le cas, notamment, de Nzanga Mobutu, fils de l’ancien dictateur, qui devient ministre d’Etat chargé de l’Agriculture et le numéro deux dans l’ordre protocolaire du gouvernement. Le Développement rural va à l’ex-mobutiste Mwendo Simba. Le parti de Forces du renouveau est aussi représenté dans ce gouvernement. Ainsi, les Affaires étrangères ont été confiées à l’ex-rebelle Antipas Mbusa Nyamwisi et le Plan à Olivier Kamitatu.

Les observateurs soulignent également que le Palu (Parti lumumbiste unifié) du Premier ministre Antoine Gizenga a dû se contenter de quatre portefeuilles, dont ceux des Mines et de la Justice. Ce parti refusait la cohabitation avec des mobutistes et avec des personnalités citées dans les rapports de l’Onu concernant, notamment, le pillage des ressources naturelles. Les Mines sont ainsi sous la responsabilité Martin Kabwelulu. La RDC détient des réserves considérables de métaux stratégiques, comme le cobalt, le cuivre, l’uranium et l’or. La Justice revient à Georges Minsay et le Budget à Adolphe Muzito, n°2 du parti d’Antoine Gizenga qui dispose, également, d’un ministre rattaché au bureau du chef du gouvernement.  

Les bailleurs attentifs

La presse de Kinshasa souligne également que ce gouvernement est surtout formé de personnalités originaires de la partie orientale du pays, où se trouve le fief du président. La formation de ce cabinet vient clore la période de transition entamée en 2003, après une guerre civile qui a duré près de cinq ans, provoquant près de trois millions de victimes (directes et indirectes). Ce conflit était devenu une véritable guerre continentale.

Les bailleurs de fonds internationaux se sont déclarés prêts à appuyer le nouveau gouvernement de la RDC, à la condition que d’importants efforts soient faits pour instaurer la bonne gouvernance et lutter contre la pauvreté. La RDC est le sixième pays le plus corrompu de la planète, selon les indices établis par Transparency International. Près des trois quarts de la population congolaise, évaluée à 60 millions d’habitants, vivent avec moins d’un dollar par jour.  



par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 06/02/2007 Dernière mise à jour le 06/02/2007 à 17:47 TU